22 novembre 2024

Qui sera le dixième ?

Le Rav Moché Aaron Stern zatsal, alors qu’il n’était âgé que de huit ans, tombagravement malade. Son père convoqua les meilleurs médecins, se tourna vers lesrabbins, récita des Psaumes pour sa guérison, et finalement dit à son fils:”Regarde, tout le monde agit pour hâter ta guérison sauf toi!”… L’enfantdemanda: “Que dois-je faire?” Et son père répondit: “Prends surtoi d’accomplir un bon acte dès que tu seras guéri”. L’enfant accepta etdemanda: “Quoi par exemple?” Le père lui suggéra: “Si tu guéris,prends sur toi de toujours t’efforcer de prier avec un minyan”. L’enfantpromit et guérit. Il respecta sa promesse et devint un grand sage de la Torahcraignant D. profondément. Il devint directeur spirituel de la YéchivaKaménitz. La Yéchiva grandit, ils projetèrent d’agrandir son bâtiment et le Ravreçut la mission de partir aux Etats-Unis afin de récolter des dons pour aiderla Yéchiva. Il accepta sa mission et prit contact avec une agence de voyage. Ildemanda s’il y aurait un minyan dans l’avion. On lui répondit: “Rav, ici,c’est une agence de voyage et non un centre d’organisation d’offices religieux…En général, il y a un minyan mais nous ne pouvons pas vous le promettre. Si lesconditions climatiques ne le permettent pas, les voyageurs doivent rester assisà leur place. Pour être honnête avec vous, il n’y a pas toujours unminyan”. S’il en est ainsi, il ne pourrait pas voyager. Ils lui dirent:”Nous pouvons vous proposer un vol avec une escale à Amsterdam àl’aube”. Il vérifia si cela lui laissait le temps de prier en minyan avantd’accepter cette formule. L’avion atterrit à Amsterdam. Il avait deux bonnesheures devant lui. Il prit son Talith et ses Téfilines puis sortit del’aéroport pour se rendre vers l’autoroute. Il attendit en regardant passer lesvoitures qui défilaient devant ses yeux… Soudain, une voiture s’arrêta. Lechauffeur lui demanda: “Rav, où allez-vous?” “Je cherche unminyan pour l’office du matin”. “Rav, je vous en prie, montez”,dit le chauffeur d’un ton aimable. Il s’avéra qu’il était Juif et qu’ilhabitait dans la banlieue d’Amsterdam. Tous les matins, il se rendait àAmsterdam pour l’office du matin avant de se rendre à son travail. En quelquesminutes, ils se retrouvèrent dans la périphérie de la ville, s’arrêtèrent dansune ruelle, le chauffeur sortit de la voiture et indiqua au Rav de descendrevers un appartement se trouvant au rez-de-chaussée. Le chauffeur ouvrit laporte au Rav et il pénétra à l’intérieur d’une minuscule synagogue. Huit hommesattendaient déjà pour commencer l’office en minyan… Il pria avec le minyan, puisà la fin de l’office, le chauffeur termina la mitsva qu’il avait commencée enraccompagnant le Rav à l’aéroport. Quand le directeur spirituel de la Yéchivade Kaménitz racontait cette expérience, son regard s’illuminait. Il disait:”Rendez-vous compte: huit hommes se sont levés de bonne heure pour serendre à la synagogue afin de prier en minyan. Le neuvième doit arriver de labanlieue proche, comme d’habitude. Mais qui sera le dixième? On leur envoya unJuif d’Israël en transit pour les Etats-Unis!”… Car, “l’homme quidésire s’engager dans une certaine voie, on l’y conduit”. Ce principe estécrit dans la Guémara (Makot 10B), dans notre paracha concernant Bilaam benBéor. L’Eternel ne voulait pas qu’il se rende à Midiane afin de maudire Israël.Il lui dit: “Ne pars pas avec eux!” Toutefois, quand Bilaam exprimason désir ardent de partir avec eux, l’Eternel lui dit: “Lève-toi et parsavec eux”, (22-20). Un ange de miséricorde tenta de l’en empêcher enmettant des obstacles sur son chemin. Cependant, quand Bilaam lui dit: “Etmaintenant, si cela te déplaît (comme s’il ne savait pas que c’était le cas),je m’en retournerai”. L’ange lui rétorqua: “Pars avec ces gens”.

Car, “l’homme qui désire s’engager dans une certaine voie, on l’y conduit”. Pour le bien ou le pire. Ce fut le cas pour le directeur spirituel de la Yéchiva de Kaménitz pour la prière et il mérita d’accumuler des mérites en complétant le minyan de l’office du matin tandis que Bilaam fut conduit à sa perte. Rav Moché Bénichou