3 décembre 2024

Hand of woman turning up volume of Hi-Fi amplifier in her home

La « sono » pour être joyeux?

L’histoire de Pourim est connue, il s’agit d’une longue intrigue qui s’est déroulée dans les coulisses du palais royal de Perse et de Mèdes (l’Iran d’aujourd’hui) il y a près de 2400 ans. A l’époque, ce royaume représentait une hégémonie qui régnait sur tout le monde civilisé, les Gaulois et les Wisigoths étaient encore à l’âge de pierre.

Spécial Pourim!

Faut-il nécessairement allumer la sono pour être joyeux …. La meguila d’Esther décrit l’ascension extraordinaire d’un homme: Haman. Lui-même descend d’Amaleq et deviendra le plus proche conseillé d’Assuérus, le roi de Perse. Le pouvoir de Haman était quasi-total. Or sa puissance n’équivalait pas sa haine qu’il portait contre la communauté juive (à l’image des Allemands durant la Seconde Guerre mondiale). Il ira jusqu’à débourser de ses deniers pour exiger que le roi promulgue un édit d’extermination du peuple juif de sur toutes les provinces du royaume (comme durant la guerre, où les convois de Juifs envoyés vers Auschwitz avaient la préséance sur les soldats allemands dépêchés au front alors qu’on était après le débarquement de 44…). Le roi accepta (sans même réclamer l’argent de Haman… car quand on aime on ne compte pas, n’est-ce pas ?) : la situation était désespérée pour la communauté. C’est à ce moment que la reine Esther organisera deux festins où elle invitera le roi et Haman à sa table. C’est au cours du deuxième repas que la reine dévoilera ses origines juives et demandera au roi de punir Haman car il voulait sa mort en plus des siens. Sous l’effet de l’alcool, Assuérus prendra de suite des dispositions et pendra Haman sur la même potence qu’il avait soigneusement préparée la veille pour Mordechai ! La suite sera aussi extraordinaire, car le jour maudit qui avait été choisi par Haman pour exterminer la communauté (le 13 Adar) sera le jour où le Clall Israël aura le droit de prendre les armes (grâce à un deuxième édit du roi) pour combattre les antisémites de l’époque. Au total se sera 75000 mécréants-amalécites qui seront tués le 13 Adar. En souvenir de ce grand miracle la communauté fête Pourim d’année en année en lisant la Meguilla et en faisant les Mitsvoth du jour.

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La Guemara demande qu’elle fut la raison pour laquelle Esther invita le roi et Haman à sa table ? Plusieurs raisons seront données, entre autre qu’Esther avait fait un calcul. Elle s’est dit que la communauté gardait confiance dans son sort (même après le premier décret d’extermination promulgé par le roi) car le peuple juif connaissait l’atout de poids qui demeurait dans le palais du roi : Esther (qui était de la famille de Mordechai). Donc les Juifs étaient certains que le pire ne pouvait pas arriver ! Or, le décret était inévitable ! Pire encore, dans les cieux, Moché Rabbénou priait devant Hachem pour la sauvegarde du Clall Israël : en vain ! Esther élaborera alors un stratagème afin que le peuple de Suze perde son dernier espoir en faisant croire qu’elle avait pris le parti des plus forts : Haman et Assuérus contre le peuple juif ! Car elle savait que la délivrance ne viendrait que de la prière sincère du Clall Israel. Donc quand les chroniqueurs de la communauté diront qu’Esther avait tourné casaque en invitant Haman à sa table, la dernière cartouche de la communauté venait d’être tirée, il ne restait plus qu’à se tourner vers le Ribono chel ‘Olam! (Un peu comme de nos jours, tout le temps où l’on place sa confiance dans Tsahal ou dans le grand oncle d’Amérique alors nos prières ne sont pas si intenses pour la sauvegarde du peuple en terre sainte… Mais lorsqu’un de ces deux piliers fait défaut… alors la prière à une toute autre allure ; et par ricochet, l’aide Divine devient beaucoup plus palpable. Autre exemple, il se peut bien que l’épidémie qui sévit en Chine et au Grand Orient vienne pour éveiller le peuple juif à comprendre que la vraie solution est d’ordre spirituelle (la Tora et sa pratique). Car ce virus montre l’inefficacité de la science moderne face à un problème de médecine finalement bénin : une simple grippe. C’est donc qu’Hachem veut montrer aux yeux de tous, que le véritable dirigeant de ce monde c’est Lui et pas les décideurs de Changhai ou d’Hong Kong ni même de New York). Donc en invitant Haman à sa table, Esther provoqua une grande émotion parmi le peuple et toute la population fit un large repentir et des jeûnes (au total 3 jours et nuits !). Armée de cette grande force spirituelle, Esther a pu se présenter devant le suzerain et lui donner l’invitation (à son repas) et en final le retournement s’accomplira ! Formidable !

