Dans la vie, il faut apprendre à tamiser !
A la fin de la paracha précédente, la Tora énumère toutes les ramifications familiales d’Essav. En quelques versets, toute la généalogie d’Essav et de ses divers installations au Moyen Orient est retracé. Par contre, les sections suivantes (Vayéchev, Mikets, Vayigach et Vaye’hi) traitent des tribulations des fils de Ya’akov et en particulier de Yossef. Pourquoi deux poids, deux mesures ?
Les Sages (commentaires rapportés dans le premier Rachi de la paracha) donnent une allégorie pour expliquer le phénomène. Cela ressemble aux chercheurs de pierres précieuses des temps anciens. Ils viennent avec leur grand tamis dans les lits des rivières et soulèvent patiemment des mottes de cailloux et commencent leur travail de tamisage. Tout le sable s’écoule entre les fins trous, les mauvaises pierres sont jetées à l’eau il ne reste qu’une petite poignée de jolies pierres qui seront examinées attentivement. Pareillement la Tora est très succincte pour décrire toute la généalogie d’Essav alors que vis-à-vis de Ya’akov elle s’allonge considérablement.
Cela nous apprend une chose : le monde n’est pas actionné par les célébrités et stars (showbiz, monde des affaires et de la culture etc.) mais c’est la famille de Ya’akov (et ses descendants) qui est en tête d’affiche (dans le Ciel) grâce à la Tora. Ce sont eux qui font l’histoire du monde. Car finalement, Hachem n’a aucune satisfaction de supporter toutes les populations qui n’ont aucun souci d’être dans la droiture et la bonté (voir ce qui se passe actuellement au Moyen-Orient, en Ukraine et Russie et ce qui s’est passé il y a 80 ans en Europe éclairée…). Or la famille de Ya’akov sait que la vraie réussite dépend de la Emouna en Hachem et la Tora. Seulement toutes ses grandes choses spirituelles ne s’acquièrent qu’après beaucoup d’abnégation et de courage, comme on va le voir.
Ya’akov a 12 fils parmi lesquels Yossef. Ce dernier est le fils aimé de Ra’hel pour laquelle il a travaillé chez Lavan. Ya’akov a aimé Ra’hel et après sa mort (elle décédera après l’enfantement de Benyamin) il aima particulièrement Yossef qui lui rappelle sa mère. De plus il était particulièrement doué (Ben-Zouknim, voir Rachi 37,3). Seulement les autres frères n’acceptent pas ces privilèges. De plus, Yossef avait un regard particulièrement sévère vis-à-vis des fils de Léa (voir les développements des années précédentes de votre feuillet préféré). Les deux choses étant, les frères choisirent de vendre Yossef en tant qu’esclave à une caravane de gens du désert. Au final il atterrit en Egypte et devient l’esclave attitré de Putiphar, le cuisinier en chef de son excellence le roi Pharaon. Yossef avait alors 17 ans et se retrouve majordome dans la maison de son maitre. Les versets le montrent : Tout ce que Yossef faisait était béni du Ciel. Au point que Putiphar laisse le soin à son esclave de tout gérer. Cette bénédiction était due au fait que Yossef avait le Nom de Hachem dans sa bouche. A chaque fois qu’il avait une chose à faire il disait « Avec l’aide de Hachem », « Si D’ le veut » etc. C’était un grand ‘Hidouch pour cette contrée si éloignée de la foi en un D’ unique. Un peu comme si de nos jours un Ba’hour Yechiva se trouve, lo ‘alénou, au fin fond de la Thaïlande a travaillé d’arrachepied chez un péquenaud du coin afin de payer son billet-retour vers la Terre promise…
Le Ktav Soffer (fils du Hatham Sofer / rapporté par le Rav Elimelech Biderman Chlita) pose une question : comment Hachem a pu s’associer à Yossef (car Il lui a donné Sa bénédiction), or il est marqué que la présence Divine ne réside que chez l’homme joyeux (voir Chabbath 30). Or Joseph avait tout pour ne pas être heureux !
Et le rav explique que lorsque le Talmud dit que Hachem est proche des gens qui sont dans la joie, il s’agit d’une joie qui provient de la foi en Lui. La confiance en D’ amène à ne pas faiblir même lorsque les épreuves sont très fortes et que l’avenir est obscure. Donc mêmes si Yossef vivait de grandes souffrances (l’éloignement de sa famille et sa vente par ses frères), au plus profond de sa détresse Hachem résidait dans son cœur car Yossef avait un très haut niveau de foi. Il savait que toute l’obscurité de sa situation provenait de Hachem qui allait lui éclairer la route à suivre. Car le croyant sait que la dureté de l’épreuve a un temps et que la lumière doit poindre car Hachem et la racine de tout bien. Yossef a compris que ses difficultés proviennent de D’, donc son cœur n’a pas sombré sous le poids de la tristesse. Il savait que Hachem le guiderait dans tous les méandres inextricables de sa situation.
Cette force de la Emouna, on la retrouve beaucoup plus tard lors de la période helléniste en Israël. La situation était, elle aussi, désespérée puisque les Grecs (et les sympathisants gauchistes en Erets qui avaient alors la majorité…) tenaient le haut du pavé et surtout interdisaient formellement toute pratique juive et l’étude de la Tora. Ce n’est que grâce à la Emouna d’une poignée de Cohanim (les fils de rabbi Yo’hanan Cohen Gadol) qui se sont lancés dans une guérilla contre les forces ennemies que, par un grand miracle, ils les vaincront. C’est la preuve que la Emouna est plus forte que les murailles les plus épaisses et les plus grandes armées, car c’est Hachem Qui donne la victoire finale à ceux qui Le craignent.
Et je crois que c’est aussi ce qui se déroule de nos jours en Terre sainte. On voit de grandes hégémonies (la Syrie d’Assad, yima’h chémo vezikhro, et on espère d’autres) qui s’écroulent devant une rébellion interne. Béni soit Hachem ! C’est un ennemi juré d’Israël qui s’évanouit dans les poubelles très sales de l’histoire. C’est la preuve que Hachem est avec son peuple de Tsion et qu’Il nous soutient envers et contre tous, grâce à la pratique de la Tora et de son étude.
Rav David Gold
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