Pourquoi Dieu, avant de nous choisir comme peuple, avant de nous donner sa Torah et la terre d’Israël, avait-Il besoin de nous faire subir l’épreuve de la main de fer égyptienne, sur cette terre d’esclavage abominable?! N’aurait-il pas été plus naturel et prudent si les enfants d’Israël étaient restés sur la terre d’Israël, s’étaient multipliés, avaient reçu la Torah et avaient hérité de la terre sans avoir à en sortir? Notre Maître le Ben Ich ‘Haï répond à cette question par une parabole : un homme riche éleva un orphelin depuis son enfance jusqu’à l’âge de la majorité. Cet enfant vécut dans cette maison et reçut son pain quotidien comme un membre de la famille. Un jour, un pauvre se présenta pour demander un don. Ce dernier pensait recevoir cinq Shékels ou dix au plus. A sa grande surprise, le riche sortit de sa poche un billet de cent Shékels… Le pauvre se mit à louer la générosité du riche et à le remercier profusément. Il le bénit également d’innombrables bénédictions. La femme dit à son mari: “Te rends-tu compte de toutes les bénédictions que ce pauvre t’a accordées en recevant de ta part cent Shékels? En revanche, cet orphelin que nous avons élevé et pour qui nous avons dépensé plusieurs milliers de Shékels, ne nous a jamais accordé le moindre mot de remerciement”.
Le riche sourit en entendant ces propos et répliqua: “Sois patiente et tu recevras une réponse dans quelques jours”. Le riche convoqua l’orphelin et lui dit: “Ecoute-moi. Tant que tu étais mineur, nous t’avons élevé dans notre maison. A présent, tu es majeur et tu es capable de pourvoir à tes besoins. Je te pris donc de bien vouloir rassembler tes affaires et de partir”. Le jeune homme fut pris de panique et demanda: “Maintenant?” Le riche lui confirma: “Immédiatement!” Le jeune homme désorienté resta muet de surprise. Il obtempéra et quitta la maison. Il n’avait pas un sou en poche ni de quoi manger ni un endroit pour dormir. Ainsi, il dormit à un carrefour de rue puis se réveilla dans ses habits froissés, affamé. N’ayant d’autre alternative devant lui, il loua ses services aux ménagères pour porter leurs paniers en revenant du marché et reçut comme salaire des restes de légume. Il n’y avait pas de quoi l’envier et on peut facilement imaginer dans quel état de déprime il se trouvait. Le troisième jour, un domestique du riche vint le chercher. Le jeune homme se présenta devant le riche qui fut témoin de sa mine défaite et de l’état pitoyable de ses vêtements. Il lui dit: “Je comprends que ta situation est difficile. Tu peux revenir habiter chez nous comme avant”. Il ordonna immédiatement que l’on dresse la table. Le jeune homme s’attabla et mangea son premier vrai repas après trois jours d’errance. A chaque cuillérée, ainsi qu’entre chaque plat, il ne manquait pas de louer son hôte et de le remercier avec gratitude. Le riche se pencha vers sa femme et lui murmura: “Voici la réponse à ta question… un homme n’est pas reconnaissant pour les choses qu’il reçoit de manière naturelle. Maintenant qu’il s’est rendu compte que rien n’est acquis, il a compris qu’il fallait remercier et être reconnaissant pour ce qu’il a reçu”.
Si les enfants d’Israël étaient restés sur leur terre, ils auraient été habitués à recevoir tous les bienfaits avec indifférence. Qu’a fait Dieu? Il les a fait descendre en terre d’Egypte, dans une maison d’esclavage, afin qu’ils comprennent que rien n’était dans leurs mains. Ainsi, quand ils furent délivrés, “les exilés chantèrent un chant nouveau”, dès qu’ils comprirent que tout ce qu’ils recevaient était accordé par bonté par l’Eternel, ils Le remercièrent et Le louèrent pour chaque bienfait. Ces réflexions s’appliquent particulièrement à notre génération qui précède la délivrance finale. En effet, notre génération est le témoin de l’effondrement de tous les systèmes qui semblaient éternels, la sécurité des grandes puissances militaires est déstabilisée par une poignée de terroristes islamiques, notre pouvoir d’achat peut dégringoler si la bourse venait à s’effondrer. Le monde entier est remis en question et se trouve dans une impasse. Nous sommes à présent dans la même situation que ce jeune homme juste avant qu’il ne soit rappelé chez son hôte. C’est le moment qui précède la révélation finale : “Sauve-nous, Eternel notre Dieu, et rassemble-nous afin que nous puissions remercier Ton saint Nom”.
Rav Moche Benichou
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