Notre paracha marque la sortie définitive d’Egypte puisque la communauté juive naissante traverse la mer Rouge tandis que les Egyptiens périssent sous les trombes d’eaux qui s’abattent sur eux sans miséricorde. Ce miracle mérite d’être connu. En effet, dans la première semaine du départ, le peuple va en direction de la mer tandis que les Egyptiens partent à sa poursuite. Là-bas, se déroulera LE miracle : la traversée à pied sec de la mer. Les Sages, de mémoire bénie, dévoilent les dix miracles qui accompagnèrent cette traversée. En effet, la mer ne s’est pas fendue en deux parties comme dans le film mais en 12 passages. Chaque tribu suivait son propre chemin, le sol n’était pas boueux mais il était dallé de pierres, et toutes les tribus se voyaient à travers l’eau translucide de la mer. Tous ces miracles marquaient une seule et unique chose : le peuple devenait le « chéri » de D’. Ils témoignaient de l’amour que porte l’Eternel au clall Israël jusqu’à ce jour. Seulement les choses ne se sont pas déroulées dans la grande facilité, il a fallu que le chef de la tribu de Yehouda se jette le premier dans l’eau avant que la mer ne s’ouvre. Qui plus est, le commentaire rabbénou Be’haïé enseigne qu’avant chaque pas de la communauté, la mer s’ouvrait laissant le passage. C’est-à-dire que D’ n’a pas fait et offert ces miracles sur un plateau d’argent, mais que le peuple devait les mériter, et être à la hauteur. Et pour y avoir droit, il fallait faire preuve de beaucoup de foi et de confiance en D’ qui allait opérer ces miracles. Et si mes lecteurs avertis répondent que la Guemara enseigne qu’un homme ne doit pas s’appuyer sur le miracle pour sortir du pétrin, par exemple il est interdit de traverser le périphérique parisien les yeux fermés avant l’heure du confinement de 18 heures en se disant : « Puisque je suis devenu un grand croyant, alors tout ira pour le mieux. Or, à moins que notre homme soit du niveau spirituel de Baba Salé – que son souvenir nous protège – alors c’est certain qu’il ne sortira pas indemne d’une telle mésaventure et de plus il aura des comptes à rendre devant le tribunal céleste. Donc comment le Clall Israël a pu entrer dans l’eau ? La réponse la plus limpide c’est que D’ a dit à Moché « Dis aux Bené Israël d’avancer dans la mer ». Puisque c’est le Tout Puissant qui nous dit d’entrer dans l’eau, il n’y a plus d’entorse à la Loi Transcendantale. Quand c’est le Grand Patron qui nous l’enjoint, tout est différent.
Après ce passage extraordinaire, le Clall Israël commence sa marche dans le désert en direction de la montagne sainte du Sinaï. En effet, cette grande sortie c’était pour recevoir la parole divine et la Tora et pas pour faire une belle excursion dans le désert et les zones vertes et pourquoi ne pas bifurquer jusqu’à Dubaï ! Seulement l’homme reste un homme et les contingences de ce monde sont incontournables, donc comment faire pour nourrir les 3 millions de personnes que constituait le Clall Israël, il était dénombré 600 000 hommes de 20 à 60 ans en dehors des enfants, des femmes et des séniors. Cette question est certainement une grande énigme pour les historiens qui restent dans le flou artistique par rapport à ce qui touche l’histoire de notre peuple, et pour cause. Seulement les Sages expliquent que durant le premier mois, la communauté a mangé les restes des Matsoth préparées le jour du départ. Seulement au bout d’un mois toutes les provisions terminées et il ne restait plus rien dans les cabas. Quoi faire lorsqu’on a des grandes familles et qu’on se retrouve dans le désert aride? Les gens mécontents dirent à Moché : « C’était mieux de rester en Egypte, et de manger de la viande plutôt que de finir dans le désert ». C’est-à-dire que la question de la subsistance est une des plus préoccupantes même pour la génération du désert et pas seulement pour les parents qui voient leur enfant partir à la Yechiva en posant la question avec une certaine angoisse : « David, mon fils, comment vas-tu gagner ta vie »? La réponse de D’ sera très intéressante puisque dorénavant le pain tombera du Ciel. Et en effet, tous les jours durant les 40 années de la marche dans le désert, la manne tombait au petit matin. Le verset l’enseigne, la manne ressemblait à une fine couche de coton banc qui était prise en sandwich entre deux couches de rosée, c’est pourquoi le Chabbath on a l’habitude de faire le « Motsi », la bénédictions sur le pain qui est recouvert d’un petit napperon. Chacun avait droit à une mesure d’Omer, le volume de 42 œufs, de manne et la veille du jour du Chabbath, le vendredi matin il y avait double part. Les Sages dans la Guemara Yoma enseignent que la manne prenait le goût et la saveur de la nourriture que chacun souhaitait manger.
Le verset dit : « Et le peuple devra récolter la manne jour après jour afin d’éprouver (le peuple) pour savoir s’il va suivant les préceptes de la Tora ». C’est à dire que le repas quotidien de la manne était une manière de mettre à l’épreuve les Bené Israël, s’ils suivaient les lois du Sinaï. Les commentateurs se sont penchés pour comprendre quelle était l’épreuve. La première réponse très intéressante est celle de Rachi. Lorsque la manne a été donnée dans le désert, elle était accompagnée par deux Mitsvoth : ne pas en garder pour le lendemain, et le jour du Chabbath, ne pas aller en chercher. C’est-à-dire qu’il ne fallait pas conserver la manne pour le lendemain. Durant les 40 années dans le désert, chaque père de famille a vécu avec le doute permanent à la fin de la journée, aurais-je de quoi nourrir mes enfants demain ? Son seul espoir était de se tourner vers le Ribono chel ‘Olam afin qu’il donne la paranassa (subsistance) du lendemain : c’était cette épreuve dont parle le verset.
