15 novembre 2024

Premier Jour – Avraham

Avraham et la fête de Soukot

L’opportunité de recevoir les Oushpizine, chaque jour de Soukot, représente un cadeau exceptionnel d’Hakadoche Baroukh Hou, à la condition que nous réussissions à le percevoir et à le ressentir.

Ce cadeau a été offert aux Bneï Israël par le mérite d’Avraham Avinou, comme nous l’explique le Chem mi Chemouël :

Dans le Midrach Béréchit Raba il est écrit qu’Hachem a promis à Avraham qu’il serait récompensé pour avoir dit aux trois anges qui lui avaient rendu visite « … et reposez vous sous cet arbre. » (Béréchit 18, 4) La récompense promise par Hachem fut la suivante :

« Dans les Soukot vous habiterez sept jours… » (Vayikra 23, 42).

En quoi la mitsva de la Souka représente-t-elle une récompense ? En effet, la Souka est déjà une mitsva en soi ! Dans la mesure où une Mitsva est un commandement Divin, comment considérer qu’un devoir peut avoir la valeur d’un cadeau ?

Expliquons cela grâce aux propos du Zohar Hakadoche, qui montre que le verset « Dans les soukot vous habiterez sept jours… » (Vayikra 23, 42) fait référence aux Oushpizine venant nous rendre visite dans nos Soukot.

C’est cette visite qui représente la récompense.

Le Midrach nous enseigne que le début du verset « Dans les soukot vous habiterez sept jours… » (Vayikra 23, 42) se rapporte aux Oushpizine, et la fin du verset « … tout citoyen en Israël habitera dans les Soukot » (Vayikra 23, 42) se rapporte à nous et à notre devoir de vivre dans la Souka.

Comme nous l’avons souligné plus haut, Hachem envoie les Oushpizine Kadichim (Les invités saints) dans notre Souka par le mérite d’Avraham Avinou.

La raison en est qu’il œuvra toute sa vie pour ramener les hommes sous les ailes de la Chékhina. Représentant de l’hospitalité dans ce monde, il pouvait et savait allier le service d’Hachem et le ‘Hessed envers les hommes. Il s’occupait d’individus de tous les niveaux, des plus sages aux plus simples. Avraham Avinou était totalement dénué d’orgueil. Ainsi, toutes ses actions étaient-elles dirigées vers Le Créateur.

C’est pour cette raison qu’Hachem offrit à ses descendants le cadeau inestimable des Oushpizine.

Puisqu’Avraham Avinou fit entrer des étrangers sous sa tente, avec pour objectif de les rapprocher de l’arbre de vie et de les élever plus haut, les Oushpizine viennent eux-mêmes d’en haut, pour élever chaque Ben Israël vers les plus hauts sommets de la Chékhina.

Le mérite de la Brit Mila

Quel lien peut-il y avoir entre Avraham et la fête de Soukot ?
L’auteur du « Barekh Moché » nous le dévoile de la plus belle des façons…

Dans la Torah, (Beréchit 18, 1), il est écrit : « Hachem lui apparut dans les plaines de Mamré, et il était assis à l’entrée de la tente, par la chaleur du jour. »

Rachi nous explique qu’Hachem s’est dévoilé à Avraham dans les plaines de Mamré, car Mamré l’avait conseillé à propos de la Brit Mila.

Rachi puise sa source dans le Midrach Tan’houma Parachat Vayéra, dans lequel apparaît le récit suivant :

Avraham avait trois amis : Anère, Echkol et Mamré.

Après qu’Hachem ait ordonné à Avraham de se circoncire, ce dernier alla demander conseil à ses trois amis.

Avraham se rendit tout d’abord chez Anère et lui expliqua l’ordonnance d’Hachem, puis il lui demanda conseil sur la façon d’agir. Anère lui répondit ainsi : “Souhaites-tu donc t’handicaper ? Les proches des rois que tu as tués peuvent surgir à tout moment pour t’assassiner et ton état ne te permettra pas de fuir !”

Insatisfait du conseil, Avraham se rendit auprès d’Echkol. De la même façon, il lui expliqua l’ordonnance d’Hachem et lui demanda conseil sur ce qu’il devait faire. Echkol lui répondit :

“Tu es déjà âgé, si tu te circoncis, tu perdras beaucoup de sang, tu ne le supporteras pas et tu en mourras.”

Insatisfait là encore de cette réponse, il se rendit enfin auprès de Mamré. Celui-ci, très étonné de la demande d’Avraham lui répondit :

“ Comment moi, pourrais-je te conseiller à propos d’une telle ordonnance ? Cet ordre vient de Celui qui t’a sauvé de la fournaise ardente. C’est également Lui qui a fait tant de miracles pour toi lors des guerres que tu as menées contre les rois, et dont tu es sorti victorieux. Tu n’a donc qu’à agir selon Son ordonnance !”

