Notre paracha marque les débuts de l’exil en terre d’Egypte. En effet, dans cette section notre saint patriarche –Ya’akov- finira ses jours au pays du sphinx et sera enterré en Terre sainte. Au retour de l’enterrement, ses fils reviendront en Egypte et quelques décennies plus tard commencera l’esclavage des enfants d’Israël. On peut voir ce même phénomène dans la manière dont est écrite cette paracha dans les rouleaux de la Tora. En effet, si vous ouvrez les parchemins, vous verrez qu’il n’existe pas de paragraphe qui marque le début d’un nouveau passage. Il n’y a aucun espace ou saut de ligne pour marquer le début du récit. Dans le langage des scribes (Soferim) la paracha s’appelle : « Stouma/ fermée ». Cela montre le commencement d’une page obscure de l’histoire juive : l’exil.
Seulement il existe un Midrach intéressant. Pour le comprendre je suis obligé de faire un petit flash-back sur la section ‘Vayéchev’ qui relate la vente de Yossef. Là-bas, on a appris que les fils de Ya’akov jetteront leur frère dans un puits profond, puis ils le vendront à une caravane de Yichmaélite. Après sa vente, le verset enseigne que Reouven, un des frères, est venu pour récupérer Yossef du fond du puits et il verra qu’il n’y s’y trouvait plus. Le trou était vide – entre temps Yossef avait été vendu en tant qu’esclave. Reouven prendra de la silice, de la poussière qu’il mettra sur sa tête –en marque de deuil- puis il déchirera son vêtement et se lamentera sur le sort de son plus jeune frère. On voit de cet épisode que dans cette fratrie, les avis étaient divergeants quant à la voie à suivre. Cependant, il existe un autre Midrach (Beréchit Rabba 91.10) qui enseigne : « Lorsque Reouven prit le deuil de son frère, au même moment, Hachem disait à ses anges : « Reouven prend le deuil, Ya’akov pleure son fils disparu mais ils ne savent pas que dans ces mêmes instants Moi Je prépare la grande délivrance du peuple juif … » C’est-à-dire que les Sages nous apprennent qu’au moment où c’est le plus noir, D’ prépare la délivrance pour la communauté. En effet, la constitution du peuple juif passe par l’esclavage en Egypte. Dans le même esprit, le Ramhal (auteur du fameux Messilat Yecharim) enseigne un autre ‘Hidouch (Da’ath Tevouna ch. 5) : « Toutes les grandeurs d’un homme doivent d’abord passer par une phase d’obscurité et de souffrances… » C’est-à-dire que la lumière ne vient que si au départ l’homme goûte à la difficulté. En d’autres termes, l’homme ne pourra accéder à sa délivrance personnelle que s’il y a épreuves… Cela nous apprendra à ne pas baisser les bras lorsque tout ne tourne pas rond du genre…’Mon Chalom Bait est à revoir… L’éducation de Mickael qui vient de faire ses 14 ans est à redéfinir au plus vite, etc…’.
Cependant cette semaine le feuillet de « Autour de la Table du Chabbath’ posera une question au sujet de la paracha. On le sait, les fils de Ya’akov sont de très grands Tsadikim et c’est seulement après avoir établi un jugement qu’ ils condamnèrent Ya’akov à la peine capitale, dont la raison était qu’il avait le statut de délateur, et c’est seulement dans un 2° temps qu’il sera vendu esclave. Donc en quoi le fait que Yossef devienne le vice-roi d’Égypte fera changer le jugement qu’ils avaient fait en connaissance de cause vingt ans auparavant ? Comme on le sait : la loi c’est la loi ! Par exemple, à l’époque du Temple de Jérusalem si un homme avait commis une grosse faute comme un adultère il était passible de la peine capitale. Or, pour que la société exerce cette peine il fallait qu’il passe devant un tribunal de 23 juges. S’il était déclaré coupable, même s’il faisait une Techouva sincère, sa punition n’était pas abolie pour autant. Donc pourquoi les fils de Ya’akov avaient un problème par rapport à un jugement établi ? La réponse que j’apporte c’est celle du Sforno. Lorsqu’ils demandèrent le pardon vis-à-vis de Yossef, ce n’était pas par rapport sa vente en tant qu’esclave, mais parce qu’ils n’avaient pas agi avec assez de miséricorde lorsque leur jeune frère les avait implorés. C’est-à-dire que la vente était juste seulement les frères auraient dû –par exemple- l’exiler dans un pays moins sauvage que l’Égypte du Pharaon car ce pays étant connu par son haut degré d’immoralité.
