“Vayéhi Miquets Chenataim Ou Pareô H’olem, Et ce fut à la fin de deux années, Pharaon eu un rêve…”. Notre Paracha commence par le songe de Pharaon, le monarque incontesté d’Egypte. Il voit dans son rêve sept grosses vaches qui sortent du Nil qui sont englouties par sept autres vaches maigrichonnes. Puis dans un deuxième rêve, il voit sept beaux épis de blé qui sont « mangés » par sept autres épis tout frêles. Pharaon cherchera une interprétation à son rêve, mais personne ne lui donnera un éclaircissement valable. C’est alors que le maître échanson se rappela du jeune hébreu Yossef qui était son compagnon d’infortune dans les geôles égyptiennes. Ce dernier lui avait magnifiquement interprété son rêve prémonitoire ce qui lui avait permis de retrouver sa place auprès du Roi. De suite Pharaon fera venir Yossef à la cour. Le même jour, c’était à Roch Hachana, Yossef est extirpé de sa geôle, puis lavé, coiffé et habillé pour être présentable devant son excellence… Après avoir entendu les rêves, et avant tout, Yossef dit :” L’interprétation ne vient pas de moi, mais de Hachem…” C’est à dire que le jeune hébreu donne une leçon d’humilité et de foi à toute la monarchie égyptienne. Laclef de la réussite provient uniquement de D.ieu. Malgré toutes les années de prison, l’éloignement de sa famille, Yossef reste fidèle à la foi en D.ieu du ciel et de la terre. Au final son interprétation sera retenue. Il dira que les sept vaches (et aussi les épis) marquent que le royaume d’Egypte vivra tout prochainement sept années de grande prospérité, mais elles seront suivies d’une très lourde disette durant sept années. Yossef donnera aussi la solution. L’Égypte doit, dès à présent, effectuer des prélèvements, durant les années de prospérité, et emmagasiner le blé dans des silos afin que durant les sept années de famine le pays puisse subvenir aux besoins de sa population. La profondeur et la justesse de l’analyse de Yossef éblouira Pharaon et il le nommera immédiatement, vice-roi sur toute l’Égypte. Comme quoi, la félicité, matérielle, d’un homme peut lui être octroyée du jour au lendemain.
Le verset de la Paracha commence par “Et ce fut au bout de deux années etc.”. Le Midrash enseigne ” Hachem a mis fin à l’obscurité : deux années supplémentaires, Yossef restera dans les geôles égyptiennes. Le moment arriva de sa libération, c’est alors que Pharaon eu un rêve…”
Le Beit Halévy (Rav Solovetchiq Zatsal) explique que ce monde fonctionne différemment de notre jugeote. En effet, pour la plupart des chroniqueurs de la cour royale (le Caire-Times ou l’ancien-Obs. version Alexandrie d’Egypte…) c’est du fait que Pharaon eu un rêve prémonitoire, qu’il a fait appel au jeune Yossef et qu’au final il a été nommé vice-roi d’Egypte. Or, le Midrash enseigne que l’inverse est vrai. D’abord Joseph devait purger (axiome n°1) une peine de prison, pour réparer une faute antérieure puis, après que le temps imparti fut épuisé, Pharaon eu ce rêve, conséquence de l’étape précédente, et convoquera Yossef, l’étape finale. Pareillement dans la vie, explique le Rav Solovietchiq Zatsal, les résultats, des événements, sont souvent la cause première. Par exemple, si un commerçant averti réalise une superbe plus-value, c’est parce que la Providence Divine avait planifié d’avance qu’il devait recevoir telle somme d’argent. Peut-être parce qu’il avait telle ou telle Mitsva à son actif ou encore que cet argent sera une aide précieuse pour sa famille, ses enfants et pourquoi pas sa femme, qui ont un mérite particulier (justement par le fait qu’ils subissent des aléas du comportement de notre commerçant lorsqu’il rentre à la maison de mauvaise humeur…). Or, pour l’œil, non, aiguisé, de la majorité de la population terrestre la chose prend une toute autre allure. Du genre :”C’est grâce à la sagacité de cette homme d’affaires hors-pair (1), qu’il a pu entreprendre ce coup de génie (2) et monter telle opération financière qui au final dégagera une magnifique plus-value(3) … (Et je vous passe les courbettes à droite et à gauche…). Donc si vous m’avez bien suivi dans l’histoire de cet homme d’affaires, l’axiome n°1 est passé en fin de course tandis que la conséquence est présentée comme le moteur de sa réussite : ce qui est faux!
