Après la guerre qu’a fait Avraham avinou contre les quatre grands rois, Hachem lui est apparu, et lui assure de ne pas avoir peur des représailles, car « c’est Moi qui te protège, ta récompense est très grande ! »
Avraham avinou lui répond : Que vas-tu me donner ? Je n’ai même pas d’enfant !! Rachi explique que Avraham savait lire dans les étoiles et avait vu dans son mazal qu’il ne pouvait pas avoir d’enfant.
Le verset explique qu’Hachem l’a fait sortir à l’extérieur, et lui a montré les étoiles en lui disant que « Ein mazal lé Israël ». Le peuple d’Israël n’est pas influencé par le Mazal : Avram ne peut avoir d’enfant, mais AvraHam oui, Saraï ne peut pas avoir d’enfant, mais SaraH oui !!
Deux questions se posent :
1) Si vraiment le Mazal n’a pas d’influence sur le peuple juif, quel intérêt de changer de nom ? Même Avram et Saraï pourraient enfanter puisque le Mazal ne veut rien dire pour eux ?
2) À la suite de la paracha on s’aperçoit que le changement de nom s’est réellement produit quand Avraham avait 99 ans ; et pourtant il a enfanté Ichmaël quand il avait 87 ans, alors qu’il s’appelait encore Avram. Donc même Avram peut avoir des enfants contrairement à ce qu’il est marqué dans son mazal ??
La Guémara Chabat (156a) raconte que Chmouel et Avlat (un goy savant) ont vu passer un groupe de gens allant vers le fleuve ; Avlat désigna l’un d’entre eux et dit « celui-là ne reviendra pas, un serpent le tuera, Chmouel lui répondit si c’est un ben Israël il reviendra, car « Ein mazal lé Israël ». Au retour il s’est avéré que cet homme était encore en vie, Avlat s’approcha de lui, ouvrit son sac à dos, il y avait un serpent coupé en deux ! Chmouel lui demanda « quelle Mitsva as-tu fait ? ». Cet homme lui raconta que dans son groupe ils avaient l’habitude que chacun amène son pain et qu’une personne ramassait tous ces morceaux de pain les mettait dans une grande assiette et tout le monde mangeait ensemble ! Aujourd’hui j’ai vu qu’un d’entre nous n’avait rien apporté et avait honte, alors j’ai décidé de moi-même ramasser tous les pains et quand j’arriverai chez lui, je ferai semblant de ramasser son pain et par derrière je mettrais de ma poche deux morceaux de pain pour combler le manque ! Chmouel lui dit, tu as fait une grande Tsédaka en donnant de ton pain et surtout en sauvant ton ami d’une grande honte, c’est pourquoi tu as été sauvé ! (en effet la Tsédaka sauve de la mort)
De là on apprend que le mazal a tout de même une influence même sur le Juif. Il y a bien un serpent qui s’apprêtait à le tuer, mais que cet homme a changé son mazal par le mérite de la tsédaka qu’il a fait ; c’est cela la particularité d’un juif, bien que le mazal soit vrai, un Juif peut le modifier, mais pour cela il faut un grand mérite, sans lequel le mazal agira tout de même sur lui ! Mais par le biais de ce mérite, non pas que le Juif bénéficie d’un miracle, mais plutôt il réécrit son mazal de telle sorte que son nouveau mazal soit naturel, sans remédier à un miracle ! (des fois bénéficier d’un miracle peut causer préjudice, car il diminue les mérites d’un homme)
Tel est le sens du changement de nom : un nom signifie un rôle, Avram signifie « Av chel Aram », c’est-à-dire le père et la référence de la ville Aram. Tandis que AvraHam signifie « Av amone goyim » le père de beaucoup de nations. Ici AvraHam a reçu un nouveau rôle, très important, c’est lui qui devra désormais diriger et rapprocher les nations vers Hachem ! Ce nouveau rôle constitue beaucoup de mérite, ce sont ces mérites qui ont changé son mazal ; d’où la nécessité de changer de nom, de changer de rôle pour pouvoir modifier le Mazal !!
Dans le même ordre d’idée pour répondre à la seconde question, on voit dans la haftara de Roch hachana que ‘Hanna n’avait pas d’enfant. Elle a longuement prié et promis que si D… lui donne un enfant, elle l’offrira toute sa vie au service de Hachem. Après de nombreuses années, elle eut Chmouel et dès l’âge de deux ans, l’a apporté au Beth-Hamikdache et le confia à Êli Hacohen. Dès son arrivée, Chmouel se montra très érudit en Torah, et commença à répondre aux questions de Halakha sans en avoir reçu l’autorisation de son maitre. En voyant cela tout en sachant que Chmoeul était un descendant de Kora’h, craint fortement que Chmouel ne rejette toute autorité et engendre des Mah’lokète-discorde, c’est pourquoi il décida qu’il était passible de mort. Êli alla annoncer à ‘Hanna sa décision tout en promettant qu’elle aurait un autre enfant, encore plus réussi. ‘Hanna refuse et rejette tous les arguments de Êli. Pour quelles raisons ? « C’est pour cet enfant que j’ai prié !! », et étonnement Êli accepte son point de vue et annule le décret de mort de Chmouel.
Quelle était la force de cet argument ? Pourquoi Êli n’a plus craint la rébellion et les Ma’hlokète semées par Chmouel ?
Un enfant qui vient après une prière après un effort intense ne peut trébucher ! ‘Hanna a prié pour cet enfant, elle ne l’a pas reçu gratuitement, il a fallu des années et des années de pleurs et de supplications, cet enfant ne peut être qu’un Tsadik !
Effectivement le mazal dit qu’Avram n’aura pas d’enfants, et lorsqu’il eut Ichmaël avant de changer de nom, c’était un enfant de miracle, surnaturel, reçu gratuitement, sans effort. Un tel enfant, reçu comme ça, peut échouer ! AvraHam voulait un enfant Tsadik, pas un enfant surnaturel, mais un enfant reçu après beaucoup de prières, un tel enfant ne peut être que Tsadik. Un enfant reçu par des efforts n’est pas un enfant surnaturel donné en cadeau, mais un enfant naturel, car la prière change le Mazal. Ce qui est reçu par la prière n’est pas considéré comme un miracle, mais si l’on peut dire, comme un dû naturel, car Hachem a fixé une loi dans la nature, qu’une prière venant du fond du cœur peut changer la nature !
Rav Michael GUEDJ Chlita
Roch Collel Daat Chlomo – Bnei Brak
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