«et tu raconteras à ton fils…et tu porteras comme signe sur ton bras et comme symbole entre tes yeux » (chémot 13;8-9)
Pourquoi la Mitsva de raconter la sortie d’Égypte est-elle juxtaposée à celle de mettre les Téfiline ? Quel lien existe-t-il entre ces deux Mitsvot ?
La Torah nous ordonne de raconter la sortie d’Égypte à nos enfants, comme il est dit: «Ce jour-là, tu raconteras à ton fils…» (Chemoth 13, 8). Quel est ce jour-là ? Qu’a-t-il de si particulier ?
Pourquoi avons spécifiquement besoin de le raconter à notre fils et pas à notre conjoint ou ami ?
Dans la Hagada de Pessa’h nous lisons chaque année, « et celui qui ne sait pas poser de questions, tu l’initieras, comme il est dit : “Tu raconteras à ton fils ce jour-là…” »
La Torah accorde une place primordiale à nos enfants, c’est par eux que la transmission se fera, et que notre peuple pérennisera.
Le Rav Pinkus Zatsal explique lorsqu’un homme se rend à la synagogue pour aller prier ou étudier, il sent qui s’y rend pour les besoins d’une Mitsva, faire la volonté d’Hachem. Cependant cette même personne lorsqu’il s’assoit avec son fils pour étudier 30 minutes en répétant une section de Guémara ou de ‘houmach, il a l’impression de sacrifier son temps pour son fils. Il sent qu’il « perd » son temps avec lui.
Tout le temps de cette étude, il regardera constamment sa montre, signe que cette étude lui pèse, et qu’il a bien mieux à faire que d’étudier avec un enfant. Et le Rav Pinkus, explique que bien évidemment, l’attitude de ce père est erronée.
Accomplir une Mitsva, c’est prendre de son temps pour l’accomplir. De même que l’on ne regarde pas sa montre lorsque l’on prie (j’espère), ou lorsque l’on est assis lors des repas du Chabat, il en sera de même lorsque nous étudions avec nos enfants, car c’est aussi une Mitsva, comme il est dit « tu enseigneras [les paroles de la Torah] à ton fils » (Devarim 6;7)
Et si l’on pense que le fait de mettre son enfant dans une structure où on lui enseigne la Torah suffit, rappelons que l’enseignant n’est qu’un chalia’h, un délégué du père, et qu’il ne vient en aucun cas nous dispenser de notre devoir d’apprendre la Torah à notre fils. Nous ne devons pas confier toute la mission éducative à l’établissement scolaire, au point de nous sentir complètement dégagés de toute obligation par rapport à la mitsva et par rapport à notre fils – comme cela se produit parfois malheureusement ! Bien au contraire, nous devons nous soucier de l’étude avec nos enfants, y consacrer du temps et de l’attention.
Pour cela nous devons réserver un temps régulier avec nos enfants afin d’accomplir par nous-mêmes cette merveilleuse Mitsva de la Torah. Ce temps d’étude s’accomplira essentiellement dans la joie, car s’il s’exécute de mauvais gré, en ayant l’impression que notre enfant nous dérobe notre temps, on perdra l’essentiel du mérite de la Mitsva. Comme l’enseigne le Rambam (Souka 8;15) la joie n’est pas un petit plus dans le service de Hachem, elle en constitue une partie intégrante.
Rappelons-le, le but de cette étude n’est pas de tester les connaissances de notre progéniture, mais d’implanter dans son cœur la valeur et l’amour de la Torah
Nous avons demandé au début, quel est ce jour-là ? Qu’a-t-il a de si particulier ?
Ce fameux jour, dont la Torah nous parle est celui de la soirée du Sédère. Cette grande soirée où le père de famille est le chef d’orchestre. À ce moment, nous seuls parents, nous nous trouvons près de notre enfant… Le Rav Chimchon Raphaël Hirsh Zatsal explique :
« Après que l’enfant ait reçu l’aspect technique des mitsvot à l’école, l’enseignant ne peut guère faire davantage que le préparer à s’imprégner de l’exemple vivant de ses parents. En effet nous montrons à nos enfants comment accomplir les Mitsvot en pratique. Nous seuls pouvons faire germer la graine enfouie au fond du cœur de nos enfants. Si le père ne joue pas son rôle, s’il ne souligne pas, par ses paroles et par ses actes, la sainteté de ce que le maître a enseigné, si son attitude n’a pas de quoi convaincre l’enfant que les Mitsvot sont d’une actualité immuable et que c’est une joie de pouvoir les accomplir et de se dévouer pour elles, tous les efforts investis par le maître, à l’école, auront été futiles. C’est sur notre visage que l’enfant décèle l’amour que nous portons à la mitsva. »
Un discours ou des ordres, ne pourront substituer l’image du père levant la coupe de vin pour réciter le kidouch, des paroles ne pourront remplacer l’expression du père et la ferveur de sa voix récitant la bénédiction sur les Matsot, Maror et autres mitsvot.
Toutes ces images sont infiniment plus puissantes pour notre enfant que toutes les paroles qu’ils pourront entendre par ailleurs. Pénétrant jusqu’au fond de son être, elles lui insuffleront le désir d’observer lui aussi les mitsvot dans la joie et avec le plus grand sérieux. Le discours le plus éloquent d’un orateur charismatique n’exercera pas une influence aussi profonde sur un enfant que les paroles et les gestes de son père.
Les Téfilines qui se placent sur le bras et sur la tête, comme il est dit « ce sera pour toi un signe sur ta main et comme mémorial entre tes yeux, afin que la Torah de Hachem soit dans ta bouche… ». Elles symbolisent l’action (le bras) et la pensée (la tête).
L’éducation se fera sur ce même principe, qui est d’une part l’éducation par l’exemple (l’action) et de l’autre le devoir d’enseigner la Torah (la pensée). Deux principes indispensables et liés l’un à l’autre pour la transmission et pérennité de notre peuple.
Rav Mordekhai Bismuth
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