21 décembre 2024

Matot : EST-CE QUE LES PAROLES S’ENVOLENT VRAIMENT ET LES ÉCRITS RESTENT ?

Cette semaine, la paracha de Matot traite d’un sujet dont on a un peu perdu l’habitude, ce sont les vœux. A une époque plus ancienne, ils étaient beaucoup utilisés comme un moyen de renforcer la personne dans la pratique des Mitsvots ou dans une simple décision personnelle. Malgré tout aujourd’hui encore, elles ont force de ‘loi’ et obligent la personne à respecter son Voeu/Neder ou sa promesse. C’est pourquoi aussi, le Clall Israel a l’habitude de faire la prière de Kol Nidré à l’entrée du jour saint de Yom Kippour pour se défaire des vœux de l’année passée (afin de ne pas trébucher dans l’interdit de ne pas accomplir ses vœux). De notre Paracha il ressort qu’il existe deux Mitsvots qui ont trait aux vœux. C’est l’interdit de transgresser sa parole: « Bal Yah’el Dévaro» et la Mitsva positive de tenir son engagement: « KéH’ol Hayotsé Mipiv Yaassé» Bamidbar 30.12.

De là, on apprend que dans le cas où l’on a fait un Néder, la Thora nous oblige à le respecter. C’est un grand ‘Hidouch’, qu’une personne puisse créer un interdit du même niveau que les autres interdits de la Thora! Par exemple si quelqu’un a une grande difficulté à surmonter une tentation qui lui est néfaste, alors il a la capacité de s’interdire cette chose sous la forme du voeu. Et cette fois ce n’est plus sa seule conscience qui l’interdit, mais c’est la Thora! On a déjà entendu que des gens se sont interdits la cigarette sous la forme de Néder et cela leur a réussi! (à condition d’avoir la ‘sagesse’ de ne pas mettre la barre trop haut, car dans le cas où l’on trébuche on transgressera 2 interdits de la Thora!) Une chose à savoir, c’est que la force des vœux dépend de la manière dont ils ont été dits. A chaque fois que je m’interdis quelque chose, cela ne tombe pas forcément sous la rigueur d’un vœu! (si ce n’est la parole de Mitsva, comme de dire ‘demain à 18h je vais au Beit Hamidrach’: ceci est un vrai Néder!)

Le Rav Konnstadt Zatsal (rapporté dans Challal Rav sur Paracha Mattot) pose une belle question. Pourquoi la Thora est-elle  pointilleuse vis à vis de notre parole? Par exemple si un homme construit une belle maison: il n’aura aucun interdit à la détruire tandis que sur sa parole, ce sera différent! Pourquoi transgresser sa parole est-il plus grave que l’action elle-même?

Le Rav explique que la parole est une faculté qui est donnée tout particulièrement à l’homme. En effet dans le reste de la création il n’existe pas d’animaux qui parlent (même pour le perroquet, ce n’est qu’une répétition de ce qu’il a entendu). Tandis que la parole, c’est une faculté qu’Hachem a donnée à l’homme en propre. La preuve c’est que lorsqu’il est dit «Hachem a insufflé un souffle de vie»Berechit 2.7 la traduction d’Onquelos dit qu’Hachem a rempli l’homme du souffle de la parole!

Nécessairement celui qui transgresse sa parole faute dans l’attribut qui confère à l’homme toute sa grandeur par rapport au reste de la Création et donc c’est bien plus grave! Dans le même ordre d’idées, il existe une halakha (Choulh’an Arouh 3.1) qui est de ne pas parler quand on fait ses besoins (si ce n’est pour prévenir un ami qui veut rentrer dans les toilettes de notre présence dans ce lieu). Il semble aussi que c’est lié avec l’importance de notre parole qui ne doit pas se faire entendre dans un pareil endroit. Pour finir, on dira un petit mot au nom du Hida. Il apprend du verset cité ci-dessus qu’un homme doit faire attention à tout ce qui sort de sa bouche. Et si c’est ainsi, alors Hachem accomplira ses demandes et les réalisera, comme il est dit : «  tout ce qui sort de sa bouche (de l’homme), Il (Hachem) le réalisera » ! C’est qu’on a la certitude qu’Hachem écoutera nos demandes  après que l’on ait fait attention à bien garder notre parole….

Rav David GOLD