1 avril 2025

Après Pourim, place au véritable ménage de Pessa’h !

À peine Pourim terminé, chacun s’affaire avec empressement aux préparatifs de Pessa’h. Le grand nettoyage commence, traquant la moindre miette de ‘hamets. Mais au-delà du ménage matériel, c’est un ménage intérieur qu’il convient d’entreprendre. Et c’est précisément de Pourim que nous tirons une précieuse leçon sur la nature de cette purification.

Cette année, Baroukh Hachem, une réflexion m’est venue à l’esprit concernant l’attitude contrastée de Mordekhaï et de Haman face aux événements.

Au début de la Méguila, la situation des Juifs semble prospère. Le roi leur accorde un honneur insigne en les conviant à un somptueux festin dans les jardins du palais royal. Une opportunité inespérée de nouer des relations, d’obtenir des faveurs, de se rapprocher du pouvoir. Mordekhaï, pourtant, perçoit immédiatement le danger. Il met en garde le peuple contre cette soudaine proximité avec l’autorité perse et exhorte chacun à la prudence. Mais son avertissement reste lettre morte : les Juifs de l’époque, éblouis par tant d’égards, s’empressent de participer, savourant ce qu’ils perçoivent comme un privilège.

Un peu plus loin, au second chapitre, Esther, l’épouse de Mordekhaï, est enlevée et amenée au palais. Curieusement, Mordekhaï ne manifeste pas d’angoisse particulière. Il ne cherche pas à résister à ce qui semble être une épreuve redoutable. Il accepte la situation avec une foi inébranlable, comprenant que tout ce qui advient est orchestré par la Providence divine. À ce stade, nul danger ne se profile à l’horizon : nous sommes encore neuf ans avant la montée en puissance de Haman et la promulgation de son décret funeste.

À l’opposé, Haman, issu d’un milieu modeste et sans ascendance royale, connaît une ascension fulgurante. Lorsqu’il devient premier ministre, il se délecte de son pouvoir, sans la moindre inquiétude. Tout lui réussit. Pourtant, lorsqu’un seul homme, Mordekhaï, refuse de plier le genou devant lui, il est incapable de le supporter. Cet affront, aussi infime soit-il, le consume de l’intérieur. Son bonheur est terni, son esprit rongé. Ce qui, pour d’autres, semblerait anecdotique devient pour lui une obsession insurmontable.

Même lorsque l’on pourrait s’attendre à ce qu’il prenne du recul – par exemple, lorsqu’il est convié à un banquet intime en présence du roi et de la reine – il ne s’interroge pas, ne perçoit pas le moindre signe d’alerte, et savoure ce moment avec une insouciance aveugle.

Deux visions opposées de la vie

Mordekhaï s’inquiète d’un bienfait inhabituel et fait preuve d’une confiance absolue face aux épreuves.
Haman, quant à lui, accepte sans réserve les faveurs exceptionnelles, mais ne tolère aucune contrariété.

Et nous, où nous situons-nous ?

Lorsqu’un bonheur inattendu nous frappe – un succès fulgurant, un gain financier inespéré, un enfant doté de capacités hors du commun – nous le vivons pleinement, sans nous interroger sur la raison de cette générosité divine. En revanche, face à une difficulté, nous nous alarmons aussitôt : “Pourquoi moi ? Qu’ai-je fait pour mériter cela ?”

Pourtant, la véritable question devrait être posée dans l’autre sens : “Qu’ai-je fait pour mériter toutes ces bontés ?”
C’est précisément ce que Yaakov Avinou exprime lorsqu’il dit : “קָטֹנְתִּי מִכֹּל הַֽחֲסָדִים” – “Je suis trop petit pour tous les bienfaits que Tu m’as accordés.”

Le vrai ménage de Pessa’h commence en nous

Le premier ménage de Pessa’h, avant même de s’attaquer aux miettes de pain, est celui de notre cœur et de notre esprit. Il s’agit d’éliminer cette mentalité “hammanique”, cette illusion selon laquelle tout nous est dû. Une telle approche ne peut mener qu’à la frustration et à l’ingratitude. Pire encore, elle nous empêche de nous remettre en question et freine notre progression dans notre avodat Hachem.

Vivre avec reconnaissance et humilité, apprendre à s’interroger sur les bienfaits que nous recevons et à accueillir les épreuves avec foi : voilà le véritable travail spirituel de Pessa’h.

Puissions-nous nous inspirer de Mordekhaï, cultiver une confiance authentique en Hachem et avancer avec sagesse et gratitude.

Hag Pessa’h Kasher Vesaméa’h !