« Vous ne ferez point de feu dans aucune de vos demeures en ce jour de repos. » (Chémot 35; 3)
Sur ce verset, le Rav ‘Haïm Schmoulevitch Zatsal nous rapporte un enseignement du Zohar qui fait une allusion au feu de la colère, au feu de la Makhloket, le jour du Chabat.
La Makhloket de la veille du Chabat, celle qui rentre dans nos demeures sans avoir été invitée, créatrice ou source de discordes dans les foyers en cette veille de jour si saint, est souvent causée par de petites choses dont les dégâts, malheureusement, peuvent être très lourds, jusqu’à gâcher tout le Chabat. La Torah nous met en garde contre cette mauvaise mida si destructrice qu’est le Ka’ass, la colère.
Les paroles des Sages au sujet du Ka’ass sont très nombreuses. Évidement, la colère est interdite tout au long de la semaine, et pas seulement le Chabat, et elle n’est pas uniquement interdite à cause des dégâts qu’elle cause sur les relations humaines, ou encore sur la santé physique et morale de celui qui s’emporte, elle entraîne aussi de lourds décrets dans le Ciel. Essayons d’analyser le comportement de celui qui est prêt à tout « Ka’asser ».
Quelle est la nature de ce mal, sa cause et son remède ? Sa nature est évidement mauvaise.
Dans le Siftei ‘Haïm du Rav Friedlander Zatsal, nous pouvons lire une explication du Maharal de Prague provenant de Netivot Olam, qui démontre qu’il y a une différence fondamentale entre la colère et les autres interdits de la Torah.
D’habitude en effet, deux raisons peuvent entraîner l’homme à commettre une Avéra : le Yetser Hara’, et le “profit matériel” que la Avéra procure. Par exemple, le fait de manger une belle tranche de charcuterie non cacher assouvira une envie, et procurera aussi une jouissance.
C’est cette envie développée par le Yetser Hara’, qui aura attiré la personne jusqu’à la faire fauter.
Par contre, le Ka’ass a cela de particulier qu’il ne procure aucun profit physique, ni matériel, ni social. Et même au contraire, l’homme en arrive parfois à déchirer ses vêtements ou à casser des objets sous son emprise.
La colère ne procure aucun bienfait, elle n’est que néfaste, et génératrice de problèmes conjugaux, familiaux ou sociaux. Pourtant, l’homme a suivi le Yetser Hara’ comme pour la belle tranche de charcuterie ! Suite p3
Le Maharal appelle la colère : le Yetser Hara’ léchem Yetser Hara’ (le mal pour le mal). Le moment de colère est repérable au fait que le mal fait alors partie intégrante de notre être, le corps prend le dessus sur la pensée qui n’a plus aucun contrôle.
Le Yetser Hara’ est alors comme un d.ieu étranger qui nous a pénétrés, et notre état est comparable à l’idolâtrie.
Cela s’accorde avec l’enseignement de la Guémara (Nédarim 22b) qui dit : « tout celui qui se met en colère ressemble à celui qui commet la faute de l’idolâtrie. »
Les causes du Ka’ass seront également son remède. Si le Ka’ass est le mal pour le mal, alors il faudra lui faire face avec le bien pour le bien.
La colère, c’est l’expression d’une blessure interne, et d’une incompréhension de notre interlocuteur. La colère est déclenchée par un affront, une atteinte à notre personne ou à notre dignité, et c’est donc l’impatience et l’orgueil, gonflés à outrance, qui vont provoquer une explosion.
Même si corriger une mauvaise Mida peut prendre toute une vie, nous avons au moins le devoir de la réduire ou de la faire taire, en attendant d’y parvenir. Comment ?
Par la création d’une autre Mida, qui prendra le dessus en nous et s’imposera comme nouveau capitaine du navire.
Nous écraserons la colère par un puissant développement d’amour du prochain, de patience et d’écoute de l’autre.
La potentielle colère sommeillera toujours en nous, mais se fera dès lors plus discrète, intimidée par nos nouvelles Midot, à qui nous aurons offert une large place en notre cœur, à force de s’empêcher de médire, à force de faire la Tsédaka, de rendre visite aux malades, de remonter le moral, etc, etc…
Rav Mordekhai Bismuth
More Stories
Résumons la Paracha…’Hayé Sarah
Wort sur la Paracha…HAYE SARAH
‘Haye Sarah: Pourquoi Eliezere a-t ‘il eut besoin de museler les chameaux de son maître?