«Hachem dit à Moché : Est-ce que le bras d’Hachem est trop court ? » (Bamidbar 11, 23)
Cet appel constitue un encouragement pour chaque juif à repousser de son cœur toute inquiétude convaincu que son Père Céleste s’occupe de tous ses besoins.
Il est fréquent, en effet, que lorsque naissent des sujets d’inquiétude importante ou non, dans le domaine spirituel et plus encore matériel, une personne s’y morfonde. Elle ne cesse de penser : « Que va-t-il advenir de mes revenus qui demeurent insuffisants pour vivre, quel sera mon sort dans les Chidoukhim, quand viendra la guérison ou la délivrance, comment parvenir à m’affranchir d’untel qui me fait concurrence ou d’un autre qui n’arrête pas de ternir ma réputation ? » Ce sera alors le moment de savoir que ces épreuves ont un but unique : le Créateur désire que Ses enfants aient confiance en Lui et prennent conscience que, sans Son aide, rien de petit ou de grand n’est possible. De cette manière, l’homme trouve la sérénité et la tranquillité d’esprit, d’autant plus qu’en réalité, cette inquiétude n’a aucun fondement. En effet, rien ni personne ne peut lui nuire ni lui venir en aide, lui causer la moindre perte ou lui apporter le plus petit profit, si cela n’a pas été décrété par Hachem, Créateur du Ciel et de la Terre.
La Guémara (Sanhédrine 106b) enseigne que ”la Torah de Doèg le Edomite n’était que superficielle”. (Doèg fut le conseiller du Roi Chaoul. Erudit en Torah, il fait néanmoins partie des quatre personnages bibliques qui n’ont pas de part au Monde Futur pour avoir discrédité David et ceux qui l’aidèrent dans sa fuite et provoqué ainsi l’exécution par Chaoul de Nov, une ville entière de Cohanim, n.d.t) Certains expliquent cette Guémara de manière allusive (en s’appuyant sur le nom Doèg qui signifie en hébreu ”s’inquiéter”, n.d.t) : un homme qui s’adonne à l’étude de la Torah et qui est constamment en proie à la crainte et à l’inquiétude, tant dans le domaine spirituel que matériel (au sujet de sa subsistance ou de ses autres besoins) témoigne par cela que sa Torah demeure superficielle. Car l’étude a pour effet d’imprégner le cœur de l’homme d’une foi intègre dans le Saint-Béni-Soit-Il et, par conséquent, de repousser toute inquiétude lorsqu’il doit faire face aux vicissitudes de l’existence. Au contraire, il est convaincu que tout ce qui lui arrive provient de son Père Céleste et ne peut lui être que bénéfique.
Un homme richissime avait une fille unique parée de toutes les vertus, Lorsque celle-ci arriva en âge de se marier, son père envoya un émissaire à l’un des plus grands Roch Yéchiva en lui demandant de lui trouver un mari érudit en Torah, craignant D. et doté des meilleures qualités. Le ‘Hatan pouvait, promit-il, être sûr de ne manquer de rien. Toutes les dépenses du mariage seraient à son compte et son gendre vivrait à sa charge durant toute son existence. Avec l’aide de D., il n’aurait donc jamais à s’inquiéter de sa subsistance ni d’aucun besoin. Quelques jours après, le Roch Yéchiva fit savoir au père qu’il avait un Ba’hour d’une érudition sans pareille et animé d’une crainte d’Hachem sans compromis qui convenait parfaitement à ses exigences. Sur le champ, le riche se mit en route avec émotion dans l’intention cependant de tester les connaissances du dit Ba’hour dans les sujets talmudiques les plus ardus. Il comptait en outre vérifier de près sa conduite. Le ‘Hatan fit, en effet, preuve d’une érudition immense dans tous les domaines de la Torah et lui fit bonne impression quant à ses traits de caractère. Le père qui ne cessait de s’émerveiller de ses connaissances si vastes en Torah associées à un esprit acéré sans pareil, décida qu’il serait son gendre.
Lorsqu’arriva l’heure de conclure l’union et de lever les verres en l’honneur de l’heureux événement et alors qu’on était sur le point de ”casser l’assiette”, le Ba’hour demanda au père quelle somme il prévoyait de donner en dot… Ce dernier se leva brusquement, se dirigea vers le Roch Yéchiva et lui annonça que le Chidoukh était annulé et qu’il refusait catégoriquement de donner sa fille à un tel Ba’hour. Le Rav, surpris, lui demanda s’il s’était aperçu chez lui d’un quelconque manque de connaissances ou de crainte de D., ou encore s’il avait découvert un défaut caché.
« Ses connaissances en Torah et sa crainte de D. sont immenses, répondit le père, et il est promis à un grand avenir. Cependant, son manque de bon sens n’a d’égal que sa stupidité. Toute la ville connaît la grandeur de ma richesse et la réputation de ma famille. Tous savent également que je ne possède qu’une fille unique. Cela signifie que tous mes biens sont destinés à ma fille et à son mari depuis le jour du mariage et en particulier, après 120 ans lorsqu’ils seront mes uniques héritiers. Par conséquent, ses doutes quant au montant de la dot, traduisent un manque de perspicacité évident et pour rien au monde je ne le prendrai comme mari pour ma fille ! »
Cette histoire est un exemple de notre situation : pourquoi s’inquiéter de de la manière dont notre subsistance nous parviendra ? N’est-il pas écrit : « L’argent est à Moi l’or est à Moi, parole du D. Tout puissant » (‘Hagaï 2, 8) ? Le monde entier et tout ce qu’il contient est Sa propriété. Sa richesse (si on peut dire !) est connue de tous et de plus, les Bné Israël sont Ses enfants bien-aimés, comme il est dit (Jérémie 31, 19) : « Ephraïm est mon fils chéri, mon enfant de prédilection », à l’instar de l’enfant unique de ce père richissime. Dès lors, si un juif s’inquiète encore en se demandant constamment ”d’où me viendra l’aide nécessaire ? Comment pourvoirai-je aux besoins de ma famille ?”, il ressemble à ce Ba’hour et à sa question insensée :”combien recevrai-je en dôt ?”. Ne comprend-il pas qu’en recevant pour femme la fille de ce riche, il recevra également tout ce dont il a besoin ?
Il en est de même de chaque juif : il doit se rappeler que son Père Céleste est présent en permanence et lui promet qu’il ne manquera de rien, comme il est dit: « Rien ne manque à ceux qui le craignent.» (Téhilim 34, 10)
Rav Elimélekh Biderman Chlita
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