«Mi chénikhnass Adar Marbim bé Sim’ha” Dès que commence [le mois de] Adar, on accroit la joie ! »
Ce fameux passage de la Guémara (Taanit 29a) est connu par cœur ; il se fait entendre dans chaque maison et tout le monde le chante à tue-tête.
On le répète en chantant et en dansant. Les enfants sont enthousiastes à l’idée de se déguiser, les femmes se mettent à préparer les Michloa’h Manot et les hommes étudient pour être prêts à vivre ce grand jour.
Essayons de définir quelle est cette joie.
De manière générale, nous devons vivre toute l’année dans la joie. Un grand principe dans l’accomplissement des Mitsvot, c’est la joie, comme il est écrit dans les Téhilim (100;2) : « Îvdou éte Hachem bé Sim’ha / Servez Hachem dans la joie ».
Le juif doit être joyeux, pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce qu’il a le privilège de faire partie du peuple juif, le peuple qui a reçu la Torah, le peuple de D.ieu !
Il est joyeux parce que, grâce à la Torah, il a un but sur terre, son existence n’est pas vide de sens, il travaille pour gagner le olam haba/monde futur éternel.
On raconte qu’un jour, le ‘Hafets ‘Haïm interpella un des ses élèves qui avait le visage soucieux et lui demanda s’il avait prié ce matin-là. L’élève répondit par l’affirmative, Le ‘Hafets ‘Haïm lui dit : « Tu as peut-être prononcé les mots, mais tu n’as certainement pas réfléchi à leur signification. Car si tu avais récité avec ferveur la bénédiction de ”Bénis sois-Tu qui ne m’a pas fait non juif”, tu danserais toute la journée ! »
En Adar, nous allons intensifier cette joie que nous ressentons toute l’année. Pourquoi ?
Répondons grâce à un enseignement du Rav Pinkus Zatsal.
Adar est le dernier des mois de l’année, à la fin du cycle des mois, puisqu’il est écrit (Chémot 12;2): « Ce mois-ci (Nissan) est pour vous le commencement des mois, il est pour vous le premier de l’année. ». Adar va donc nous préparer à la nouvelle année.
La joie est basée sur la force de la nouveauté. L’homme aime les nouvelles choses et s’y intéresse.
Deux personnes qui se rencontrent et parlent d’un passage de la Torah qu’ils connaissent bien veulent entendre le ‘hidouch, ce qu’ils peuvent apprendre de nouveau, une nouvelle perspective, un commentaire inédit…
Même dans la vie quotidienne, toutes les nouveautés intéressent. Dès qu’une chose sort de l’ordinaire, les gens sont captivés. L’arrivée des pompiers va immédiatement susciter un rassemblement : qu’est ce qu’il se passe ? Où vont-ils ? etc.
Les gens sont à l’affût des nouvelles technologies, du nouveau gadget qui fait fureur. La force extraordinaire du renouveau entraîne la joie chez l’homme.
Le Rav Pinkus ajoute que la force de la hit’hadchout (renouveau) n’a pas de frontière. Expliquons cette idée.
Chaque chose dans la nature a une limite ; la mer, par exemple ne dépasse pas sa limite.
Les lois de la nature vont fixer à chaque force des frontières. Par exemple, dans les lois de la nature, on ne peut pas faire entrer un grand objet dans une petite boite.
Dès que l’on sort des limites de la nature, cela constitue un ‘Hidouch (une nouveauté) et c’est cela qui va entraîner la joie. Le « tsunami » par exemple a dévié des lois de la nature. Bien entendu, ce ne sont pas les conséquences et les dégâts causés qui vont entrainer la joie, mais la beauté et la puissance de la nature qui nous ont surpris et nous ont appris quelque chose de nouveau.
Pourim, c’est la joie de la « Hit’hadchout/du renouveau » ! Pourim est la source de la joie de ce mois de Adar.
Si l’on retrace l’histoire de Pourim, nous voyons que les juifs ont participé au festin de A’hachvéroch, participation qui leur coûtera un sévère décret émis par le Beth-Din Chel Maála [tribunal Céleste].
Par le refus d’écouter Mordékhaï et par le plaisir qu’ils eurent de ce festin, ils se sont pour ainsi dire coupés du lien avec Hachem. Ils ont, en quelque sorte, choisi leur camps. À ce moment-là, les Bneï Israël sont morts dans le ciel car s’étant détachés de Hakadoch Baroukh Hou, ils n’avaient plus de raison d’exister.
Pourim va être un miracle de résurrection des morts. Pour effacer ce décret sans retour, un renouveau devra avoir lieu pour briser les limites du naturel. C’est le miracle de Pourim grâce auquel on passe de la mort à la vie, de la tristesse à la joie, une joie née de cette « ‘Hit’hadchout/ renouveau ».
Tirons-en la leçon et créons un point de renouveau dans notre vie.
Aussi, par le biais de la Torah, notre joie sera décuplée, comme il est dit dans la Méguilat Esther (8;16) : « Pour les Juifs, ce fut la lumière, la joie, l’allégresse et les marques d’honneur.»
Ce verset enseigne que les juifs ont pu reprendre leurs bases essentielles. La lumière, c’est la Torah, la joie, ce sont les jours de fête, l’allégresse, c’est la brit-mila et les marques d’honneur sont les Téfilines.
On aurait pu croire que la joie se définit par un défoulement du corps ou le libre cours à tous ses désirs. Pourim nous apprend que la vraie joie est dans la Torah et l’accomplissement des Mitsvot, la réalisation profonde de la valeur de sa vie.
(Extrait de l’ouvrage « Vivre Pourim » disponible sur www.OVDHM.com)
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