Relevons deux points assez intrigants dans le récit de la traversée de la mer rouge.
Cette Paracha commence par les mots « vayéhi béchala’h paro-Ce fut lorsque Pharaon eut renvoyé le peuple… »
La Guémara (Méguila 10b) nous enseigne que toute Paracha qui débute par le terme « vayéhi » introduit toujours un épisode malheureux.
Il y a lieu de se demander, en quoi notre Paracha qui commence par ce terme, est-il annonciateur d’une catastrophe ? En effet notre Paracha, aborde essentiellement la traversée de la mer rouge, le don de la manne… des événements assez heureux pour le peuple : leur ennemi a été anéanti et on leur assure un moyen de subsistance. Pourquoi alors la Torah utilise « vayehi » ?
Puis nous voyons dans la suite de la Paracha, la manière dont est écrit le fameux passage de la chira, chant récité par le peuple qui loue la gloire d’Hachem après la « traversée de la mer rouge ». Il est écrit différemment des autres passages de la Torah, en quinconce, avec des longs blancs entre chaque mot. Pourquoi une telle disposition, et de tels blancs ?
Cet épisode malheureux en question, apparaît dans les premiers mots de notre Paracha, « vayéhi béchala’h paro—Ce fut lorsque Pharaon eut renvoyé le peuple… ».
L’année qui a précédé la sortie d’Égypte, les Bneï Israël ont pu apprécier la force et les merveilles de la Main d’Hachem. En effet, pendant un an, ils furent spectateurs d’une féerie de miracles surprenants et merveilleux. Aussi, pendant cette même année les Bneï Israël n’étaient plus soumis au joug des bourreaux égyptiens. Malgré tout, après la sorti d’Égypte, ils avaient en tête que pharaon les avait « enfin » laissé partir!!
C’est cette pensée, qui a été tragique et catastrophique.
Cela ressemble à l’histoire d’un homme qui à un rendez-vous d’affaires très important et cherche une place dans les rues de Paris. Il tourne, il tourne, mais en vain. Il prie et implore Hachem, lorsque soudain il voit une voiture qui met son clignotant pour sortir d’une place. Alors notre homme regarde vers le ciel, et dit magistralement « c’est bon Hachem j’ai trouvé ! »
Il fallait donc remédier à cette malheureuse idée. Pour cela, Hachem plaça les Bneï Israël dans une situation, sans issue, qui permettra aux Bneï Israël de ressentir que tout vient d’Hachem.
Hachem renforça une fois de plus le cœur de pharaon, en le faisant regretter amèrement de les avoir laissé partir, afin qu’il se lance à la poursuite des Bneï Israël.
Les Bneï Israël se trouvèrent face à la mer déchaînée, à droite les montagnes, à gauche des hordes de bêtes féroces, et à leur trousse pharaon et son armée motivée à les récupérer. Tout cela pour qu’ils implorent Hachem, et reconnaissent que seul Lui peut les sauver et que tout vient de Lui.
Une fois ce concept assimilé, la mer se fendit, et les Bneï Israël rechargés de Émouna traversèrent la mer dans la joie et l’allégresse. D’une seule voix ils entonnèrent la fameuse chira, « Az yachir Moché… »
Toute la « chira », qui vient énumérer les miracles de cette fabuleuse traversée est écrite de manière tout à fait inhabituelle. Elle est écrite en quinconce, avec des longs blancs entre chaque mot. Cette disposition et ces blancs viennent nous enseigner qu’il eut encore de plus grands miracles que ceux que les Bneï Israël chantent.
Explication : Imaginez, un enfant qui voit en rentrant de l’école, sa Maman dans la cuisine en train de sortir du four un bon gâteau tout chaud qu’elle a soigneusement préparé. L’enfant qui après avoir mangé une part de ce bon gâteau, remercie et loue sa maman, en lui disant combien il aime ces gâteaux, et combien il apprécie ce qu’elle fait pour lui. Est-ce qu’il a conscience de tout ce que Maman a fait pour faire ce gâteau ?
Aujourd’hui Maman a dû travailler deux fois plus vite à son travail pour pouvoir sortir plus tôt, acheter tout le nécessaire, trouver les ingrédients, s’organiser, se dépêcher pour que ce gâteau sorte du four précisément lorsque l’enfant rentre de l’école. Mais est-ce que Maman ne fait que des gâteaux ?
Maman fait des choses plus grandes et plus importantes encore, mais il ne le sait pas ou il n’en a pas conscience. En effet c’est maman qui se lève la nuit, c’est elle qui se soucie de lui, qui lui prépare son linge, et tout ce dont il a besoin….
Voici ce que représente les blancs de la chira, ce sont les non-dits, des non-dits qui sont encore plus grands que les miracles que les Bneï Israël ont vus de leurs propres yeux.
Autre exemple : Hamavdil, lorsque la police rend public son rapport annuel, en disant que cette année, ils ont réussi à déjouer 893 attentats, quelqu’un s’en est rendu compte ? Personne…..
La chira, est une prise de conscience. Nous ne voyons ou ne pouvons voir qu’une partie infime de la puissance , de la protection, et de tout ce qu’Hachem fait pour nous. Notre Paracha est une piqûre d’Emouna.
N’attendons pas de nous retrouver dans des situations sans issue pour implorer notre Créateur. Gardons confiance, car nous ne pouvons évaluer combien il nous aime et se soucie de nous et de notre bien.
Rav Mordekhai Bismuth
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