Qu’est-ce que vous en dites de faire (ou de mieux faire) une Mitsva?
Dans notre paracha on parle de la fin de Ya’akov. Qui plus est, avant de rendre son âme, il appela ses enfants et fera le Chema’ Israël… Notre histoire véridique nous apprendra que les Mitsvoth gardent tout leur impact jusqu’à nos jours… Cette histoire s’est déroulée il y a une douzaine d’années en arrière sous le ciel clément de la Terre sainte. Il s’agit d’un homme –s’appelant David… rassurez-vous, ce n’est pas moi…- qui habitait la ville de Re’hovoth dans le centre du pays. Or, il avait l’intention d’agrandir son appartement à cause de son étroitesse car sa famille grandissait. Comme vous les savez, en Erets il existe des possibilités de faire des travaux d’agrandissements, seulement on s’en doute bien il faut avoir l’accord du voisinage. Donc notre David commencera à faire le tour de tous les propriétaires de l’immeuble pour obtenir leur accord. La première des personnes vers laquelle il s’est adressé était son plus proche voisin de palier, un vieux monsieur qui était loin de toute pratique juive… David frappa à la porte, c’est son voisin Tsa’hi, diminutif de Yits’hak qui lui ouvrit la porte. David demanda s’il pouvait lui parler tranquillement dans son salon, ce dernier accepta volontiers. Ils s’acièrent à table et David parla avec beaucoup de tact, car l’accord de ce voisin était primordial pour mener à bien son projet, et en final il lui sortit tout le plan des travaux qu’il s’apprêtait à faire. Tsa’hi regarda de près le plan, tandis que David attendait avec beaucoup d’impatience la réponse du vieil homme. Tsa’hi dira :’Si c’est pour la Mitsva, alors je suis partant pour ton projet. » David lui expliqua que c’était pour améliorer l’habitat de sa famille et en particulier de ses enfants. Tsahi dira : « Pour la Mitsva je suis d’accord ! » David était heureux, Béni soit Hachem, son proche voisin lui avait donné son accord. Il le remercia vivement et s’apprêtait à sortir quand il lui demanda : « Tsa’hi, je ne te connais pas comme un grand religieux ni comme un homme qui pratique la Tora . Donc qu’est-ce qui te pousse à donner ton accord et dire que tu le fais pour la Mitsva ? Tsahi devint pensif et lui répondit : « Tu sais, dans ma jeunesse je suis né en Hongrie avant la première guerre mondiale. Ma famille était très religieuse et j’étais au Talmud Tora de notre ville. Seulement très vite après la guerre de 14/18 on s’est installé en Bulgarie. Or ce pays avait un niveau de pratique juive très bas… Puis est arrivé la 2° guerre mondiale avec son cortège d’horreurs. J’ai perdu dans la tourmente toute ma famille dans les camps de concentrations. Après la guerre je suis monté en Erets et je ne pratiquais plus rien. Seulement une seule chose m’était restée de toute cette période : c’est que la Mitsva c’est important ! C’est pourquoi j’accepte pour la Mitsva. Je m’apprêtais à partir lorsque je lui dis : ‘Si c’est important, alors pourquoi tu ne commenceras pas à faire une autre Mitsva ?’ Le vieil homme était pensif. Puis je réfléchis un instant et je lui soumettais : « Tu sais il existe une Mitsva qui est fondamentale dans le judaïsme. C’est la lecture du Chema’ Israël le matin et le soir ! Dans le Chema’ on marque l’amour que l’on porte à l’Éternel… et qu’un Juif est prêt à donner son âme à D’… » Le vieil homme restait pensif et me raccompagna à la porte… J’étais content d’avoir obtenu son accord mais j’étais encore plus content d’avoir suscité chez lui l’engouement pour cette Mitsva.
