15 novembre 2024

CHAVOUOT: Pourquoi lisons-nous le Livre de Ruth

Pourquoi lisons-nous le Livre de Ruth – l’histoire d’une femme moabite qui s’est convertie au judaïsme et a fini par épouser Boaz, juge d’Israël – à Chavouoth, fête où nous célébrons le Don de la Torah au Mont Sinaï ?

Les commentateurs suggèrent deux approches pour expliquer cette coutume : Ruth représente un modèle d’acceptation de la Torah. Sans elle l’histoire juive n’aurait pas de continuité.

Toutes deux sont surprenantes, comme nous allons le voir en les étudiant une par une.

A première vue, la première approche semble très directe: Chavouoth commémore l’acceptation de la Torah par le peuple juif, et le Livre de Ruth décrit l’acceptation de la Torah par un individu isolé au moyen de la conversion.

Dans la mesure où nous étions tous des convertis au Mont Sinaï, l’expérience de Ruth vient nous rappeler que nous sommes juifs uniquement grâce à notre acceptation de la Torah. Le judaïsme n’est pas une caractéristique raciale et n’est automatique pour personne ; il se fonde à la base sur la conversion et l’acceptation de la Torah, même pour les enfants d’Abraham.

Ruth n’était pas une convertie ordinaire. Son nom nous apporte une indication sur sa véritable essence. En hébreu, le nom ” Ruth ” est composé des lettres resh, vav, tav, qui s’additionnent et donnent en valeur numérique le nombre 606.

Tous les êtres humains ont l’obligation de respecter les 7 lois noachides – ainsi nommées parce qu’elles furent données après le déluge – de même que Ruth l’avait dès sa naissance, en tant que moabite. Si vous ajoutez ces 7 commandements à la valeur de son nom, vous obtiendrez 613, le nombre de commandements de la Torah.

L’essence de Ruth, son énergie vitale, fut cette découverte et cette acceptation des 606 commandements qui lui manquaient.

Ce qui fait de Ruth, la personne en quête de Torah par excellence, que l’on dresse devant nous comme le modèle éclatant de la bonne façon d’accepter la Torah. Si nous pouvions apprendre à lui ressembler dans notre acceptation personnelle de la Torah (l’acte du Service divin qui est l’essence même de Chavouoth), nous réussirions à absorber l’intégralité de l’élévation spirituelle que D.ieu nous offre à Chavouoth (Voir le commentaire du Gaon de Vilna sur le Livre de Ruth).

Alors que cette approche semble très évidente de prime abord, après un examen plus approfondi, nous découvrons qu’elle présente en fait une difficulté majeure. Chaque personne qui lit l’histoire de Ruth est immédiatement frappée par la force de son dévouement pour sa belle-mère, Naomi. Ce célèbre passage duquel le Talmud déduit de nombreuses lois de conversion (Yevamot 47b), exprime le refus obstiné de Ruth de se séparer de Naomi, dans les termes les plus forts.

Mais Ruth dit : ‘N’insiste pas auprès de moi pour que je te quitte et que je m’en retourne sans te suivre, car là où tu iras, j’irai ; là où tu demeureras, je demeurerai ; ton peuple sera mon peuple et ton D.ieu sera mon D.ieu. Là où tu mourras, je veux mourir aussi et y être enterrée, que l’Eternel m’en fasse autant et plus, si toute autre chose que la mort me séparait de toi.’

Un tel amour et un tel souci pour le devenir d’une autre personne sont des qualités absolument admirables, mais qui ne sont aucunement liées à la foi en D.ieu et en Sa Torah. Celle qui est considérée comme le modèle parfait sur lequel nous devons calquer notre propre acceptation de la Torah, ne devrait-elle pas être essentiellement motivée par sa foi et son idéalisme, plutôt que par son attachement à une personne particulière, ou même d’ailleurs à un peuple tout entier ?


