23 novembre 2024

Les captifs selon la Halakha (loi juive)

Cette semaine je traiterai d’un sujet très délicat et assez difficile, qui n’est pas directement lié avec notre bulletin mais qui reste malheureusement d’actualité en Erets. Il s’agit du regard de la Tora sur le rachat des captifs. Mon étude reste très sommaire, donc il ne s’agit pas de prendre au pied de la lettre ce développement, toutefois, cela donnera à mes lecteurs une idée sur le vaste sujet. J’espère profondément que par le mérite de notre approfondissement, tous nos détenus de Gaza retrouveront le chemin de la liberté tant espérée et que nos soldats reviendront sains et saufs dans leurs maisons.

Le Séfer Ahavat Hessed, dans son introduction, enseigne que la Tora est remplie de Mitsvoth de ‘Hessed (générosité). Seulement il existe parmi tous ces commandements la Mitsva de Pidion Chevouïm (rachat des captifs). La Guemara dans Baba Bathra (8) enseigne d’après le verset que le rachat des captifs et la plus grande Mitsva qui existe dans ce domaine. Par exemple, si la communauté a récolté des fonds pour l’aide aux pauvres ou une autre bonne œuvre, et que se présente cette Mitsva du rachat des captifs, les responsables communautaires devront réorienter les fonds pour les délivrer. Donc il s’agit d’un commandement qui incombe à tout à chacun de faire le maximum pour libérer les prisonniers lorsqu’ils ne sont coupables d’aucun délit. C’est la plus grande des Tsedakoth qui puisse exister. Si on n’a pas le choix, on devra même vendre le Séfer Thora de la communauté pour racheter le captif. Le Choul’han ‘Aroukh (Yoré Dé’a 252,2) stipule que celui qui a la possibilité de libérer un otage et s’en empêche pour une raison ou une autre, transgresse un interdit de la Tora : « Lo ta’amod ‘al dam réékha / ne sois pas insensible au sang versé de ton ami » en plus d’autres Mitsvoth. Donc, si parmi mes nombreux lecteurs de la fameuse « Table du Chabbath » il se trouvait des gens qui ont le bras long jusqu’au Qatar, voir même Gaza ou, plus proche de nous, auprès du recteur de la grande Mosquée de Paris alors il faudra aussitôt lever le combiné téléphonique et se mettre au travail au plus vite. Cependant, lisez jusqu’à la fin mon développement…

Seulement cette Mitsva du rachat est bien connue des sources talmudiques. La Guemara dans Guitin (45.) conditionne cette action de libération au fait qu’on ne dépasse pas un seuil : la valeur marchande des captifs. En effet, à une époque reculée, les pratiques barbares existaient déjà, les gazouis n’ont rien inventé, et peut-être que c’était déjà leurs ancêtres… qui sait ? Et fréquemment des groupes de fanatiques enlevaient des paisibles touristes qui passaient des moments inoubliables auprès d’un oasis du désert. Semble-t-il qu’il y avait déjà le Club Med en version cacher… (Ndlr : « nommer ces terroristes par le mot « fanatique » c’est une aimable claque donnée à tous les courants libéraux de la communauté qui ont traités durant des dizaines d’années la communauté juive orthodoxe par ce même mot « fanatique »!? Or, de nos jours, se dévoile au grand jour la véritable nature de toutes ces peuplades qui prônent la destruction et la mort ainsi que leurs innombrables disciples qui brandissent le même brassard du fanatisme cruel et dangereux qui, sans le dire ouvertement, est une réminiscence de l’Allemagne nazie, avec pour différence qu’ils agissent ouvertement sans se cacher et en filmant et diffusant leurs crimes en temps réel dans le monde entier. Donc, je pose cette véritable question à mes lecteurs à savoir qui sont les véritables fanatiques de la planète : les hommes de Bené Brak / Jérusalem ou les allumés de Gaza et du Sud Liban en passant par les gauchistes de Paris qui défilent à l’unisson avec des étendards appelant au meurtre ? Fin de l’aparté.)

Mais revenons à notre développement. La Guemara enseigne donc qu’on ne pouvait pas dépasser la valeur des hommes. Deux raisons sont évoquées. La première, afin de ne pas appauvrir la communauté car à l’époque, il n’existait pas d’organisme social qui offrait un salaire minimum, la deuxième, par crainte que les bandits n’en viennent à se spécialiser dans le domaine du kidnapping lucratif notamment lorsque c’est un proche parent qui paye la rançon. D’après cette raison, on pourra le laisser payer la rançon (il n’y a pas d’appauvrissement de la communauté), mais d’après la deuxième raison, ce sera prohibé). Un autre enseignement (dans Ketouvoth 51) existe au sujet de l’obligation du mari de racheter sa femme prisonnière. En cas de kidnapping, c’est une des obligations inscrites dans la Ketouba (acte de mariage) de racheter sa femme. Est-ce que le mari devra dépenser plus que sa valeur (ndlr : c’est sûr que nos épouses n’ont pas de prixn’est-ce pas ?).

