28 Tamouz 5782
1. Il n’y a pas de deuil pendant Shabbat. Appliquée au Shabbat 9 Av, cette directive implique qu’il n’y aura pas cette année de Seoudat Mafseket – le repas d’endeuillé que nous mangeons par terre avant Tisha béAv. L’on devra au contraire consommer normalement la Séouda Shelishit –le 3e repas du Shabbat, en fin d’après-midi– jusqu’au coucher du soleil, en consommant toutes sortes de plats, de viande et de vin. L’on dressera ce repas dans la joie, en chantant, comme il est d’usage.
2. Nous expliquions cependant que, de manière générale, un endeuillé se doit de respecter à Shabbat les lois de Aveilout béTsinea – le deuil discret. D’où la question : lorsque le 9 Av tombe Shabbat mais que l’on reporte le jeûne au lendemain, quel statut prend la date du Shabbat 9 Av ? Cette date demeure-t-elle un jour de deuil potentiel, mais qui, à défaut de pouvoir être marqué à la date prévue, est ‘rattrapé’ le lendemain 10 Av ? Ou bien, nos Maîtres ont-ils décrété que dans cette configuration, on marquera le deuil de Jérusalem à la date du 10 Av?
Autrement dit, si vous préférez les questions concrètes : à Shabbat 9 Av, doit-on préserver les lois de Aveilout béTsinea [le deuil discret] ?
Cela fait l’objet d’une discussion : le Choul’han Aroukh permet d’accomplir la Mitsva conjugale à Shabbat 9 Av, tandis que l’usage ashkénaze est de s’en abstenir, à cause des lois de Aveilout béTsinea. [ch.554 §19]
Le Avnei Nezer explique que ces avis sont partagés sur la question évoquée : le 1er pense que dans notre configuration, le jeûne et le deuil sont a priori instaurés pour le 10 Av, et il n’y a donc lieu de ne garder aucun usage de deuil le Shabbat 9 Av. Le Rama estime quant à lui que le jour de deuil reste potentiellement le 9, et requiert de ce fait de respecter au moins les lois de Aveilout béTsinea pendant Shabbat.
Cette discussion impliquera de nombreuses conséquences.
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