Seulement on rapportera une intéressante question: pourquoi Esther a attendu le deuxième jour pour se dévoiler et non le premier jour ? J’ai entendu au nom de Rabbi Na’hman de Breslev une très intéressante réponse. Il dit qu’elle a attendu le lendemain car elle a remarqué que le premier jour Haman était plein de joie et d’allégresse ! En effet il était arrivé au summum de la réussite puisqu’il était le seul invité en tête à tête avec la reine et le roi ! Or le lendemain du premier festin, Haman n’était déjà plus aussi sûr que la veille ! En effet il venait de tirer le cheval de Mordechai dans les rues de la capitale et il venait de perdre sa fille (elle s’était trompé dans son appréciation, elle avait jeté un seau d’excréments sur la personne qui tirait le cheval royal. Or c’était son doux père (Haman) tandis que celui qui était sur le cheval c’était Mordechai. Voyant son erreur elle se jetta du haut de son balcon…) ! Après ce grand revers, Haman vient participer au deuxième festin alors qu’il était tout tristounet, et pour cause… C’était le moment propice, Esther se dévoilera et en final Haman sera pendu… (Un peu comme les 10 responsables nazis pendus à Nuremberg…). Le rabbi de Breslav explique que le premier jour Esther a vu Haman en grande joie donc elle savait qu’elle ne pouvait pas le contrer ! En effet, un homme en pleine joie à beaucoup de forces et son Mazal est au summum : on ne peut rien contre lui ! Esther a donc attendu le lendemain, en attendant que  passe la vague… Et effectivement grâce aux prières de la communauté, un retournement s’effectuera du jour au lendemain…

On voit donc d’ici la force de la joie ! Seulement que mes lecteurs ne tirent pas une fausse conclusion du genre:  pour obtenir la joie il suffira d’augmenter la sono et d’aller danser dans la rue… (Autre version, passer son temps devant son IPhone/Smartphone et regarder un très sympathique téléfilm ou toutes sortes de jeux…) Que nenni ! Le vrai contentement ne sera obtenu que grâce à ses propres actions et à sa satisfaction personnelle de les voir se réaliser (un vaste programme pour celui qui n’a pas de projets, ou ne tire pas de satisfaction de ses propre réussites…(ou les deux à la fois) ! Si mes lecteurs ont une autre idée sur la question…Je serais ravi d’en avoir connaissance, mon numéro apparait en bas du feuillet..).

Quand le Tsadik pleure !    

