Le début de la Paracha nous apprend que Yitro, le beau-père de Moché Rabénou, a entendu les prodiges de la Sortie d’Égypte, à la suite de quoi il s’est converti au judaïsme. Rachi rapporte que deux évènements majeurs ont été les moteurs de sa décision: la traversée de la mer rouge et la guerre d’Amalek. Le premier évènement est connu de tous: la traversée à pied sec de plusieurs millions de personnes ainsi que l’engloutissement de l’armée de Pharaon. Le deuxième est moins connu, c’est qu’à peine notre peuple sorti d’Égypte, le peuple d’Amalek prend les armes pour le combattre. Le Rav Lopian ( Machguiah à la yéchiva de Kfar Hassidim , décédé en 1970) pose la question suivante: on comprend que les prodiges de la traversée de la mer aient poussé Yitro à se convertir, mais en quoi la guerre d’Amalek a-t-elle été aussi le moteur de sa conversion? Il répond en disant que cela ressemblait à ce que l’on a connu après la Choah : une partie des gens très éloignés de toute Thora, en voyant les atrocités qu’a perpétrées le peuple allemand, ont fait Téchouva. C’est précisément le fait que le peuple le plus cultivé d’Europe ait pu s’adonner à tant de cruauté qui a entrainé chez ces juifs très assimilés un mouvement de Retour. Le Rav explique qu’ils ont perçu dans tout ce déchainement de violence que c’était le fait d’un manque de crainte… du Ciel. Cette crainte protège l’homme et l’empêche de se comporter bestialement. De la même manière, ce qui a impressionné Yitro, c’est qu’une même information, celle des miracles de la traversée de la mer aurait dû entrainer une attirance des nations vis-à-vis du peuple juif. Chez Amalek, c’est tout le contraire: il a mené le combat pour ne pas laisser de place à la spiritualité dans ce monde. Son manque de croyance dans le Créateur du monde, c’était la vraie raison de son combat contre Israël. Et c’est par rapport à cette attitude que Yitro s’est engagé aux côtés du Clall Israël.
QUI DOIT-ON LE PLUS HONORER: LE TALMID ‘HAKHAM OU LE BAAL TECHOUVA ?
Le Machguiah de Poniovitch, le Rav Lévinstein, apprend du début de la Paracha que Yitro a fait dépendre ses honneurs et ses mérites de son gendre Moché Rabenou. En effet il est dit « Yitro, le beau-père de Moché Rabenou, etc. » et Rachi de souligner que dans la paracha de Chémot il est écrit lorsque Moché est revenu du buisson ardent: « Moché s’est installé auprès de son beau-père Yitro ». C’est-à-dire que le mérite de Moché était d’être le gendre de Yitro ! Le Rav enseigne de là un grand principe. Au départ, avant que la Thora ne soit donnée au Clall Israël, la grandeur de l’homme était fonction de sa recherche du Emeth(la vérité). Yitro était le grand prêtre païen de Midianne. Et après avoir essayé tous les cultes idolâtres, il a finalement adopté la Thora et les Mitzvots. Donc au commencement le verset accorde le mérite à Yitro plutôt qu’à Moché Rabenou.
Mais après le Don de la Thora, Yitro fait dépendre sa fierté de Moché Rabenou. C’est-à-dire que celui qui a une recherche du Emet s’annule et élève dans son estime celui qui possède cette vérité! Car, Moché Rabenou, c’est Lui qui était le réceptacle de la Parole d’Hachem sur terre (Ce Hidouch suit l’opinion qui affirme que Yitro est venu après le Don de la Thora. D’après la deuxième opinion –rapporté dans Rachi qui soutient que Yitro s’est joint au Clall Israël avant Matan Thora, on pourra répondre que Moché Rabenou avait suffisamment de mérite aux yeux de son beau-père parce qu’il a fait sortir le peuple de l’esclavage). D’après ce qui a été énoncé on pourra l’extrapoler à notre génération bénie de Baalé Téchouva. On voit des gens très éloignés de Thora et Mitzvots qui font des virages à 180°, pourtant il reste que le vrai Kavod/les honneurs doit être accordé à celui qui possède la sagesse de la Thora.
Y A-T-IL UNE MITSVA D’HONORER SES BEAUX-PARENTS ?
Dans la Paracha on voit que Moché Rabénou est allé à la rencontre de Yitro, son beau-père, et Rachi souligne que lorsqu’il est sorti de sa tente en direction de Yitro, Aharon son frère l’a suivi, puis les anciens du Clall Israël et enfin le peuple tout entier! Est-ce que de là on peut conclure qu’il y a une Mitzva d’honorer ses beaux-parents?
A vrai dire, le Gaon de Vilna (Y.D 248,32) rapporte le Yalqout(18,7) qui apprend du verset: « Moché Rabenou s’est prosterné et a embrassé son beau-père, etc. » qu’il y a une Mitzva de la Thora d’honorer son beau-père (comme on doit honorer ses parents !). Mais d’autres grands décisionnaires tranchent différemment (le Chah’ sur le Choulhan Arouh’ 248) : que ce n’est qu’une injonction des Sages. Une des preuves qu’ils ramènent c’est que sa propre épouse est exempte d’honorer ses parents, car les besoins du mari et de la maison passent en premier. Et si c’était vrai que le mari est redevable d’honorer ses beaux-parents d’après la Thora, il n’aurait pas la faculté d’exempter sa femme d’une obligation qu’il a lui-même! Dans tous les cas, que ce soit de la Thora ou des Sages, on devra certainement des honneurs à nos beaux-parents pour le fait qu’ils ont éduqué et fait grandir notre épouse!
Rav David Gold
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