Un premier avis considère que cela fait partie des obligations du mariage donc le mari, devra racheter sa femme à n’importe quel prix (en fonction de ses capacités). D’après un second avis, rabban Gamliel, l’obligation inscrite dans la Ketouba est identique au cas classique qui précise que l’on ne devra pas dépasser la valeur commune.

Le Tour tranche comme le Roch : un homme pourra dépasser de beaucoup la valeur commune de sa femme car « ichto kegoufo » son épouse est considérée comme son propre corps. Or, par rapport à soi-même, on peut dépenser toute sa fortune pour se libérer. Le Choul’han ‘Aroukh (Even Hazer 78.2) tranche comme l’avis de rabban Gamliel tandis que le Rama comme le Tour.

Comment définir la valeur d’une personne ?

A une époque reculée il existait le marché aux esclaves et suivant les capacités du serviteur (physiques et intellectuelles) on fixait un prix. Cependant, de nos jours puisqu’il n’en existe plus, certains décisionnaires considèrent que tout dépend des circonstances (capacité financière et autres) (Pit’hé Techouva 242,5).

Il existe une autre Guemara intéressante (Guitin 58) au sujet d’un enfant qui était captif à Rome. Rabbi Yehouchoua’ l’a su et a dit : « Je paierais tout l’argent du monde pour le délivrer ». Tossafoth s’étonne : « Nous savons le principe qu’on ne peut pas racheter les captifs au de-là de leur valeur, donc comment rabbi Yehochoua se permet de payer une très forte rançon ? »

Réponse : le cas est différent car il y avait un danger de mort qui pesait sur l’enfant.

Cet enfant était particulièrement intelligent et rav Yehochoua savait qu’il deviendrait un grand rav. D’après la première réponse de Tossafoth, dans le cas où il y a danger de mort, on n’appliquera pas le principe de ne pas racheter le captif plus que sa valeur.

Au niveau des grands Poskim, le Rambam tranche que dans tous les cas on ne devra pas payer une rançon plus que la valeur. D’autres décisionnaires plus tardifs permettent de payer une plus forte rançon (Yam chel Chelomo 3, 66/72).

Dans le cas où l’on doit libérer des terroristes dans la transaction, est-ce que le cas sera similaire ?

La Guemara dans Sanhédrin (73) nous apprend qu’un homme doit tout faire pour sauver son prochain d’un danger certain. On l’apprend du verset de la sainte Tora : « Tu ne seras pas insensible au sang versé de ton prochain ». Le Talmud de Jérusalem considère qu’on devra aller jusqu’à se mettre en danger pour sauver son frère. Cependant, le Beth Yossef (‘H. M. 426) ne tranche pas comme ce dernier avis. Au final, on ne devra pas se mettre en danger pour accomplir cette Mitsva de sauvetage. Les Posskim de notre époque (Chevet Halévy H. 8 .87) rajoutent que dans le cas où il existe une faible probabilité de danger, on devra accomplir le sauvetage. D’autre part, dans une autre responsa, il écrit qu’on ne devra pas prendre en compte le danger futur lorsque la vie des otages est en jeu.

Un autre point est à mettre dans la balance : lorsqu’il s’agit d’une guerre. Il est dans les prérogatives d’un état d’entrer en guerre avec son voisinage pour des raisons tactiques et de gestion du pays et par conséquent de mettre sa population en danger. Si la libération des otages entraîne des perturbations dans l’accomplissement de la guerre, par exemple que la rançon renforce les ennemis, l’Etat n’est pas tenu de sauver ses détenus (d’après le Min’hath ‘Hinoukh sur la Mitsva 425 et 604 ; H. Sofer H. M. 44 ; Netsiv Ha’émek Davar Beréchith 9,5).

En 1970 des avions ont été détournés vers la Jordanie. Parmi les passagers se trouvait rav Hutner Zatsal, un grand rav d’Amérique avec sa famille. Ses élèves ont voulu réunir de l’argent et faire des tractations avec les terroristes pour sauver le rav et sa famille. La sommité de Tora aux USA, rav Ya’akov Kaminietski (à ne pas confondre avec le rav ‘Haim Kanievski de Bené Brak) avait repoussé l’offre des élèves du rav Hunter en expliquant qu’à pareille époque la situation était celle d’une guerre et qu’il ne fallait pas perturber le cours des choses…

Rav David GOLD