Ce Midrash est une belle introduction au miracle de Hanoukka. On le sait, Hanoukka marque la fête de l’esprit de sacrifice d’un tout petit groupe de Tsadiquims (les fils de Mattitiahou Cohen Gadol) qui se sont réunis pour combattre l’Empire Grec en Terre Sainte. La situation était tragique, le monde helléniste tenait le haut du pavé, tout le judaïsme risquait de partir à la dérive, que D.ieu nous en préserve. Toute la communauté était devenue juive, version “Copernic” De plus, tous les hellénistes invétérés envoyaient leurs enfants dans les universités d’Athènes pour apprendre les beaux-arts, l’architecture et la pratique du sport de haut niveau à Sparte. Donc il n’y avait plus de Shabbat, ni les fêtes ni la Thora et fin de la Brith Mila… Une VRAIE catastrophe… Seulement c’était sans compter sur le groupe des Cohanims qui ont pris les armes pour combattre les troupes d’assauts grecs avec leurs éléphants de combats… Hachem prend en pitié cette poignée de téméraires ainsi que le reste de la communauté et le miracle se déroule. Les grecs sont en déroute et la communauté retrouve son souffle et sa vitalité par la pratique de la Thora et des Mistvots.
La Guémara Shabbat 21 enseigne ” Les grecs sont entrés dans le Temple et ils ont impurifié les huiles saintes. Lorsque la royauté des Hasmonéens (les Cohanims qui ont pris les armes) vainquirent, ils trouvèrent une petite fiole d’huile pure qui devait durer une nuit et finalement dura huit jours. L’année suivante les Sages fixèrent les huit jours de Hanoukka, jours de joie de Hallel (les louanges) et de reconnaissance.” Fin de la Guémara. On apprend de ce passage que les huit jours de Hanoukka sont des jours propices pour la gratitude. C’est-à-dire qu’à pareille époque le peuple a reconnu la grandeur de D.ieu, qui les a aidés lors des combats, et aussi la grandeur du service Divin, la Thora.
Au sujet du “remerciement” le livre “Bné Yssahar” (Hodech Kislev 4-139) écrit à partir du verset :” Je te suis reconnaissant, Hachem, bien que Tu m’as puni, j’ai accédé à ma délivrance…”. (Téhilim 118.21). Il explique : l’homme sage ne demande pas uniquement à Hachem au travers de sa prière telle ou telle requête, mais seulement après avoir fait des louanges de D.ieu. Par exemple si on a besoin d’une guérison on dira :” Je Te suis reconnaissant à Toi, D.ieu qui est le guérisseur de toute chair, et aussi je Te demande telle faveur pour guérir untel” à ce moment sa demande sera agréée ! Il y a une autre allusion, dans un autre verset “J’énonce mes louanges vers Toi… et mes ennemis me laisseront tranquille.” (Tehilim 18.4). Car la louange à D.ieu est le meilleur moyen de faire taire tous les anges accusateurs afin que notre demande soit exhaussée, si on n’a pas d’autres fautes à son passif.
Donc ces jours de Hanoukka sont propices pour qu’en famille on loue et glorifie le Nom de D.ieu qui nous a fait de si grands prodiges en nous sauvant des hellénistes et de l’armée grecque. Par ailleurs, on profitera de ces jours de reconnaissance, pour remercier ses proches, et en particulier son épouse, parce qu’elle est à nos côtés et qu’elle nous permet de pratiquer la Thora les Mitsvots de la meilleure des manières (par exemple c’est grâce à elle qu’on peut faire un beau Shabbat, de belles fêtes etc…).
Et grâce à cette vision juste des choses de la vie (remerciements), Hanoukka sera le moment aussi de comprendre, pour celui qui est sans cesse tourné vers la société ouverte et ses réseaux sociaux, que la vraie lumière de l’homme commence par sa maison. C’est notre allumage qui éclaire l’extérieur, rempli d’obscurité, et PAS LE CONTRAIRE…
Rav David Gold
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