ATTACHEMENT A D.IEU

Analysons ce point au moyen de l’examen d’un passage difficile du Talmud :

Rabbi Eléazar dit : ” Les gens qui n’ont pas de connaissances en Torah, ne pourront prendre part à la résurrection des morts, comme il est écrit (dans Isaïe 26) : Le mort ne vivra pas. On pourrait penser que ceci se réfère à tous les morts, c’est pourquoi le texte poursuit : Ceux nécessitant une guérison, ne se lèveront pas. Seuls, ceux qui soutiennent que les paroles de la Torah sont branlantes et faibles, ne se lèveront pas. “

Rabbi Yo’hanan répond : ” Vous n’avez apporté aucun plaisir au Créateur, en formulant une telle affirmation au sujet de l’ignorant en Torah. “

Rabbi Eléazar, voyant que ses paroles causaient de la peine à Rabbi Yo’hanan, dit : ” Mon Maître, j’ai trouvé un remède pour eux dans la Torah. Il est écrit : Vous seuls qui êtes restés attachés à l’Eternel votre D.ieu, êtes tous en vie aujourd’hui (Deut 4 : 4). Mais comment est-il possible pour un être humain d’être attaché à la Présence divine, quand il est écrit : L’Eternel ton D.ieu est un feu dévorant (Ibid 24). Une personne peut-elle s’attacher au feu ? Pour t’enseigner que toute personne qui marie sa fille à un étudiant en Torah, qui l’aide dans ses affaires ou qui partage sa propriété avec lui, D.ieu la considère comme si elle Lui était directement attachée… ” (Talmud, Ketubot, 111b).

Pourquoi la résurrection devrait-elle être liée à notre niveau dans l’étude ?
Et comment pouvons-nous comprendre l’idée que s’attacher à un étudiant en Torah équivaudrait à s’attacher à D.ieu Lui-même ?

L’un des 613 commandements est d’aimer D.ieu. Ce commandement semble impossible à accomplir. Comment pouvons-nous aimer quelqu’un que nous ne connaissons pas ?
De plus, D.ieu est infini alors que nous ne le sommes pas, nous n’avons aucune notion de la façon dont Il pense, de ce que sont Ses préoccupations, Ses désirs, ou toute autre chose Le concernant.
Si nous ne connaissons pas un minimum de ces éléments sur une autre personne, il nous est impossible de déterminer si nous l’aimons. Nous pouvons considérer cette personne comme importante, nous pouvons même l’admirer. Mais pour pouvoir l’aimer et y être attachée, cette personne doit d’abord nous être familière. Ce qui est également vrai de notre amour pour D.ieu. Nous ne pouvons L’aimer que si nous développons une certaine connaissance et familiarité à Son égard. Mais comment y parvenir ?

La solution évidente passe par notre connaissance de la Torah. D.ieu nous a donné dans Sa Torah, de nombreuses informations Le concernant. Il nous parle de Son sens de la justice et de l’équité, de Ses priorités et de Ses sentiments, de Ses espoirs et de Ses ambitions pour notre futur.

Il existe deux aspects à la Torah : la connaissance et l’étude.

1) Tous les juifs doivent accumuler un savoir en Torah suffisant pour leur permettre d’accomplir les commandements comme il faut, puisque l’accomplissement des commandements est un devoir.
2) Le second aspect n’est pas lié à l’accomplissement des commandements. Le Talmid ‘Hakham (le Sage) étudie la Torah pour se familiariser avec D.ieu et connaître Sa culture.

Le premier mot des Dix Commandements est Anokhi. Le Talmud nous révèle qu’il s’agit de l’acronyme des mots ano nafshi katvit yahavit, ” J’ai écrit Moi-même ce livre que Je vous donne ” (Talmud Shabbat, 105a).
Le Talmid ‘Hakham qui passe sa vie, plongé dans l’étude de la Torah, s’imprègne de l’Ame même de D.ieu, en même temps que des paroles de Sa Torah.


Notre but est d’acquérir une familiarité avec D.ieu, avec Lequel nous sommes susceptibles de développer une relation. Nous voulons aimer D.ieu et qu’Il nous aime en retour, nous voulons également que ces sentiments soient ressentis de manière réciproque de part et d’autre. Pour cela, nous avons besoin du Talmid ‘Hakham.

Ce n’est que grâce à lui que nous acquérons la connaissance de D.ieu, élément préalable à toute éventualité d’une relation avec Lui. Puisque, pour parvenir à aimer D.ieu, la connaissance doit précéder les sentiments.
Sans le Sage, cette connaissance et donc cet amour serait absent du monde.

