Cette semaine dans notre Paracha sont rapportés les 10 Commandements. En effet, notre maître Moché, avant de quitter ce monde répète la Thora et les mitsvots au Clall Israel dans le Livre de Dévarim. Dans le 5ème commandement il est dit:” Honore ton père et ta mère comme l’ordonne Hachem ton D. afin de rallonger les jours de ta vie etc…”. Cette Mitsva est un des fondements de la loi juive. Les Sages expliquent le cadre de cette Mitsva en détail. Il existe en effet deux Mitsvots: celle d’HONORER ses parents et celle de les CRAINDRE. L’honneur c’est de leur donner à manger et à boire, les vêtir, les accompagner dans leurs sorties et leurs entrées. La crainte, c’est de ne pas contredire leur parole, de ne pas s’asseoir à leur place (par exemple à la table familiale) ni de se tenir debout à leur place habituelle et enfin de ne pas trancher une discussion lorsqu’ils débattent avec des amis. En un mot, le fils ou la fille doivent se tenir à leur place par rapport aux parents ! On posera une question en donnant un cas de figure : qu’en est-il, si le fils très fatigué après une journée de labeur se trouve assis au fond d’un autobus et voit au loin son père monter dans le même bus et qui ne trouve pas de place assise. On rajoutera que le père ne voit pas le fils et restera debout tout le temps du trajet. Est-ce que dans ce cas, le fils a le devoir de se lever pour donner sa place à son père? Vous allez me répondre qu’on n’a pas besoin de sortir de la Yéchiva Poniowits pour savoir qu’il doit donner sa place car c’est un manque de Kavod évident de ne pas la donner! On pourra admettre que vous avez raison au niveau de l’esprit de la Mitsva. Mais notre question se situe au niveau de l’OBLIGATION et du DEVOIR.
Avant d’y répondre, on devra avertir nos lecteurs que notre développement ne vise pas à trancher la Hala’ha dans les faits. Et dans tous les cas, il faudra interroger un Rav sur la conduite à tenir. Autre point important à ajouter à la question, c’est qu’il s’agit d’un cas où le père ne voit PAS son fils, car dans le cas contraire, c’est sûr qu’il y a une déconsidération flagrante vis-à-vis de ses parents que de ne pas céder sa place. Le fils montre ainsi qu’il n’a pas de “crainte” du père et c’est plus grave!
Ceci étant posé, la Guémara Quidochin (32.) rapporte une discussion sur le fait de savoir si le Kavod (les nourrir, les vêtir….) que le fils doit à ses parents c’est avec l’argent du fils ou celui du père. Et la Guémara tranche que c’est avec l’argent du père et non du fils. Donc l’enfant doit nourrir son père et le vêtir avec l’argent des parents. Par rapport à notre question du départ, lorsque le fils trouve une place assise, il a un droit d’utilisation de la place tout au long du trajet. Et dans un cas possible, bien que peu probable, il peut même vendre ce droit à quelqu’un qui est debout et qui demande à s’asseoir! Car finalement c’est un droit qui a une valeur pécuniaire.
D’après la Guémara qui tranche que l’honneur c’est avec le bien du père, il semble donc qu’il n’a pas l’obligation de concéder sa place. Cela ressemble un peu à un fils qui possède un objet qu’un des parents lui réclame, le fils n’a pas d’obligation de céder cet objet à ses parents!
Cependant il existe deux autres aspects à la question, mais on verra que dans les 2 cas on repoussera la possibilité de donner sa place.
1° Le Tossphot rapporté dans la Halakha dit que dans le cas où le fils est riche, tandis que le père est pauvre, le Beth Din obligera le fils à nourrir son père. Dans le cas qui nous occupe, le fait que le fils se trouve assis tandis que le père est debout, cela ne signifie pas que le père est considéré comme indigent pour obliger son fils à lui donner sa place car ce n’est pas une question de Tsédaka.
2° Il existe une Mitsva de se lever tant qu’un des parents est debout. On l’apprend du Kavod que l’on doit au Sage de la Thora: l’élève doit se lever devant le Rav. Donc nécessairement, le fils en voyant monter son père devra se lever et ce jusqu’à se qu’il trouve sa place… Cependant, la Halacha stipule que l’élève restera debout jusqu’à ce que le Sage trouve sa place même si cette place est debout! Par exemple lorsque le Rav monte à la Thora, le public devra se lever jusqu’à ce qu’il arrive à la Bima: là où on lit la Thora. A ce moment, le public pourra s’assoir même si le Rav est debout car c’est devenu sa place. Donc là encore, le fait que le père s’installe debout dans le couloir du Bus accolé à un siège, c’est défini comme s’il avait trouvé son endroit fixe, et donc le fils pourra se rassoir!
On a vu une Responsa du grand Possek le Rav Wozner Zatsal : « Si un jeune est assis, doit-il nécessairement laisser sa place lorsqu’un ancien se tient à ses côtés dans un bus? » Il répond que l’obligation d’honorer les anciens c’est uniquement de se lever devant eux mais qu’il n’y a pas d’obligation au niveau de la Hala’ha de céder sa place. Seulement, il conclut que ce n’est quand même pas normal que le jeune soit assis alors que l’ancien est debout : comme si un élève était assis devant son Rav qui est debout. C’est un manquement dans la Mitsva de Hidour que l’on doit aux anciens.
Pour finir notre développement, on rapportera une anecdote au nom du Rav Haïm de Brisq. Un jour, un élève est venu lui demander conseil: il avait reçu une lettre de son père lui demandant de rentrer à la maison afin de l’aider. La question du Talmid était que puisque pour revenir chez lui il fallait prendre le train qui coûtait cher à l’époque, est-ce qu’il était dispensé d’acheter le billet de train car la Guémara dit que c’est avec l’argent des parents mais pas avec ses propres deniers qu’on doit honorer ses parents? Le Rav lui répondit:’ Véritablement tu es dispensé d’ACHETER un billet de train! Cependant comme ton père te l’ordonne tu dois te rendre A PIED pour l’honorer!’. On conclura par un court extrait des paroles du Haï Adam (67) qui dit qu’il faut être très, très attentif dans la mitsva d’honorer ses parents car leur honneur s’apparente à celui que l’on doit au Créateur du Monde Lui-Même!
Rav David Gold 00 972.390.943.12
More Stories
Wort sur la Paracha de Vayéra
Vayéra: Détecteur de Mitsva
Vayéra: Mieux que la Rolex…