« Si dans mes statuts vous marchez et mes Mitsvot vous gardez, vous les faites… je donnerai leur pluies en leur temps…vous aurez du pain à manger en abondance, et vous demeurerez en sécurité dans votre pays. Je ferai régner la paix dans ce pays, et nul n’y troublera votre repos ; je ferai disparaître du pays les animaux nuisibles, et le glaive ne traversera point votre territoire… » (Vayikra 26 ; 3-6)
Comment pouvoir bénéficier de ces magnifiques bénédictions ? Et qu’est-ce que signifie « marcher dans les statuts d’Hachem » ?
Le Or Ha’haïm Hakadoch offre rien que sur ces mots 42 explications différentes !
Et voici ces mots pour la septième explication : « Dans les Pirkeï Avot (4;14) il est enseigné “Exile-toi dans un lieu de Torah… (…)” c’est-à-dire qu’il faut aller d’endroit en endroit pour acquérir la Torah, comme l’explique la Guémara (‘Haguiga 5b) : tous s’exilaient pour aller étudier. Certains partaient pour six mois, et revenaient un seul jour pour s’occuper de leurs affaires. Tel est le sens du verset : “si dans Mes statuts (…)” : il évoque l’étude de la Torah pour laquelle il faut marcher [s’exiler]. En effet, pour se consacrer librement à l’étude, il n’est pas possible d’étudier chez soi, car celui qui reste chez lui sera sans cesse détourné de son étude par des soucis d’ordre ménager. C’est pourquoi “l’homme doit abandonner son père et sa mère” et quitter l’endroit où il est pour aller à la recherche de la Torah.»
Selon les paroles du Or Ha’haïm Hakadoch, Hachem exige que nous nous exilions pour la Torah, que nous nous arrachions de notre cocon pour pouvoir avancer, c’est la condition sine qua non pour acquérir et intégrer la Torah.
Pour avancer et s’élever dans la vie il faut savoir parfois se déconnecter de son environnement, savoir faire le tri autour de soi, ce qui est nuisible où pas, que ce soit des personnes ou des objets. Il y a parfois des gens autour de nous qui nous empêchent d’avancer, ils nous retiennent !!!
A ce sujet le Rav Pinkus Zatsal rapporte l’histoire suivante : En observant la grande porte du grand Beth Hamidrach de la yéchiva, il constate après un calcul simple qu’elle parcoure chaque jour plusieurs centaines de kilomètres… La porte est poussée chaque matin par plus de 300 barou’him (étudiants) qui rentrent pour la téfila. Pour chaque poussée exercée la porte parcours 2 mètres (ouverture-fermeture). Multiplions par les 300 élèves qui rentrent chaque matin dans le Beth Hamidrach cela représente 600 mètres. Ensuite ils sortent pour aller prendre le petit déjeuner, donc encore 600 mètres, puis ensuite il retourne au Beth Hamidrach pour étudier encore 600 mètres… ainsi de suite… une douzaine de fois par jour ce qui fait environ à la fin de la journée 6-7 kilomètre, à la fin de la semaine une cinquantaine…. et pourtant après déjà plusieurs années en poste à la yéchiva, avec des milliers de kilomètres au compteur, elle n’a pas bougé !!! Mais pourquoi ? comment se fait-il?! La voiture elle avance, mais cette pauvre porte est là !! C’est tout simplement parce qu’elle est attachée !!! Elle bouge certes, mais n’avance pas, et ce sera ainsi tant qu’elle sera attachée !! Le vrai problème c’est que l’on a peur du regard des autres, ne plus être comme tout le monde… Mais est ce que le juif doit être comme tout le monde pour réussir ?
Prenons par exemple les anglais, ils n’ont honte de personne. Leur volant est à droite, ils roulent dans l’autre sens, ils ne mesurent pas en mètre, n’utilisent pas les euros, ils sont restés eux mêmes, majestueux! Ils ont su resté authentique.