C’est l’une des merveilles du judaïsme que le Tsaddik (le Juste) qui s’immerge totalement dans le service de D.ieu – incluant la prière et les bonnes œuvres, ressent souvent un plus grand amour pour D.ieu que le Sage qui passe sa vie en poursuites intellectuelles. Mais sans la connaissance de D.ieu, générée par le Sage, le Tsaddik n’aurait jamais les moyens d’entreprendre sa quête émotionnelle d’attachement à D.ieu.

L’amour de D.ieu émane donc de la Torah.
Le Tsaddik qui s’attache au Sage, est le premier à ressentir cet amour, et ceux qui s’attachent au Tsaddik perçoive cette chaleur émanante et cette énergie, à travers lui. Mais la source ultime de cet amour est la Torah et notre accès à la Torah dépend nécessairement de la quantité de connaissances que nous avons, grâce aux efforts et au travail ardu du Sage.

LA RECHERCHE DE RUTH

Ruth la moabite recherchait les 606 commandements manquants, non seulement parce qu’elle était en quête de la vérité et de la bonne manière de vivre – ces motivations étaient sans nul doute présentes dans son désir de se convertir – mais surtout parce qu’elle voulait s’attacher à D.ieu avec fidélité et se connecter ainsi à la Source de toute vie et de tout être.

Or, elle ne pouvait le faire qu’en s’attachant à une personne déjà proche de D.ieu. Elle a donc suivi Naomi, plutôt qu’une vérité abstraite.

Nous lisons son histoire à Chavouoth, car c’est le genre d’acceptation de la Torah que nous recherchons. Notre but n’est pas l’accomplissement des lois divines, mais l’attachement à D.ieu Lui-même.

La seconde approche offerte par les commentateurs pour expliquer la raison de cette lecture à Chavouoth, est également suggérée dans son nom. Elle est nommée Ruth parce que son arrière petit-fils, le Roi David, inonda D.ieu de chants et de louanges (Yalkout, Tehilim 247). Le mot ravé en hébreu, qui est une anagramme du nom de Ruth, signifie ” abreuver “, hors David composa le livre des Psaumes, qui est le livre d’hymnes de référence pour la majorité de l’humanité. Selon la tradition, Chavouoth est également l’anniversaire de la naissance de David, ainsi que du jour de sa mort, et sa généalogie complète est mentionnée à la fin du Livre de Ruth.

UN LIEN ESSENTIEL

Pour apprécier cette approche à sa juste mesure, il est nécessaire d’avoir de plus amples informations :

D.ieu dit à Moïse : ‘N’attaque pas Moav et n’engage pas de combat avec eux.’ (Deut. 2 : 9) Pourquoi Moïse aurait-il envisagé d’entrer en guerre avec Moav sans la permission de D.ieu ? Moïse raisonna ainsi : Si les Madianites qui ne sont venus que pour aider Moab (dans la guerre que ces derniers ont engagée avec Israël, telle qu’elle est décrite dans la Parashat Balak), la Torah a commandé (à leur sujet) : Attaque les Madianites et tuez les, car ils vous ont accablé par le complot qu’ils ont conspiré contre vous…(Nombres 25 : 17-18). La même politique doit de toute évidence être appliquée à l’encontre de Moab, les instigateurs du complot. Mais D.ieu dit à Moïse : ‘Mon avis est différent ! J’ai encore un magnifique trésor enfoui dans cette nation : Ruth, la moabite.’ (Talmud, Baba Kama 38a)

Non seulement Ruth était l’arrière grand-mère de David, mais c’était à elle que revenait la tâche d’amener David dans le monde. Le besoin que le monde avait de Ruth était si grand que la nation moabite toute entière fut maintenue en existence pendant plusieurs centaines d’années en son mérite, le monde entier attendant sa naissance.

Pouvons-nous trouver des raisons nous permettant de comprendre, pourquoi seule Ruth était capable d’engendrer la lignée qui devait donner naissance à David, duquel descend le Messie ?

