15 novembre 2024

Bénédiction, avec combien de mains?

Lorsqu’un homme bénit ses enfants le vendredi soir, ou bien lorsqu’un sage bénit ses élèves, quel est l’usage le plus juste ? Doit-il poser ses deux mains sur la tête de la personne qui reçoit la bénédiction, ou bien doit-il poser qu’une seule main ?

Réponse :

Dans la précédente Halah’a, nous avons expliqué l’interdiction pour un homme du peuple d’Israël qui n’est pas Cohen, de bénir des personnes en employant le texte de la Birkatt Cohanim, lorsqu’il pense accomplir le devoir ordonné exclusivement aux enfants d’Aharon, comme lors de la Birkatt Cohanim pendant la répétition de l’officiant.

À présent, nous en arrivons à traiter de la façon de procéder lorsqu’on pose les mains sur la tête d’une personne qui désire être bénit, puisque les Cohanim agissent ainsi en levant leurs deux mains vers les têtes de l’assemblée lors de la Birkatt Cohanim. Nous devons donc définir l’usage à adopter lorsque l’on bénit les enfants ou autres.

Le Torah Témima émet une critique sur un usage qui était en vigueur dans sa ville, et selon lequel on se bénissait mutuellement lors des repas de mariages, où chacun plaçait ses deux mains sur la tête de l’autre.

Selon le Torah Témima, un tel usage représente apparemment un interdit, car il est interdit de bénir comme le font les Cohanim, comme nous l’avons expliqué dans la précédente Halah’a.

Il termine en disant avoir entendu d’un homme crédible que lors du mariage du Gaon Rabbi Yéh’ézkel LANDAU – qui fut l’un des Dayanim de Vilna – le Gaon Rabbi Eliyahou (le Gaon de Vilna) bénit le jeune marié en ne plaçant qu’une seule main sur sa tête. Lorsqu’on lui en demanda la raison, il répondit que seuls les Cohanim étaient habilités à utiliser les deux mains pour bénir dans le Beth Ha-Mikdach.

Dans son livre Tosséfett Bérah’a, il explique qu’il y a en réalité une interdiction de poser les deux mains sur la tête de la personne qui reçoit la bénédiction, car la Birkatt Cohanim est interdite pour un juif qui n’est pas Cohen, et c’est pourquoi le Gaon de Vilna exigea de ne placer qu’une seule main sur la tête de celui qu’il désira bénir.

Cependant, notre grand maître le Rav Ovadia YOSSEF Chlita réfute les propos du Torah Témima sur ce point. En effet, puisqu’il n’y a là ni réelle Birkatt Cohanim, ni même une intention de réaliser la Mitsva de Birkatt Cohanim, le fait de poser les deux mains ne constitue aucun interdit. C’est d’ailleurs l’usage de nombreux sages et Tsaddikim qui n’ont pas d’exigences particulières sur ce point et bénissent en plaçant les deux mains sur la tête de la personne qui désire une bénédiction, sans prendre en considération le moindre interdit. Il faut donc expliquer l’usage du Gaon de Vilna différemment.

Sur le plan pratique, certains de nos maîtres les Kabbalistes ont écrit qu’il faut veiller à toujours placer les deux mains lorsqu’on bénit. C’est aussi l’opinion du Gaon Ya’abets dans son Siddour où il précise qu’il faut veiller particulièrement à placer les deux mains lorsqu’on bénit, et il atteste que tel était l’usage de son illustre père le Gaon H’ah’am Tsévi. Il cite une explication dévoilée à cela, mais aussi une explication au sens caché. Par opposition à l’opinion qui pense qu’il faut bénir exclusivement en posant qu’une seule main.

Le Gaon Rabbi H’aïm PALLAG’I écrit dans son livre Néfèch Kol H’aï que l’auteur du livre H’emdatt Yamim tranche qu’il faut veiller à bénir exclusivement avec une seule main, et celle-ci doit être la droite. (Tel est l’usage de notre maître le Rav Chlita).Il cite également les propos du Gaon Ya’abets mentionnés plus haut, qui atteste au contraire que l’on doit bénir exclusivement avec les deux mains, mais il termine en disant qu’il n’y a pas d’exigences particulières sur ce point. Il est préférable de bénir avec les deux mains, mais il est également suffisant d’en utiliser qu’une seule, comme tel est l’usage de nombreux grands de la Torah au fil des générations.