« Israël remarqua les enfants de Yossef, et il dit: “Qui sont ceux-là?” » (Beréchit 48-8)
Pendant la seconde guerre mondiale, les Allemands conquirent une grande partie du Maroc. La ville de Boudniv où notre Maître Baba Salé zatsal était Rav, était connue pour sa prison fortifiée dans laquelle étaient emprisonnés les suzerains locaux détrônés. Parmi eux, il y avait le pacha connu du nom de Al-Rhaj Tahami El Guilawi. Ses détenteurs le torturèrent et l’humilièrent jusqu’au jour où il devait être jugé et exécuté. Le jour du jugement arriva. Ses détenteurs le firent courir dans toutes les rues de la ville enchaîné et accompagné de policiers. Quand ils passèrent par le quartier juif, le pacha aperçut Baba Salé sortant de chez lui. Il s’arrêta et demanda: “Sage juif, as-tu des enfants?” Les policiers qui l’accompagnaient s’arrêtèrent pour écouter la conversation entre le pacha, considéré comme un dangereux prisonnier menaçant la sécurité du pays, et le Rav. Notre Maître se rendit compte de la situation et se mit à trembler. Qui sait s’ils n’allaient pas l’accuser de pactiser avec l’ennemi…sans parler de la politique des Allemands envers les Juifs à cette époque… Cependant, ce suzerain avait été bon envers les Juifs; il se pouvait qu’il règne de nouveau un jour; et il demandait à présent de s’entretenir avec le Rav. Baba Salé décida s’en remettre entièrement à Dieu et répondit: “Oui, j’ai un fils unique”. “Comment s’appelle-t-il?” demanda le pacha. “Méir”, répondit notre Maître. “Bénis-le”, ordonna le pacha. Notre Maître murmura rapidement une bénédiction dans l’atmosphère tendue qui régnait. “Ce n’est pas ainsi que l’on bénit son fils!”, déclara le pacha; “Bénis-le du plus profond de ton cœur!” Notre Maître formula sa bénédiction avec plus d’intensité et le pacha lui chuchota dans l’oreille: “Ajoute également mon nom dans ta bénédiction afin que ton Dieu tout-puissant me sauve de mes détenteurs”.
Baba Salé ajouta le nom du pacha dans sa bénédiction et quand il eut terminé, les policiers emmenèrent le pacha devant le tribunal. A la surprise générale, le pacha fut déclaré innocent et fut libéré. Sa première destination fut la maison de Baba Salé. Il se présenta devant notre Maître et lui dit: “Je suis convaincu que c’est par le mérite de ta bénédiction que j’ai été libéré. Ce n’est pas le moment de s’attarder à présent. Je te prie de bien vouloir te souvenir de ceci: quand la guerre sera terminée, viens dans mon palais à Marrakech ou à Fez”. A la fin de la guerre, Baba Salé se rendit dans le palais d’été du pacha à Fez. Après avoir échangé quelques politesses, la conversation tourna autour du sujet du jugement. Notre Maître dit au pacha: “Une chose échappe à ma compréhension; que vous me demandiez de vous bénir, d’accord, mais pourquoi bénir aussi mon propre fils avant?” “Vraiment, tu ne comprends pas?” s’étonna le pacha. “Une bénédiction est efficace quand elle sort du plus profond du cœur. En effet, la bénédiction d’un père pour son fils est forcément prononcée avec la plus profonde sincérité! Je savais que si tu ajoutais mon nom à cette bénédiction, je profiterais également de sa force. La preuve en est que j’ai été libéré immédiatement, et la chance m’a souri. A présent que je te dois la vie, que désires-tu que je t’accorde?” Notre Maître Baba Salé répondit: “Je souhaite que tu prennes toujours position en faveur de mes frères juifs contre tous ceux qui les oppressent”. Le pacha promit et respecta cette requête.
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