15 novembre 2024

Le Rambam (Beit abé’hira, chapitre 8) explique que la garde du Temple de Jérusalem est un commandement positif. Bien qu’il n’y ait à craindre ni ennemis, ni voleurs, il faut monter la garde pour l’honorer: un palais prend toute sa majesté quand il est entouré d’une garde royale. Pourquoi ne redoutait-on pas les cambriolages au Temple ? Il parait qu’il était rempli d’or à perte de vue ! Des arbres sur l’esplanade (Yoma 21b), une grappe de raisin géante à l’entrée du palais, une broche géante (Yoma 37a), tout ça en or massif.

Quand les Grecs envahirent Israël, leur dirigeant, Antiocus convoita les trésors du Temple. Il chargea son général en chef, Elidorus, d’aller piller le butin sacré. Le Cohen gadol le mit en garde, les Cohanim se mirent à redoubler de prières, mais Elidorus ne se décontenança point. Il pénétra dans le palais et fut ébloui par la splendeur des objets en or massif. C’est alors qu’un cheval en or se mit à galoper dans sa direction. Il fut à son niveau en une fraction de seconde et le général grec fut alors frappé par les deux anges en or qui chevauchaient le cheval. Elidorus fut évacué du Temple, blessé et aveuglé. Tout le peuple se mit à entonner des louanges à Dieu qui avait fait imposer le respect de son sanctuaire aux yeux du monde.

Quand Elidorus se présenta devant son roi, il lui dit : “si tu as des ennemis dont tu veux te débarrasser, envoie-les essayer à leur tour de ramener le butin du Temple. Car l’Eternel réside dans cet endroit et quiconque essayerait de mettre la main sur son butin sera mis à mort”. Vous avez certainement bien compris maintenant pour quelle raison il n’y avait pas besoin de monter la garde dans le Temple pour éviter des cambriolages !

On raconte dans le livre “La Djerba juive” (page 42) que la fameuse synagogue “El Djerba” fut suivant la tradition construite par des Cohanim qui fuirent le premier exil et qui amenèrent avec eux une des portes du Temple. La synagogue était d’une grande sainteté, les portes de l’armoire qui abritait les sifré Torah étaient plaquées or et les coffrets des sifré Torah étaient en argent massif. Malgré la profusion d’or et d’argent, personne n’avait jamais osé y dérober la moindre chose, pas même les Arabes. Il advient un jour que passa une caravane de chameaux devant la synagogue et les Arabes décidèrent de s’emparer de jarres d’huile qui se trouvaient devant la synagogue. Ils descendirent des chameaux, pénétrèrent dans la cour de la synagogue pour s’emparer des jarres et les charger sur le dos de leurs chameaux. Ils se félicitèrent d’avoir réussi l’opération sans se faire repérer, ils remontèrent vite sur les chameaux en leur ordonnant de se relever. Mais les chameaux ne bronchèrent pas et malgré les cris et les coups, ils refusèrent de prendre la route. Les brigands comprirent qu’il se passait quelque chose de surnaturel à cause de la grande sainteté du lieu. Ils furent obligés de renoncer à emporter leur butin et ils remirent les jarres où ils les avaient dérobées. Ce n’est qu’alors que les chameaux se relevèrent, tous ensemble sans aucune hésitation, à l’exception d’un d’entre eux. Impossible de le faire bouger jusqu’à qu’on s’aperçoive qu’il était resté un petit bout de paillasse qui provenait de la synagogue sur le dos du chameau. Et ce n’est qu’après avoir restitué ce bien que le chameau accepta de reprendre la route avec ses compagnons. Si ces animaux furent si sensibles à la sainteté du lieu, alors ne serions-nous pas nous aussi capables de ressentir du respect et de la crainte quand nous sommes à la synagogue ou à la maison d’étude !!

Rav Moché Bénichou