Le Or Ha’haim explique un autre aspect de la Mitsva. La manne ne demandait pas une préparation particulière (pour les gens pieux). Il n’y avait pas besoin de l’accompagner avec une mayonnaise ou de la faire revenir en friture. Donc durant les 40 années du désert, les Bené Israël (et aussi les dames de la communauté) n’ont pas eu besoin d’aller loin pour ramener la parnassa à la maison ni même passer du temps à la cuisine. Donc la question qui se posait à la population juive du désert était de savoir quoi faire avec toutes ces heures vacantes ? C’est un peu la question que l’on se pose pour notre énième confinement : qu’est-ce qu’on va bien faire cette fois-là ?! On a déjà réparé toutes les chaises du salon, on a refait la peinture, et cette fois, c’est sûr, on ne surfera plus sur son Iphone durant ces heures vacantes, car on a compris le message immortel d’Autour de la Table du Chabbath. Explique très sérieusement le Or Ha’haim la vraie épreuve était de savoir si lors de tout ce temps libre le Clall Israël s’adonnerait à l’étude de la Tora et des Lois qui venaient d’être transmises au Sinaï. Donc irait-on d’un pas leste au grand Collel organisé par Moché Rabbénou, ou bien, faire une partie de pétanque, ou de tennis, dans un coin du campement. Je suis certain que mes lecteurs auraient choisi la première possibilité, n’est-ce pas ?
Ne pas faire comme le cheval
On finira par une anecdote véritable. Il s’agit d’un commerçant qui est allé rencontrer un des premiers Admour de la ville de Tsanz, il y a près de deux siècles. Le marchand expliqua qu’il possédait un magasin dans la ville qui fonctionnait jusqu’à présent à merveille, mais, depuis un certain temps il y avait un concurrent qui venait juste de s’installer devant son échoppe et qui lui faisait beaucoup d’ombre. C’est-à-dire que sa clientèle devenait de plus en plus clairsemée, et que son stock payé par traites de 90 jours n’était toujours pas vendu, une vraie catastrophe pour lui et sa famille. Donc notre homme demandait au Tsadiq ni plus ni moins de maudire son concurrent membre également de la communauté. Le rav ouvrit grand les yeux et dit d’un ton qui ne laissait aucun doute : « En aucune façon je ne maudirais un autre homme ». Le commerçant de façon plus diplomate, demanda uniquement qu’il maudisse le magasin de son prochain. Là encore le grand rav dira niet. Cependant l’Admour le questionna : « Est-ce que tu vas à la foire de Leipzig une fois dans l’année ? » Il répondit bien-sûr ! « Est-ce que tu fais attention à la manière dont le cocher conduit sa diligence ? » Le commerçant ne savait pas où il voulait en venir. Mais ce dernier continua, comment fait-il lorsqu’il se rend dans l’auberge avec ses chevaux ? Le commerçant répondit qu’il leur donnait à manger à l’étable de l’auberge. « Et lorsque vous êtes en route, comment leur donne-t-il à boire ? » Il défait les sangles, puis il enlève les muselières et amène ses animaux près du cours d’eau. « Et comment cela se passe-t-il ? » Le cheval, qui est assoiffé, baisse la tête dans l’eau, tape de son sabot dans la rivière et enfin il boit de grosses gorgées d’eau. Le rav demanda la raison d’un tel comportement. Le commerçant dira c’est bien simple, lorsque le cheval s’apprête à boire, il voit le reflet de son visage dans l’eau. Or, cela reste un cheval, et il croit dur comme fer que c’est son compagnon de chemin qui vient lui prendre sa place et qu’il ne pourra pas boire, donc il donne un coup dans l’eau et voilà que le visage de son ami qui est en fait lui-même s’efface et enfin il peut boire tranquillement. Le rav l’arrête et dit : « C’est exactement toi ! Tu es comme ce cheval qui tape son sabot dans l’eau en voyant le magasin de ton concurrent qui vient d’ouvrir. Or tu le sais, ou tout du moins tu l’as appris au ‘Héder (école juive) que la parnassa d’un homme est fixée depuis Roch Hachana au début de l’année. Donc le concurrent ne t’enlève rien de ce qui t’est destiné depuis le ciel. Pire encore lorsque le cheval donne un coup de pied, l’eau devient imbuvable. C’est comme toi qui veux maudire ton concurrent or, la rivière reste là, la bénédiction est assurée des cieux. Donc maudire ton concurrent démontre qu’il te manque une bonne dose de confiance dans le Ribono chel ‘Olam ». Fin de l’anecdote. Et pour nous, c’est un enseignement, de savoir que la manne comme la parnassa proviennent du Ciel. S’il est vrai qu’on doit faire un petit effort dans le domaine, on doit se répéter cette vérité, la subsistance est dans les mains généreuses du Ribono chel Olam. Donc on ne devra pas déprimer même en période de confinement, et aussi on aura une bonne réponse à dire au père du petit David.
Chabath Chalom et à la semaine prochaine Si D.ieu Le Veut
Rav David Gold
Léillouy Nichmat de mon père : Yacov Leib ben Avraham Noutté, Haréni kaparat michkavo
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