Notre Paracha est une belle introduction à la fête qui s’annonce prochainement : Chavouot (la fête du Don de la Thora). Elle commence par :”Im Béhouquotaï Télhou Véhet Mitsvotaï Tichmérou Véassitem etc…“/ Si vous allez d’après mes décrets et gardez mes lois et mes commandements…” les versets qui suivront, décrivent une série de grandes bénédictions comme la prospérité et la paix.
Les Sages, de mémoire bénie, demandent dans le Midrash (Torat Cohanim, rapporté dans Rachi) de quels décrets s’agit-il (Béhouquotaï) ? Et le Midrash de continuer :” Si on considère que “les décrets” sont une allusion à l’application des Mitsvots, ce n’est pas juste car le verset fait de suite mention (d’une manière explicite) à l’application des Mitsvots (“Véhet Mitsvotaï Tichmérou”). Donc lorsqu’il est mentionné “Voici ces décrets” il s’agit (toujours d’après les Sages) du Amal BA Thora / l’effort dans l’étude de la Thora. C’est-à-dire que l’assiduité dans l’étude est la clef des plus grandes bénédictions pour la communauté juive parmi lesquels :” le glaive des ennemis ne seront pas visibles en Terre Sainte”….
[On aura appris cette semaine quelque chose : la multiplication des Yéchivots et des collelims en Erets, et dans le monde, est le gage de la sécurité de Sion et aussi des communautés de Gola (de partout dans le monde). Il serait donc judicieux que si parmi mes lecteurs (toujours de plus en plus nombreux…Quen Yrbou) qui ont un “long bras” (auprès du ministère de la défense) qu’ils leur fassent savoir au plus vite cette donnée, afin de permettre aux contribuables israéliens de payer moins d’impôts au trésor de l’Etat.]
Cependant il ne s’agit pas que d’efforts intellectuels (sans souci de faire vivre son étude dans la vie de tous les jours) car dans la suite il est écrit, “Vous garderez les Mitsvots”. C’est-à-dire que l’étude de la Thora n’a de valeur que si l’on veille à son application. Par exemple, dans le Collel du Rav Acher Bra’ha Chlita de Raanana, où j’ai le mérite d’étudier la Thora toute la journée, l’étude très approfondie est portée sur les lois du Chabat, en particulier, les lois du “Mouqtsé”. (Ce sont des objets que l’on ne peut pas déplacer durant le jour saint du Chabat). Donc si, à D.ieu ne plaise, le Chabat qui suit ma semaine chargée, je viens à ne pas faire cas de toute les catégories de Mouqtsé et je déplace librement, par exemple, en prenant à la main mon ordinateur portable, alors qu’il était placé malencontreusement sur une chaise, j’aurais enfreint les lois du Mouqtsé (car un portable n’est pas déplaçable même si j’ai besoin de l’endroit où il est posé. Ce qu’on appelle Mouqtsé Méhamat Hissron Kiss) et toute mon étude de la semaine (8 heures fois 5) n’aurait plus aucune valeur… Il aurait mieux valu que je passe ma semaine à l’ombre des cocotiers. Qui plus est, toutes les bénédictions, propres à l’étude de la sainte Thora, ne se déverseraient pas dans le monde. Dans le judaïsme authentique, il ne peut y avoir dissociation entre la pratique et l’étude.
Autre point à noter. Le verset emploie l’expression “Télkhou” c’est-à-dire “aller”. Si vous allez d’après mes décrets (les efforts)”. Le saint Or Ha’haim enseigne que c’est un sous-entendu au fait qu’un homme doit veiller à ce que lors de ses déplacements il fasse une place à la Thora. (A l’exemple de tous ces Rabanims qui, lors de leurs voyages en avion passent leur temps à l’étude de la Guémara, et non à regarder les feuilletons très intéressants ou les revues du Duty free). Donc c’est l’idée que l’étude de la Thora doit remplir la vie de l’homme, et ne pas être seulement confinée au Beth Hamidrash (ce qui est déjà pas mal…).
Le terme employé pour désigner l’étude de la Thora c’est Béhouquotaï/ Mes décrets. Peut-être est-ce aussi une allusion au fait que l’étude de la Thora orale la Guémara est d’accès rugueux. Je m’explique, pour bon nombre d’esprits cartésiens, le Talmud déroute l’esprit des étudiants formés d’après le modèle éducatif européen. En effet, le Talmud ne ressemble en rien avec, LéAvdil, les manuels du droit du commerce ou civil. Car d’une manière générale les matières séculaires enseignent des théorèmes de bases d’après lesquels s’articulera le cas étudié. Or, dans la Guemara il n’y pas de principe directeur au départ. C’est une suite de discussions et de controverses entre plusieurs avis (Rabanims du temps de la Guémara…). C’est à l’enseignant, le Rav qui donne le cours, de faire ressortir les conclusions et d’éclairer la route sinueuse à son élève. Autre chose encore, il est possible que la Guémara traite pendant plusieurs pages d’une hypothèse qui au final sera repoussée. Malgré tout, la sainteté de la Thora s’appliquera même à ces textes qui ne seront pas conservés en conclusion.
Le Kéli Yakar note que “Béhouquotaï” est un sous-entendu au fait que notre étude doit avoir des heures fixes. Peu importe les imprévus, un homme doit fixer un temps dans sa journée pour l’étude, “Hoq Velo Yavor”/ quoi qu’il arrive…
Je finirais par une anecdote que j’ai lu sur le Prince de la Thora, Rabbi Haïm Kanievski Zatsal, que le Clall Israël vient de perdre et c’est certainement à cause de cette grande perte qu’on vit en Terre Sainte une période très mouvementée, car Et pour cause, le Tsadiq et l’éminent Talmid Haham n’est plus là pour protéger son peuple… Une fois est venu un père avec son fils voir le Rav afin qu’il donne sa bénédiction à l’enfant. Le garçon avait atteint les 13 ans, l’âge de sa Bar Mitsva. Le Rav donna sa bénédiction et le père de famille ému lui dévoila : “les médecins m’ont informé que j’ai une maladie gravissime qui siège, Lo Alénou, dans mon corps, c’est juste une question de temps. Ils me préconisent de devancer la date de la Bar Mitsva afin que je puisse y assister car dans quelques semaines, d’après leurs conclusions je ne serais plus de ce monde. Le père avait des larmes aux yeux. Le Rav Kanievski lui demanda :”fixes-tu un temps pour l’étude de la Thora ?” le père répondit “je suis Avreh'”. Le Rav reposa sa question, ” fixes-tu un temps d’étude ?” Le père ne comprenait pas le sens de la question puisqu’il lui avait déjà répondu qu’il était Collelman passant sa journée à l’étude au Colell. Le Rav Kanievski lui sourit (dommage qu’on n’est pas vu son visage) et lui dit “ma question est de savoir si tu as dans la journée une étude qui te plait (même de quelques minutes) que tu aimes et que tu annules en aucune circonstance! L’Avreh réfléchit et dit : “si je prends sur moi cette régularité dans mon étude, je continuerai à vivre ? Le Rav lui donna sa bénédiction…Le père de famille revint à la maison, en ayant décidé de fixer coûte que coûte un moment d’étude qu’il ne déplacerait pas dans la journée… Les résultats furent, que dans les deux semaines qui suivirent, les médecins, firent à nouveau des examens et la maladie avait disparu ! Notre grand malade assista donc à la Bar Mitsva de son fils à la bonne date… Et il vivra encore de très longues années.
Rav David Gold
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