« …Allons, bâtissons-nous une ville et une tour et son sommet dans les cieux, faisons-nous un nom. De peur de nous disperser sur la face de toute la terre… » Berechit 11 ;4
Nous sommes après le déluge, Hachem a détruit le monde à cause du vol et de la débauche.
Rabénou Bé’hayé explique qu’Hachem avait déjà enjoint Adam et ‘Hava, ainsi que Noa’h à la sortie de l’arche de se procréer et multiplier, pour remplir et conquérir la terre. (Berechit 1 ;28 – 9 ;1)
Hachem voulait qu’on se multiplie et qu’on se dispatch pour habiter sur toute la surface de la terre.
Et c’est justement ce point qui a fait peur à la génération de Babel.
« De peur de nous disperser », Rachi explique qu’ils craignaient qu’Hachem leur inflige une nouvelle catastrophe qui provoquerait leur dispersion. Ils voulaient rester ensemble, construire une seule ville où ils seraient concentrés, ils géreraient leur vie de façon autonome. Ils voulaient montraient qu’ils pouvaient se débrouiller sans Hachem, une sorte de Kibboutz. Et par cette Tour, ils défieraient la grandeur d’Hachem.
Le Radak explique que cette haute construction serait pour chacun d’entre eux un « signe », que même éloigné de la ville, le fait de la percevoir de loin, cela leur permettra de rester lié les uns des autres, et de ne pas se disperser.
Leur plan était « fondé ». Qu’est ce qui a détruit le monde ? la débauche et le vol alors soyons unis! Ainsi Hachem n’aura pas de raison de mettre notre projet à l’eau !
De quelle hauteur était cette tour ? Ils ont vu que les eaux du déluge sont montées jusqu’aux sommets des montagnes. Ils ont pris l’initiative de construire une tour au-delà de cette hauteur, pour être épargnés de D.ieu.
Et c’est tous ensemble, dans la joie, l’amour et la fraternité, qu’ils ont construit une grande tour. Une fois arrivés à la hauteur des eaux du déluge, ils se sont dit qu’ils ont dépassé les limites du Créateur, et qu’ils n’avaient plus rien à craindre.
Comment Hachem les a-t-il punis ? Tout simplement en les dispersant les uns des autres, comme l’a dit Chlomo Hamelekh (Michlei 10 ;24) « ce que redoute le scélérat lui survient ».
Sans coups et blessures, sans inonder la terre, mais juste en confondant le langage de toute la terre.
Comme il est dit « C’est pourquoi on appela son nom Babel, car la Hachem confondit le langage de toute la terre. Et de là les dispersa Hachem sur la face de toute la terre » (Berechit 11 ;9)
Avant Babel, tous parlaient la même langue. Et c’est de cet évènement qu’Hachem a créé les 70 langues.
En Hebreu « LéBALBEL » signifie s’embrouiller. En changeant leur langage, Hachem les a embrouillés et ils n’ont pas pu aboutir leur projet.
Nous devons savoir que la Torah, n’est pas un simple livre de compilations de belles histoires, avec des méchants et gentils, et que tout se termine par un « happy end ». Mais plutôt un livre qui nous fait voyager à travers les temps sur les traces de nos Pères, pour nous aider à comprendre le présent et à construire le futur.
Quel message devons-nous apprendre de la génération de Babel ?
Ils ont voulu défier Hachem en prenant comme atout la fraternité/a’hdout qui est ce qu’Hachem aime le plus dans son peuple. Lorsque le peuple est uni, se soucie l’un de l’autre, est généreux envers l’autre « aavat Israël/ l’amour de son prochain ».
Ils ont cru qu’en se conduisant en enfant modèle, ils pourraient créer une Tour qui défierait la grandeur d’Hachem et montraient que le produit de leurs mains est plus fort que toute la Création.
Notre génération aussi a pensé ainsi. Nous avons créé des moyens de communication ultra puissants nous permettant d’être connectés avec le monde entier à l’instant T. Entre autres ces outils nous permettent de diffuser la Torah au plus grand nombre. Nous pouvons étudier seuls, assister à des cours à distance, plus de déplacement.
Nous avons fait rentrer ces outils dans les beth Hamidrash, dans les synagogues. Toujours avec de très bonnes intentions.
Nous avons joué aux enfants modèles, mais avec ce petit écran nous avons cru gérer seuls toute notre vie. Nous avons dispersé le saint but de ces outils qui sont devenus des machines de destruction sans que nous nous en rendions compte.
Une vie ou tout est calculé et prévu. Nous avons des statistiques et prévisions sur toutes choses: le trafic, la santé, la météo, les guerres…
C’est une sorte d’effronterie envers le Tout-Puissant. Un mode vie sans Hachem, et vide d’emouna.
Hachem a envoyé (déjà presque 2 ans!) un petit virus qui a uni le monde entier dans la même galère et qui a éloigné tout le monde.
Allez utiliser votre technologie maintenant. Restez chez vous avec ce petit d’écran. Plus d’école, plus de travail, plus de synagogue. Restez chacun chez soi, utilisez ZOOM, WhatsAPP, le téléphone.
Si vous sortez, restez éloignés, une distance de 2 mètres, pas de rassemblement, et mettez vos masques.
Et maintenant qu’est-ce que l’on demande : nous voulons aller à l’école, que notre maître nous enseigne face à face. Nous voulons travailler. Nous voulons partager une joie, un mariage, une brit ou pleurer à un enterrement mais pas sur ZOOM seul derrière son écran. Nous voulons le vivre en direct avec ceux qu’on aime main dans la main, partager un sourire, porter l’autre dans sa douleur.
Nous voulons participer à un office dans une synagogue, allez embrasser le Eikhal, répondre à un Kaddish, sentir la présence divine dans ce lieu saint. Mais nous ne voyons pas la fin de ce virus.
A la génération de Babel, ils ont créé la fraternité contre Hachem et Il les a dispersés. Nous nous pensions plus forts : on se disperse mais on reste « connecté » toujours ensemble mais pas selon le mode de vie qu’Hakadosh Barouh Hou nous a demandé. Et Hachem nous a masqué les uns aux autres.
Hachem attend de nous que nous levions nos yeux vers le ciel et qu’on lui montre que seul Lui peut nous sauver.
Rav Mordekhai BISMUTH
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