22 décembre 2024

De Don Juan au tsadik Joankelevitch…  

La parachath Beréchith retrace la création du monde. Nous le savons, ce monde a été créé par D’. Le but de cette œuvre grandiose est que les créatures libres de penser et d’agir choisissent de servir Hachem. Au tout début, Hachem plaça le premier homme, Adam Harichon, dans le Gan Eden (Paradis) en lui enjoignant de garder une seule Mitsva : ne pas manger de l’arbre de la connaissance. En effet, durant ces prémices de l’histoire universelle, l’homme était porté vers le spirituel et non la matérialité. C’est-à-dire que le mal ne faisait pas partie de l’homme mais était uniquement extérieur à lui. Seulement après qu’Adam ait trébuché (en mangeant du fruit défendu), le mauvais penchant entra dans l’homme. Depuis lors, l’homme sera ballotté entre vouloir faire le bien ou le mal. Toutes sortes de pensées et de sentiments comme la jalousie, la cupidité, la cruauté l’habiteront depuis sa plus tendre enfance. Le mauvais penchant entrera en Adam Harichon et fera partie intégrante de toutes ses actions et pensées. De plus Hachem l’avait prévenu s’il en mangeait, il deviendrait mortel.

De nos jours, un consensus universel existe à savoir les créatures ne sont pas éternelles. Or cet axiome de base de l’humanité n’était pas chose évidente au tout début… Si Adam n’avait pas trébuché, il aurait vécu éternellement. De plus, la création aurait atteint son but : le service de D’ par le biais d’un seul commandement, celui de ne pas manger du fruit de la connaissance. Après la faute, l’homme vivra, soit, mais son temps sera compté depuis le premier de ses jours jusqu’à sa fin.

Seulement pour les besoins de notre feuillet, je pose une question à mes lecteurs. Les Sages enseignent qu’après avoir mangé du fruit défendu, Adam vivra encore près de 1000 ans. Or, Hachem l’avait prévenu que s’il mangeait du fruit il mourait le même jour. Les Sages enseignent qu’après avoir fauté, Adam se repentira de son acte (en faisant des jeûnes durant 130 années) et au final il aura la vie allongée ! Or, nous l’avons appris dans les derniers feuillets, la Techouva est une grâce Divine qui annule rétroactivement la faute. Donc après qu’Adam ait fait Techouva, pourquoi son repentir n’a pas servi à le laver entièrement de sa faute et de faire comme si elle n’avait jamais existé (et il aurait dû vivre pour l’éternité) ? Cette question très intéressante a été posée par un éminent Talmid ‘Hakham, rabbi El’hanan Wasserman (que D’ venge son sang) dans son Kovets Hé’aroth (Haggadoth 3 à la fin). Suite p2

Il répond d’après le Derouch 1 du Ran. Il enseigne qu’effectivement la Techouva annule la punition céleste. Toutefois la mort est devenue une loi naturelle. C’est-à-dire que la Techouva d’Adam a annulé la punition (de mourir dans la journée). La consommation du fruit a fait naître une nouvelle nature chez l’homme : il devenait mortel. Dorénavant l’homme vivra un laps de temps limité. Intéressant, non ?

Et puisqu’on a parlé Techouva on continuera sur le même phénomène sous un autre regard. Prenons l’exemple d’un homme qui transgresse de graves interdits et qu’après avoir lu notre feuillet décide de faire Techouva. Par exemple une espèce de Don Juan de Venise by-night… Et par un hasard extraordinaire il tombe sur « la magnifique Table du Chabbath  » (version italienne… S’il y en a parmi les lecteurs qui veulent la traduire dans la langue latine…) et décide de changer du tout au tout… Il abandonne les gondoles branlantes de Venise et décide de s’immerger dans l’eau -cette fois pure et translucide- de la mer du Talmud dans une Yechiva de Jérusalem ou de Bené Brak. Et notre homme étudiera d’une manière assidue pendant près de 10 ans. Dorénavant il est connu comme étant le rav tsadik  Joankelevitch… Or, dans l’hypothèse où, au bout de toutes ces années valeureuses où il étudiera d’arrache-pied, arrive au Sanhédrin de Jérusalem deux témoins (pourvu qu’entre- temps le Temple ait été reconstruit). Et déposent un témoignage accablant qu’il y a dix ans notre Don Juan/Joankélévitch avait accumulé de graves fautes (l’adultère par exemple, faute pour laquelle on est passible de mort). D’après vous qu’elle sera les conclusions du grand tribunal de Jérusalem même s’il a opéré une magnifique Techouva ? Le Noda’ Biyouda l’écrit noir sur blanc (dans une responsa 35 sur O. H.) ; le verdict du tribunal de 71 juges sera gravissime. On devra l’amener à la potence pour sa punition ! Or, vous allez me dire : « Monsieur le rav, ce n’est plus la même personne! »  La réponse qui est donnée sera double. Le Noda’ Byhouda écrit que le Beth Din ne peut pas tenir compte de la Techouva d’un homme, car sinon cela  annuleraient toutes les punitions de la Tora !

Autre manière de comprendre : le Beth Din ne peut pas tenir compte de sa Techouva car la punition n’est pas un acte social de prévention contre le grand banditisme ou une protection des méfaits d’un criminel. Il s’agit avant tout d’une expiation de la faute afin que notre homme puisse aussi hériter du monde futur. Donc même si notre Don Juan a fait une belle Techouva, il reste que la peine devra s’exercer pour son plus grand bien ultime

On finira par une touche positive. De nos jours, il n’existe pas de Sanhédrin à Jérusalem reconstruite, donc il ne reste que la Techouva sincère du repenti qui pourra le réhabiliter devant Hachem.

Rav David Gold