(Les anges pressèrent Lot, lui disant 🙂 ‘Prends ta femme et tes deux filles qui sont ici’ (Genèse 19 :15). Le terme hébreu nimtsaot (‘qui sont ici’) fait référence dans le verset à deux importantes découvertes : Ruth, la moabite et Na’amah, l’amonite. Il est écrit : J’ai trouvé Mon serviteur David. Où D.ieu l’a-t-Il donc trouvé ? A Sodome (Yalkout, Lekh Lekha 70).

Quand D.ieu détruisit Sodome, Il épargna Lot, à cause de ses deux filles. Ses filles, croyant que leur père et elles étaient les seuls êtres vivants sur terre, eurent avec lui dans une relation incestueuse. En conséquence, l’une donna naissance à Moab et l’autre à Amon (fondateurs des deux peuples du même nom).

Il semblerait donc que Ruth soit nécessaire, parce qu’elle descendait de Lot ?
Et qui était donc Lot ?

Voici maintenant les chroniques de Téra’h : Téra’h engendra Avram, Na’hor et Haran ; et Haran engendra Lot… Et Avram et Na’hor prirent pour eux des épouses. Le nom de la femme d’Avram était Saraï et le nom de la femme de Na’hor était Milka, fille de Haran – qui était le père de Milka et de Iskah. (Genèse 11 : 27-28)

L’examen approfondi de ce passage révèle une information étonnante. Il semble que Haran, frère de Avram, était le grand-père de la femme la plus importante de l’histoire. Les Sages nous enseignent en effet que Iskah n’était autre que Sarah (voir Rashi ibid), Rebecca était la petite-fille de Milka, et toutes les femmes de Jacob étaient ses arrières-petites-filles. Lot étant le fils de Haran, Ruth était elle aussi sa petite-fille.

Peut-il s’agir d’une simple coïncidence ? Tentons de découvrir la signification de tout cela.

UN GENIE SPECIAL

L’électricité avait déjà été comprise et découverte depuis de nombreuses années, quand Edison est né. Et Graham Bell ne découvrit rien de nouveau dans la nature des vibrations acoustiques. Pourtant sans ces deux génies, la connaissance de l’électricité et des vibrations acoustiques n’aurait pas profité au monde.

Il faut mettre en œuvre un génie spécial pour exploiter des idées, de même qu’il faut du génie pour les découvrir. En hébreu, ce génie est désigné sous le nom de binah, souvent traduit par ” compréhension “, et qui est une caractéristique propre aux femmes.

En prélude au Don de la Torah, nous lisons :

Voici ce que tu devras dire à la Maison de Jacob et annoncer aux Enfants d’Israël. (Exode 19 : 3)

Rashi explique la raison de cette redondance apparente dans les termes ” Maison de Jacob ” et ” Enfants d’Israël “. La Maison de Jacob se réfère aux femmes juives – les femmes juives constituent la maison. Les principes du judaïsme voient le jour au sein de la maison juive et se voient matérialisés sous les conseils de la femme juive. L’homme juif a reçu l’obligation d’étudier la Torah, mais c’est à la femme juive d’en traduire les principes de manière concrète au quotidien.

Abraham fut le génie qui apporta la connaissance de D.ieu au monde. Son frère Haran portait en lui les graines de génie nécessaires à la transposition de ce savoir dans la vie de tous les jours. Ce qui explique comment les plus grandes femmes juives ont pu descendre de Haran.

Le royaume juif est un reflet du Royaume céleste. Le Royaume céleste renferme un grand pouvoir. Ce pouvoir a pour fonction de libérer, de régénérer et de garantir qu’aucune partie de l’humanité qui serait noble et précieuse, ne soit jamais perdue.

Une Intervention céleste était donc nécessaire quand Lot, fils de Haran, quitta Abraham pour se perdre à Sodome. Les pouvoirs de sainteté et de grandeur enfouis en lui, risquaient d’être perdus à tout jamais.
Mais comme D.ieu est un Souverain absolu qui contrôle l’histoire (tout en laissant l’homme libre de faire ce qu’il veut), Il est en mesure de garantir le sauvetage d’un potentiel menacé. Ceci est la véritable signification du Royaume céleste.

