« Toutefois, l’or et l’argent, le cuivre, le fer, l’étain et le plomb ; tout ce qui supporte le feu, vous le passerez par le feu et il sera pur, après avoir été purifié par l’eau lustrale ; et tout ce qui ne va pas au feu, vous le passerez par l’eau. » Bamidbar (31 ; 22-23)
Ces versets nous enseignent les principes des lois de « cachérisation » des ustensiles de cuisine. Celui qui a été utilisé pour rôtir devra être brûlé et celui qui a été utilisé pour faire bouillir devra être ébouillanté. De la même manière qu’il a été souillé, l’ustensile sera cachérisé. Par la suite il sera trempé au mikvé afin d’être purifié.
De ce principe, le Rav Moché Feinstein Zatsal nous transmet une règle fondamentale en matière de Téchouva : De la même manière qu’un ustensile souillé pourra être cachérisé et purifié, de la même manière pourra-t-on procéder ainsi pour un homme.
Voilà une bonne nouvelle pour chacun d’entre nous ! A quelques semaines du mois de Elloul, mois propice à la Téchouva. Mais comment s’effectue au juste cette Téchouva ?
Prenons l’exemple d’une personne qui, durant sa jeunesse, a été absorbée par le petit écran, ou a vibré au son des rythmes Disco, Rock ou Rap.
Comment va-t-elle pouvoir s’en défaire ? Pourra-t-elle se détacher réellement de son passé, partie intégrante de son être ? Comment va-t-elle pouvoir se « cachériser », afin de devenir un ustensile cacher, réceptacle de la Torah ?
C’est justement ce que vient nous enseigner notre Paracha, ce qui est rentré par le feu devra sortir par le feu ! Ce qui signifie dans le cas de notre exemple, que le même feu, le même enthousiasme qui a fait pénétrer en nous ces mélodies nous entraînant à chanter et danser, devra être utilisé pour les en faire sortir.
C’est l’enthousiasme de la Kédoucha qui déracinera l’enthousiasme de la Touma. C’est cette force d’égale intensité et opposée qui nous « cachérisera ».
Tout cet engouement que nous avons eu pour un match de foot, un roman, la mode, etc, devra désormais être mis au service de la Torah.
Toutefois, une seconde condition est nécessaire pour le bon déroulement de l’opération.
Rachi nous précise qu’avant toute cachérisation d’un ustensile, il sera indispensable d’en gratter et éliminer la rouille qui pourrait s’y trouver, afin que celui-ci retrouve son état naturel, le métal. La rouille demeurée sur l’ustensile annulerait donc le processus de cachérisation.
Eh bien il en est de même si de la rouille se trouve « en nous », nos efforts de cachérisation ne pourront alors pas aboutir !
La Guémara (‘Haguiga 15b) nous rapporte l’histoire de Elisha Ben Abouya, le maître de Rabbi Méir. Sa sagesse, sa sagacité, son érudition était si grandes que les Sages d’Israël se flattaient de compter un tel élément dans leurs rangs. Seulement voilà, un air de mélodie grecque ne quittait jamais ses lèvres et il cachait des livres de poésies grecques hérétiques dans sa chambre. Déchiré entre ces deux cultures, Elisha Ben Abouya devint A’her (ce qui signifie l’Autre) et fut exclu par ses Pères.
Le mal et le bien ou la Kédoucha et la Touma sont des forces qui ne peuvent cohabiter ensemble. La Téchouva exige de nous, simplement, de regretter le mal que nous avons fait, de le réparer, de demander pardon et de nous engager à ne plus recommencer.
La volonté et l’engagement pour le Bien doivent être sincères, entiers, et non formulés du bout des lèvres. Enfin, rompre véritablement et totalement avec nos actions et comportements passés sera possible, et indispensable, pour devenir un nouvel être.
Rav Mordékhaï BISMUTH
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