Le Chabbath qui précéde Pourim s’appelle Chabbath Zakhor. On lira en plus de la Paracha le passage d’Amaleq. L’histoire d’Amaleq est connue, c’est un peuple du désert qui s’en est pris au peuple juif à peine sorti d’Egypte alors qu’il ne lui avait strictement rien fait. Notre histoire vécue nous montera les maux engendrés par d’autres amalécites d’il y a 75 ans et aussi qu’il a existé une main bienveillante de D’, malgré tout… Il s’agit d’une anecdote édifiante sur un grand de notre peuple: l’admour de Tsanz (décédé en Erets en 1994). Dans son livre ‘Les flammes du feu’, il est raconté que lors d’un de ses cours qu’il donnait sur la Paracha de la semaine, il dévoila une petite partie de son histoire durant la guerre. Le rav était originaire d’Hongrie et vers la fin de la guerre (en 44) les nazis déportèrent toute sa communauté. Le rav témoigne : » Je suis arrivé à Auschwitz… Mais tout le long de mon internement je n’ai pas mangé une seule fois de la viande (non cacher)! Je suis arrivé à Auschwitz un vendredi matin la veille du Chabbath vers 10 heures. De suite après que je sois descendu du train à bestiaux, les nazis m’ont poussé avec brutalité afin que j’entre dans le camp. A notre arrivée, ils distribuèrent de la nourriture aux gens qui avaient été sélectionné pour les travaux forcés : ceux qui n’avaient pas été envoyé directement dans les chambres à gaz. C’était une gamelle de viande pour le repas du matin. Tout le monde s’est pressé d’en manger. Les rescapés de la première sélection étaient persuadés que j’allais aussi en manger, mais je leur répondis : « En aucune façon je ne mangerais de ces mécréants qui m’ont pris tout ce que j’avais sur terre ! » Ainsi j’étais en jeûne toute la journée du vendredi. Le soir j’étais très affaibli et j’avais très faim. Le lendemain (Chabbath) j’entendis des hurlements dehors afin de venir manger, mais je refusais encore. Ainsi je restais replié sur moi-même. Quand tout le monde sorti du baraquement je me suis retrouvé tout seul est j’ai alors explosé en pleurs… Des larmes se sont mises à couler –bien que j’avais pris sur moi de ne jamais pleurer pour toutes les choses de la vie car je les prenais par amour de D’– ! Cette après-midi du Chabbath alors qu’il n’y avait personne dans le baraquement j’ai fait alors cette prière : « Maitre du monde, Tu m’as laissé seul en vie (j’avais perdu ma femme et mes 10 enfants dans les chambres à gaz !). Tu as tout pris et en plus je dois manger de la viande non-cacher !? Je ne veux pas manger ni tréfa ni nevéla: Je n’en mangerais pas ! » Alors que j’étais en train de finir ma prière, un Juif entre et s’adresse à moi directement : « N’es-tu pas le rav de Klozenbourg ? » J’étais très étonné de cette question car les nazis avaient l’habitude d’envoyer les rabbins en premier dans les chambres à gaz (donc j’étais méfiant). Seulement au même moment un autre Juif entra et me dit : « Tu es obligé de venir de suite à la porte du baraquement car il y a une personne qui t’attend ! » Il ne me restait plus qu’à exécuter les paroles de cet inconnu. Et même si j’avais peur qu’un Kapo m’attende dehors pour m’assassiner, je sortis. A l’extérieur je me suis trouvé face à face avec un vieux Juif qui m’a posé une question tout incongrue dans ce contexte : « Est-ce que ton oncle n’est pas le rav de Kichinev ? » Je restais sans voix, car qui pouvait bien connaitre l’identité de mon oncle dans cet enfer ? Je répondis : » C’est vrai… » De suite, l’ancien me tendit une miche de pain accompagné d’un pot de confiture en me disant: « Je te l’ai apporté afin que tu ait de quoi manger ! » En un clin d’œil le vieillard disparu et je ne l’ai plus revu de toute la guerre ! J’ai vu alors de mes yeux qu’il existe bien D’ sur terre: même à Auschwitch ! Je me suis alors donné raison de ne pas manger de la viande (alors que tout le monde me pressait d’en manger). C’est alors que je pris la décision que quoi qu’il m’advienne je ne mangerais jamais de la viande à plus forte raison après que j’ai vu la Main de D’ Qui m’envoie ma subsistance d’une manière toute surnaturelle ! Je fis netilath yadaim (les ablutions des mains), puis le Kidouch (du Chabbath) sur le pain et enfin j’ai mangé ma miche de pain en l’honneur du Chabbath. Toute l’année où je suis resté à Auschwitz je n’ai pas mangé de viande ni transgressé le saint Chabbath ! Cet épisode m’a considérablement renforcé dans toutes les grandes épreuves que j’ai dû traverser, et plusieurs fois j’ai vu la Main de Hachem qui a sauvé les Tsadikim et les érudits par le mérite de la Tora étudiée et aussi grâce au mérite de leurs pères ! » 

Matanot Le-évionim : Le jour de Pourim on veillera à donner à au moins deux pauvres un don. C’est de la nourriture mais cela peut être de l’argent. Le Michna Beroura rapporte qu’à partir de quelques centimes d’euros on sera quitte, seulement d’autres avis préconisent de donner à chaque pauvre au moins de quoi s’acheter un repas (Fallafel et Coca) l’équivalent d’une quinzaine de shéquels pour chacun (le Rav Eliachiv Zatsal préconisait 50 shéquels/15 euros). On sera quitte aussi en donnant le don à un organisme de Tsedaka qui lui-même reversera les sommes reçues durant Pourim (on pourra faire le virement à l’association quelques jours avant Pourim en précisant que c’est pour transmettre le jour même). Le Rambam enseigne qu’il est souhaitable de multiplier les dons aux pauvres plus encore que de faire un somptueux festin. Le jour de Pourim : tout celui qui tendra la main, on lui remettra la pièce.

Rav David Gold