Les Bneï Israël sont au seuil de la Terre promise, et c’est alors que se produit un épisode lourd en conséquences. Douze illustres personnalités du peuple, une désignée par tribu, sont chargées de mener une mission d’exploration du Pays. Mais à leur retour, ces explorateurs fournissent un rapport catastrophique, démoralisant le peuple qui se mit à douter sur la possibilité de prendre possession de la Terre qu’Hachem avait promise à Avraham en héritage. A cause de cela, toute cette génération sera condamnée à périr dans le désert et l’entrée en Terre Sainte sera décalée de quarante ans.
Pourquoi l’expédition des explorateurs en Terre Sainte a-t-elle échoué et entraîné de graves conséquences? Le Noam Elimélekh souligne que Moché leur a dit : «... allez vers le sud… » (Bamidbar 13 ;17), le sud qui symbolise la ‘Hokhma, la sagesse. Comme il est enseigné dans la Guémara (baba batra 25b) « Celui qui veut acquérir la sagesse se tournera vers le sud ». Observer les faits, être témoin des événements qui nous entourent est, certes, une chose indispensable, mais ce qui reste essentiel, c’est de les interpréter avec sagesse.
Voyons comment la Torah qui est d’une extrême précision met ce principe en évidence dans notre paracha.
Au début de notre paracha, Rachi (13;2) pose la question suivante : « Pourquoi la paracha des explorateurs suit-elle la paracha de Myriam ? Et répond que l’incident des explorateurs vient immédiatement après la calomnie émise par Myriam à l’égard de Moché et la sanction qu’elle a subie. Ces mécréants, qui ont pourtant vu [rahou] à quel point la médisance était répréhensible, n’en ont pas tiré de leçon et n’ont pas craint de dire du mal de la Terre promise. (Rachi au nom du Midrach Tan’houma)»
Mais quelle a été leur faute ? Celle d’avoir proféré du lachone arâ. Et comment en sont-ils arrivés là ? Parce qu’ils sont partis « explorer » la terre. La Torah emploie précisément le terme « explorer/latour », et pas le verbe « lirot/voir », ou «léhistakel/observer ».
Moché a demandé aux explorateurs d’examiner attentivement la nature de la Terre, comme il est dit (13;18) « vous verrez [ourhitèm] le pays, ce qu’il est… », c’est le verbe « lirot » que Moché emploie
La Torah leur reproche d’avoir troublé leur vison en explorant « latour » la terre d’Israël, au lieu de la voir « lirot ».
Mais quelle différence entre ces deux termes, « lirot » et « latour »?
« lirot/voir » est une vision réfléchie sur ce que l’on voit. Par contre, «latour/explorer » est une vision externe, dénuée de réflexion et remplie d’émotions et de sentiments. Leur faute a donc été de s’être laissés emporter plus par le désir que par la réflexion. Comme le touriste qui regarde uniquement ce qu’il veut et ce qui lui fait plaisir.
Transportons-nous maintenant à la fin de notre paracha qui s’achève par le dernier et célèbre paragraphe du Chéma, texte que grand nombre d’entre-nous connaissons par cœur. Un paragraphe qui contient essentiellement la Mitsva de Tsitsit. Là encore, nous apprenons de ce passage, une prévention pour ne pas retomber dans la faute des « méraglim/explorateurs ». En effet, une des intentions requise à avoir lorsque l’on porte un Talit, c’est de « voir » les Tsitsit afin qu’ils nous rappellent toutes les Mitsvot, comme il est dit : « ce sera pour vous un Tsitsit, vous le verrez [ourhitèm], vous vous souviendrez de toutes les Mitsvot d’Hachem, vous les ferez, et vous ne vous égarerez [vélo tatourou] pas derrière votre cœur et derrière vos yeux…. »
Cette vision [des tsitsit] et ce rappel [des mitsvot] doivent, selon la suite du verset, ne pas nous laisser emporter par la vision « égarée » [tatourou] de notre cœur ou de nos yeux. Rachi nous explique, que le mot «tatourou» et le même mot employé par la Torah pour designer la visite des explorateurs [latour].
Et Rachi commente sur ce verset « Ne vous égarez pas après votre cœur et après vos yeux » (Bamidbar 15,39) ; « que le cœur et les yeux sont les explorateurs du corps. Ils se font les agents pour conduire à la faute. Ainsi, l’œil voit, le cœur désire et le corps agit. »
Nos sages nous enseignent que les yeux voient ce que le cœur désire. Le cœur et les yeux sont les explorateurs du corps, ce sont eux qui lui propose la avéra (la faute), comme il est enseigné « l’œil voit, le cœur désire et le corps commet la faute. »
Nous apprenons de cet événement néfaste, de ne pas se livrer à des réflexions hasardeuses et impulsives. La Torah vient nous mettre en garde contre les idées fausses qui égarent le cœur et les yeux. Un juif, doit se laisser guider uniquement avec foi et sagesse, suivre la vérité, les voies d’Hachem.
Rav Mordekhai Bismuth
More Stories
Vayechev: Dans la vie, il faut apprendre à tamiser !
Vayechev: La cellule de la délivrance
Résumons la Paracha…Vayechev