Nos Sages nous enseignent : « Mieux vaut pour l’homme être traité de fou toute sa vie plutôt que d’être mauvais un seul instant aux yeux de D.ieu. » Le Rav Sitruck Zatsal disait « Mieux vaut le courage de la solitude, que la lâcheté de la société ». La Guémara (Kétouvot 17a) nous enseigne : « Et si l’on vient te dire qu’il faut toujours mêler son esprit à la société : réponds que c’est d’accord s’il s’agit d’hommes qui se conduisent comme des hommes, et non comme des animaux. »
« Si dans mes statuts vous marchez et mes Mitsvot vous gardez….» (Vayikra 26;3) C’est aussi marcher dans les voies de la halakha nous dit aussi le Or Ha’haïm Hakadoch. La Halakha qui est avant tout le code de lois régissant toutes les facettes de la vie du Juif. Étudier et observer la halakha assure la survie de chacun d’entre nous. Rachi explique que la Torah inculque la voie à suivre et permet de s’écarter du péché. Comme nous le disons tous les matins dans la téfila : «כָּל הַשּׁוֹנֶה הֲלָכוֹת בְּכָל יוֹם, מֻבְטָח לוֹ שֶׁהוּא בֶּן הָעוֹלָם הַבָּא, שֶׁנֶּאֱמַר הֲלִיכוֹת עוֹלָם לוֹ, אֶל תִּקְרֵי הֲלִיכוֹת, אֶלָּא הֲלָכוֹת quiconque étudie tous les jours les lois est assuré d’accéder au monde futur, car il est dit ”les chemins du monde lui appartiennent”, ne lis pas ”chemins/הֲלִיכוֹת” mais ”lois/הֲלָכוֹת ”».
On ne doit pas faire comme ceux qui déclarent : « Je préfère ne pas savoir !… » en se disant que leur ignorance les dispensera du châtiment.
Le ‘Hafets ‘Haïm (Ahavat Hessed 2ème partie, chapitre 9) explique que le mauvais penchant n’abandonne jamais ses tentatives de persuader la personne de se montrer moins strict dans l’observance des Mitsvot et de se dire : « Quel besoin as-tu de connaître ta grande responsabilité de pratiquer la bonté ? N’est-il pas préférable de l’ignorer, de façon à demeurer dans la catégorie de ceux qui pèchent sans intention et ne pas faire partie de ceux qui pèchent de façon délibérée ? »
Le ‘Hafets ‘Haïm raconte qu’il a entendu la réponse donnée à cet argument par l’un des grands érudits de sa génération. Il expliquait qu’on peut comparer cette attitude à celle d’un homme pensant que s’il gardait les yeux fermés en marchant, ce ne serait pas sa faute s’il trébuchait et tombait. Ce sage avait rapporté la parabole suivante :
Un homme sur le point de prendre la route reçoit le conseil d’éviter un certain trajet car la route, à cet endroit, est parsemée de crevasses et d’embûches. « J’ai une façon de résoudre ce problème, répond-il. Donnez-moi une écharpe ». « A quoi te servira une écharpe ? lui demandent ses compagnons. « Je m’en servirai pour me couvrir les yeux, leur explique-t-il. De cette façon, personne ne pourra se moquer de moi si je tombe car, comme je n’y vois rien, je n’aurais de toute façon pas pu éviter la crevasse !… »
Cette « stratégie » est accueillie par des éclats de rire. « Imbécile! lui disent ses compagnons. C’est précisément parce que tu t’es couvert les yeux alors que tu aurais pu t’en servir pour éviter les embûches qu’on se moquera de toi ! »
De la même façon, le yétser hara conseille à l’homme de marcher les yeux fermés pour ne pas connaître ses obligations (en Torah). Il croit pouvoir se justifier en disant : « Je ne connaissais pas mes obligations car j’avais les yeux fermés… » En réalité, cela ne fera qu’aggraver son cas car on lui reprochera d’avoir fermé les yeux.
« Si dans mes statuts vous marchez et mes Mitsvot vous gardez….»
S’exiler, pour étudier, nous permettra de nous instruire et connaître la Halakha. Ainsi nous pourrons avancer les yeux ouverts, éviter les embûches et bénéficier de toute les bénédictions promises.
Rav Mordekhai Bismuth
Chabat Chalom
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