Empêcher la perte et assurer la sauvegarde de toute chose de valeur, requiert une vigilance éternelle. La conversion de Ruth a rendu possible la récupération du pouvoir égaré d’Haran, lequel était nécessaire pour permettre la naissance du royaume d’Israël, reflet du Royaume céleste sur terre. Ruth portait en elle la binah qui lui permettait de traduire ce pouvoir au quotidien.

L’ERREUR DE LOT RECTIFIEE

Le mariage de Ruth avec Boaz souligne cet aspect de rédemption, impliqué dans l’établissement du royaume d’Israël, car ce fut un mariage par lévirat qui eut pour ultime conséquence la naissance de David.

Ce type de mariage est recommandé spécifiquement par la Torah, afin de récupérer une âme qui a quittée ce monde sans être parvenue à y laisser de descendance. Le but tout entier du mariage de Ruth était donc de garantir que l’âme de son défunt mari Ma’hlon – c’est-à-dire le pouvoir et la grandeur spirituels qui étaient en lui – ne soit pas perdue pour le monde et pour Israël.

La récupération de ce potentiel s’est produite au moyen de la réparation de l’erreur de Lot par son arrière-arrière-petite-fille, Ruth.

Lot avait quitté Abraham pour des possessions matérielles. Après tout, il était déjà croyant, il savait la vérité, il avait appris comment servir D.ieu et ne pensait plus avoir besoin d’Abraham. Ne percevant aucunement la nécessité spirituelle de rester auprès d’Abraham, Lot partit pour Sodome.
Son erreur fut que pour servir D.ieu, il n’est pas suffisant d’être conscient de la vérité absolue, il faut s’attacher à D.ieu. L’attachement à D.ieu se manifestant au moyen de l’attachement au Talmid ‘Hakham, il aurait dû rester avec Abraham.

Le Gaon de Vilna explique comment Ruth corrigea cette erreur par un attachement inébranlable.
L’une des lois de la conversion que nous apprenons de l’histoire de Ruth est la nécessité de décourager le candidat à la conversion. Naomi parla donc à sa belle-fille Orpa et essaya de dissuader Ruth également. Au bout d’un certain temps, Naomi abandonna.

Le Gaon demande : Comment Naomi sut-elle exactement quand arrêter ?
Le texte dit : Voyant qu’elle était fermement décidée à l’accompagner, elle cessa d’insister auprès d’elle. (Ruth 1 : 18) Naomi étant bien plus âgée que Ruth, Ruth n’aurait pas dû avoir de difficultés à marcher au même rythme qu’elle. Pourtant, Naomi vit que Ruth faisait de grands efforts pour maintenir son allure sur la sienne. De là, elle comprit que Ruth était déchirée et qu’une partie d’elle était encore réticente à l’idée de se convertir.

Selon la tradition, Ruth était une princesse moabite. Elle était habituée à recevoir le meilleur de ce que la vie pouvait offrir. C’était aussi une très belle jeune femme dans la fleur de sa vie. Le pas qu’elle s’apprêtait à franchir, allait lui faire connaître une vie de pauvreté ; sa belle-mère avait tout perdu dans ses malheurs et rentrait chez elle complètement démunie. En suivant Naomi, Ruth quittait une vie sociale élevée pour devenir une simple convertie au statut douteux. Il n’était même pas clair qu’un juif serait autorisé à l’épouser.

La majeure partie de son être s’écriait : ” Pourquoi aller en Israël ? Tu peux servir D.ieu n’importe où. Après toutes ces années passées dans une maison juive, tu connais toutes les lois, tu peux observer les commandements en restant chez toi. Ce n’est pas la peine de faire un tel sacrifice. “

Ruth était déchirée. Elle recherchait avant tout la proximité avec D.ieu, elle voulait s’attacher à Lui. Rester à Moab en observant les commandements ne lui serait d’aucune utilité, seul son attachement à un Talmid ‘Hakham pouvait lui permettre d’atteindre son but. Elle décida donc de partir avec Naomi pour rejoindre le peuple juif, sans se soucier de son avenir. Mais la tension de ce conflit intérieur, rendit sa marche plus difficile.

C’est à ce moment-là que Naomi cessa de la décourager. Elle comprit Ruth et vit que celle-ci, recherchant l’attachement à D.ieu, avait intégré le véritable message du judaïsme.

Rav Noson WEISZ

(source: www.lamed.fr)