Hachem dit à Mamré :

« Tu lui as donné le conseil de se circoncire, ainsi Je me dévoilerai à lui dans ton territoire. »

Sur ces mots du Midrach, les Tossefot posent la question suivante : “ Comment est-il possible qu’un homme tel qu’Avraham, qui par la force de sa Emouna et de son Bita’hone avait pu se mesurer et surmonter toutes les épreuves qu’Hachem lui avait envoyées, demande conseil à des amis pour l’accomplissement de la Mitsva de Brit Mila, alors qu’il en avait reçu l’ordre Divin !? “

Par ailleurs, comment Anère et Echkol ont-ils pu répondre de la sorte, alors qu’ils avaient aussi été témoins des miracles qu’Hachem avait accomplis pour Avraham ? Comment pouvaient-ils s’inquiéter pour la sécurité ou la santé d’Avraham si celui-ci exécutait l’ordre Divin ?

Le ‘Hatam Sofer écrit dans ses Drachot (Chabbat Chouva 29a). Pourquoi la fête de Soukot, qui a été instaurée en souvenir des Nuées de Gloire, se déroule-t-elle en Tichri, alors que les Nuées de Gloire étaient présentes toute l’année dans le désert, et cela pendant les quarante ans que les Bneï Israël s’y trouvèrent ?

Pourquoi par ailleurs, ne pas fêter le souvenir du puits de Myriam et de la Manne, qui étaient eux aussi des miracles dévoilés ? Pourquoi ne rappeler que le souvenir des Nuées de Gloire ?

La joie de la fête de Soukot tient son origine dans le pardon accordé par Hachem aux Bneï Israël à l’issue de Yom Kippour.

La preuve que les Bneï Israël ont été pardonnés de la faute du Veau d’or est le retour des Nuées de Gloire dans leur camp.

En effet, lors de la faute du Veau d’Or, les Nuées de Gloire avaient disparu du camp d’Israël. Mais après Yom Kippour, les Bneï Israël furent pardonnés. Moché descendit le lendemain du mont Sinaï et demanda aux Bneï Israël d’apporter des offrandes d’or, de cuivre… Ces offrandes, qui seront utilisées pour la construction du Michkan, serviront d’expiation à la faute du Veau d’Or. Tout le peuple s’agita pendant quatre jours, afin d’apporter ce qu’il avait de plus cher. C’est alors que les Nuées de Gloire réapparurent. Une grande joie régna ce jour-là dans le camp d’Israël, car ce fut le signe que leur faute avait été expiée.

C’est donc le 15 Tichri que les Nuées de Gloire se réinstallèrent dans le camp et que les Bneï Israël retournèrent dans leurs Soukot.

Il est écrit dans les Pirkei de Rabbi Eliezer qu’Avraham fut circoncis le jour de Yom Kippour. En effet, chaque année, Hakadoche Baroukh Hou voit le sang de la Mila d’Avraham Avinou et pardonne les fautes de ses enfants lors de Kippour.

Le pardon qu’Hachem nous accorde le jour de Kippour pour la faute du Veau d’Or, revient donc entièrement au mérite du sang de la Mila d’Avraham Avinou !

Un pardon qui occasionna, ne l’oublions pas, le retour des Nuées de Gloire, autrement dit de la Souka, dans la joie la plus intense !

Revenons maintenant à notre première question : comment Avraham a-t-il pu demander conseil à ses amis au sujet de la Brit Mila ?

La vraie question d’Avraham n’était pas de savoir s’il devait ou non faire la Mila, il ne remettait absolument pas en cause l’ordre d’Hachem, il voulait en fait obtenir un conseil sur le moment le plus adapté pour l’accomplir. Avraham Avinou ne savait pas s’il devait accomplir la mitsva de la Brit Mila le jour de Kippour, jour difficile à cause du jeûne qui l’affaiblirait, ou le lendemain, jour plus propice, afin d’être moins exposé au danger.

C’est sur ce point précis qu’Anère et Echkol ont répondu. Selon eux, il valait mieux reporter l’accomplissement de cette mitsva au lendemain afin de diminuer les risques.

Mamré, quant à lui, grâce au conseil plein de Emouna et de Bita’hon qu’il lui donna, eut le mérite de voir son nom sanctifié et ses plaines choisies pour le dévoilement d’Hachem à Avraham.

Avraham écouta le bon conseil. C’est donc à l’âge de quatre-vingt-dix-neuf ans, le jour de Kippour, jour de jeûne et de Téfila, qu’il accomplit lui même sa Mila !