Je ne savais pas jusqu’où cela pouvait aller mais deux semaines plus tard on frappera à ma porte cinq minutes avant 6 heures du matin ! J’ouvris la porte et je vis ma voisine la femme de Tsa’hi en pleurs… Elle me dit dans ses sanglots que son mari est décédé cette nuit même dans un hôpital du pays… J’étais tout interloqué, cela faisait juste quelques jours que j’avais vu Tsa’hi qui était alors en pleine forme, fort comme un bœuf ! Je lui demandais avec beaucoup d’émotion qu’est-ce qui s’était passé ? Elle reprit un peu ses esprits et elle me dit : « Après ta visite d’il y a deux semaines mon mari a voulu se coucher. Cependant il a tenu à faire le Chema’ –comme ce que tu lui avais suggérer de faire. Or il s’est passé une chose sortant de l’ordinaire. Lorsqu’il commença à dire le Chema’, sa voix changea et se remplit d’émotion. Puis il éclata en grands sanglots… Cette nuit je le vis refaire plusieurs fois le Chema’ Israël… Je lui demandais qu’est-ce qui se passait ? Il me répondit que David lui avait appris que c’est une prière où l’on montre à Hachem qu’on M’aime et aussi que D’ nous aime ! Plus encore, qu’un Juif doit être prêt à donner son âme à D’… Tsahi commença à nouveau le Chema’ mais cette fois ses sanglots étaient encore bien plus forts. Il reprit une autre fois le Chema’ et il s’endormit… Seulement au petit matin, il y a deux semaines, il ne reprit pas conscience et fut envoyé d’urgence à l’hôpital. Durant les deux semaines il restera dans un semi-coma aux services des urgences. Et c’est seulement cette nuit qu’il rendit son âme. Comme j’ai vu que mon mari te respectait pour tout ce qui touche les choses de la religion j’ai une demande à te faire. Je tiens à ce que tu sois le rav qui fasse les obsèques et que tu organises toutes les procédures… ». David était très ému et touché… Et c’est donc le voisin de palier de Tsa’hi –paix en son âme- qui fera les oraisons funéraires. Durant son discours il dira : « Il existe des gens sur terre qui acquièrent leur monde futur en un instant, c’est le cas de Tsa’hi ! Juste avant de partir pour le monde futur, il a fait le Chema’ de tout son cœur et il a montré en cela qu’il aimait D’ de tout son être…. Tous ceux qui ont participé à ces obsèques pleuraient à chaudes larmes… Fin de l’histoire véridique. Et pour nous c’est de savoir que les Mitsvoth –en particulier du Chema’ Israël- ont leur impact même sur les gens éloignés, même à l’époque du net…
Coin Halakha : On commencera des Hala’hoth sur le… Kiriat Chema’ (la lecture du Chema’). Tout homme, depuis l’âge de 13 ans, est redevable de lire matin et soir le Chema’ Israel. Le Chéma contient 3 paragraphes. Le premier marque l’acceptation de la Royauté de D’. Le second c’est l’accomplissement des Mitsvoth et le dernier nous rappelle la sortie d’Egypte ainsi que la Mitsva du Tsitsit. On pourra commencer à lire ces paragraphes à partir du lever du jour, au moment où l’on peut distinguer une connaissance dans les 2 mètres. La Mitsva de sa lecture ne doit pas dépasser le quart de la journée, à partir du lever du soleil.
Chabath Chalom, à la semaine prochaine si D’ le veut
David Gold– : 9094412g@gmail.com
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