C’est en l’honneur de ce dévouement sans limites que chaque année, de génération en génération, nos fautes sont pardonnées ; ce sont grâce à ces gouttes de sang que la faute du Veau d’Or a pu être expiée et que les Nuées de Gloire sont revenues dans le camp des Bneï Israël.

En toute sécurité

Comme nous le savons et comme le monde nous le rappelle sans cesse s’il nous arrivait de l’oublier, le peuple juif est différent. Ce n’est pas du racisme, ni de l’orgueil, c’est la réalité !

Nous sommes le peuple élu, nous sommes les Bneï Israël, les enfants de D.ieu !

La fête de soukot souligne cette différence.

En effet, en général un homme se sent plus en sécurité lorsqu’il est dans sa demeure que lorsqu’il est à l’extérieur. Sa maison le met à l’abri du froid et des intempéries, ainsi que des bêtes ou des brigands. Mais hors de ces limites, l’homme est alors beaucoup moins confiant et se sent plus exposé aux dangers.

Quant à nous, Bneï Israël, tout au long de l’année, nous savons que la sécurité ne vient pas de nos maisons, car tout est entre les mains d’Hakadoche Baroukh Hou et ce n’est que Lui qui veille sur nous.

C’est d’ailleurs ce que signifient les trois lettres inscrites à l’extérieur de nos Mezouzot : ש – ד – י- Chomer Dlatot Israël – Gardien des portes d’Israël.

Mais le plus étonnant dans cette attitude qui fait notre spécificité, c’est notre engouement à l’arrivée de la fête de Soukot.

En effet, nous quittons alors nos maisons, nos biens et nos meubles, pour rejoindre une Souka parfois étroite et toujours moins confortable. Nous n’avons plus de murs de briques ou de béton, mais des murs de toile ou de bois, pour les Soukot les plus luxueuses.

Le toit n’est constitué que de branchages, de guirlandes, de papiers et de luminaires colorés. Les bêtes et les insectes sont nos nouveaux voisins, si ce n’est parfois nos colocataires…

Et pourtant, c’est dans un élan d’amour, d’un cœur rempli de joie et de confiance totale envers Hachem, que chaque année, nous quittons nos maisons pour nous installer dans une Souka pendant sept jours !

Afin de mieux comprendre cet étrange phénomène, nos Sages font la comparaison suivante :

On annonce aux habitants de la ville Ploni, qu’un grand criminel récidiviste vient de s’échapper de la prison locale. Imaginant cet homme rôdant dans les alentours, les habitants ne se sentent pas en sécurité malgré leurs portes barricadées et verrouillées. Qui sait s’il ne forcera pas les serrures ou n’essaiera pas de passer par la fenêtre?

Mais voici que les habitants entendent le cortège royal qui s’approche de chez eux. Le Roi en personne les convoque.

Ils quittent aussitôt leurs maisons pour aller à la rencontre du Roi, avec un sentiment de totale sécurité.

Ces habitants, ce sont les Bneï Israël et le Roi, c’est Hakadoche Baroukh Hou ; l’entourage du Roi, ce sont les sept fidèles bergers, les Oushpizine : Avraham, Yts’hak, Yaakov, Moché, Aaron, Yossef, David ; la convocation écrite du Roi, c’est la Torah, qui nous invite à quitter nos demeures pour séjourner, pendant sept jours, dans la Souka, sous la protection de l’Éternel !

Tout cela afin que nous réalisions, lors de notre entrée dans la Souka, que le seul espoir pour Israël, c’est de s’en remettre à la protection de son Roi…

à droite ou à gauche

Nos Sages nous enseignent que le bouquet des quatre espèces végétales que nous prenons lors de la fête de Soukot, est à l’image des différents « types » de Juifs :

Le étrogue, doté d’un bon parfum et d’un bon goût, représente le Sage, le Talmid ‘Hakham, l’élite du peuple, riche de savoir, de sagesse et de Mitsvot.

Le loulav, qui est une branche de palmier, est sans parfum, mais porteur de fruits que sont les dattes.

Il représente les Juifs qui ont des connaissances en Torah, mais n’ont pas de bonnes actions.

Le hadass (myrte), doté d’un parfum mais privé de fruits comestibles, représente les personnes qui ont des bonnes actions mais ne possèdent pas de connaissance en Torah.

La arava (saule), dépourvue de fruit et de parfum, représente ceux qui n’ont ni connaissance, ni zèle pour l’accomplissement des Mitsvot.

Le Rav Yéhouda Tsadka Zatsal, dans son livre “Kol Yéhouda”, rapporte une question citée dans la Guémara Souka 37b : Raba pose la question suivante :

« Comment se fait-il qu’on dispose le loulav à droite et le étrogue à gauche ? En effet, d’un côté il y a trois Mitsvot et de l’autre une seule mitsva ! »

Rav Tsadka développe et étoffe la question de la Guémara.

« Comment se fait-il que le étrogue, qui représente le Sage Talmid ‘Hakham, l’élite du peuple, se trouve à gauche, alors que d’après son rang il aurait dû se trouver à droite !

Le Loulav, le Hadass et la Arava représentent ensemble trois mitsvot, c’est pour cela qu’ils sont placés à droite, alors que le étrogue est seul, malgré sa haute stature spirituelle et sa sagesse. »

Rav Tsadka nous enseigne ici que l’allusion faite par la Guémara signifie que le Sage le plus parfait, qui rassemble toutes les plus belles qualités, s’il n’entraîne pas avec lui les Juifs qui ressemblent au Hadass ou à la Arava, autrement dit, s’il ne partage pas son étude, et ne la diffuse pas au travers de cours…, n’aura jamais préséance sur le Loulav, qui est certes plus petit spirituellement, mais attire les autres.

Kohélet

« Ce qui est courbé ne peut être redressé. » (1, 15)

Tant qu’un homme est dans ce monde ici-bas, il peut grâce à la Téchouva, reconstruire ce qu’il a détruit, car ses fautes sont effacées par le pardon attribué.

Mais une fois parvenu dans le monde futur « Ce qui est courbé ne peut être redressé ».

Tels que nous sommes une fois arrivés là-bas avec nos fautes, ainsi nous resterons à jamais. Il n’y a plus aucune possibilité de se rattraper. Avec nos bagages lourds ou légers, nous subirons pour l’Éternité.

Comme l’explique le Rambam Hilkhot Téchouva (3, 3), après la mort, notre compteur de Mitsvot s’arrêtera et nous serons jugés sur le chiffre qui y figurera.

Essayons d’expliquer cette notion par la parabole suivante :

Deux complices de nombreux vols, crimes et autre, meurent. L’un des deux, reçu parmi les méchants, chercha son ami dans tous les coins du Guehinome persuadé de le retrouver logé à la même enseigne que lui. Ne le trouvant point il regarda en direction des Justes et le trouva, jouissant de la lumière Céleste.

Il protesta et proclama que son jugement avait été faussé.

On lui répondit cependant que son ami avait eu assez d’intelligence pour se repentir avant de mourir. Il rétorqua que lui aussi, à présent, souhaitait faire Téchouva !

Mais on lui expliqua que c’était impossible : le monde ici-bas est considéré comme une préparation au monde futur, comme erev Chabbat (veille de Chabbat). Comme il est dit dans la Guémara Avoda Zara 3a : « Celui qui s’est donné de la peine erev Chabbat mangera durant le Chabbat. »

Si nous ne préparons rien, nous n’aurons rien !

C’est pour cela que nos Sages nous enseignent dans les Pirkei Avot : « Fais Téchouva un jour avant ta mort… » A ce sujet, la Guémara Chabbat 153a rapporte le récit suivant :

Les élèves de Rabbi Eli’ézer lui demandèrent : « Est-ce qu’un homme sait quand viendra son heure de mourir ? » Justement leur répondit-il, « fais Téchouva aujourd’hui de peur que demain tu ne meures… » Ainsi, tous tes jours auront été vécus dans la Téchouva.

Il est écrit « Qu’à tout moment, tes vêtements soient blancs et que l’huile ne cesse de parfumer ta tête » Kohélet (9, 8). Rabénou Yona (Chaarei Tchouva 2, 15) nous enseigne que la blancheur des vêtements fait allusion à la pureté de l’âme repentie et l’huile, aux bonnes actions et à la bonne réputation.

Le Midrach Kohélet (9, 6), compare cela à la femme d’un marin qui chaque jour se parait et se maquillait alors que son mari était en mer. Ses voisines lui demandèrent « Ton mari n’est-il pas en mer ? Pourquoi te pares-tu ainsi ? » Elle leur répondit «  Mon mari est marin ; un vent se lèvera peut-être et le ramènera rapidement, c’est alors que je serai déjà prête à le recevoir. »

Rabénou Yona poursuit : « Un homme doit trouver chaque jour de nouvelles Mitsvot à accomplir, de peur que n’arrive son tour de disparaître et que son manque de Mitsvot ne lui fasse défaut. » Le Midrach Kohélet (3, 24) dit : « Si un homme accomplit une Mitsva peu avant sa mort, on considérera qu’il a accompli toute la Torah et qu’il ne lui manquait que cette Mitsva. Par contre, celui qui commet une avéra peu avant sa mort, sera considéré comme ayant négligé toute la Torah…

« Ce qui est courbé ne peut être redressé », toute personne sensée ne devra avoir aucune certitude dans ce monde quant au lendemain. Penser à ce concept en permanence nous assurera d’échapper au péché et de nous réserver la meilleure des places dans le monde futur.