L’histoire de la Méguila est un véritable exercice de foi pour chacun de nous, comme l’explique le Rav Nathan Sherman.
Durant plusieurs générations et jusqu’à l’exil de Babel, les Bneï Israël étaient comblés de miracles jour après jour. Même s’il est vrai que la Emouna ne doit pas être fondée sur des miracles, jusqu’à l’histoire de Pourim, le peuple juif a pu renforcer sa Emouna à la vue de ces miracles dévoilés, comme par exemple les dix plaies, l’ouverture de la mer rouge, les 40 ans dans le désert. De plus, quiconque se rendait au Beth-Hamikdache pouvait tout naturellement voir la providence divine, comme il est dit dans les Pirkeï Avot (5;8) : « Dix miracles se produisaient dans le Beth-Hamikdache en faveur de nos pères… ». Cependant, cette période d’abondance de prodiges a, à la longue, atténué la Emouna et a eu pour conséquence de voiler la main de D.ieu dans la vie quotidienne, ce que nous appelons nous aujourd’hui la « nature ».
N’oublions pas que la nature, le fonctionnement du corps, la vie même, sont un miracle.
D’ailleurs, la guématria de « Hatéva/la nature » est la même que celle de « Elokim/D.ieu ». En effet, derrière le mécanisme parfait de la nature se cache la main d’Hachem.
On peut accomplir les Mitsvot, prier trois fois par jour, mais être convaincu que toutes les réussites de l’homme dans le domaine professionnel, familial ou militaire ne sont que le fruit de ses efforts intensifs et déterminés. Hakadoch Baroukh Hou n’aurait-Il pas une part essentielle dans cette réussite ? Bien sûr que si ! Mais Il se fait discret, de sorte que Sa participation soit quasi invisible.
Telle est l’épreuve de chaque juif : retrouver D.ieu qui Se dissimule dans ce monde. Le juif doit chercher la vérité dans l’obscurité.
Cette épreuve fut accentuée à l’époque de Mordékhaï et Esther où la période des miracles manifestes s’atténua, pour pratiquement se terminer.
Ainsi, depuis lors, il nous faut trouver la main de D.ieu non pas dans des miracles tels que les dix plaies ou l’ouverture de la mer rouge, mais dans notre quotidien, dans notre vie de tous les jours. Voilà le message important que la Méguilat Esther nous révèle.
Aujourd’hui, plus que jamais, les progrès technologiques dans tous les domaines ne nous laissent plus de place pour penser à Hachem.
Or, dans tout ce qui nous arrive, même par l’intermédiaire d’un tiers, humain ou inanimé, nous devons voir principalement la main d’Hachem qui est dirigée vers nous. Comment y arriver ? Premièrement, il nous faut travailler notre Emouna en Hachem et notre bita’hone par l’étude, écouter ou lire du moussar…
Deuxièmement, une fois que nous aurons assimilé la notion que tout provient du Ciel, même lorsque cela arrive par un intermédiaire, que ce soit un conjoint, un proche, un ami, un voisin, on arrivera aisément à accomplir la Mitsva d’aimer son prochain, car on pensera automatiquement que lorsqu’il me cause du tort, ce n’est pas lui le responsable.
Le Rav Haim Friedlander développe très profondément ce sujet. Il explique lorsque nous arrive un événement, agréable ou non, il y a forcement une raison à cela. Il nous faut savoir au fond de nous-mêmes que ce sont nos propres fautes qui déclenchent les événements pénibles et que cette chose vient d’Hachem. Nous ne devons surtout pas chercher à nous venger de notre prochain, car se venger de lui est une façon de nier l’existence d’Hachem.
Un exemple frappant de cette reconnaissance d’Hachem est celui de Yossef vis-à-vis de ses frères. Chacun d’entre nous connait la terrible histoire de Yossef qui fut dans un premier temps jalousé par ses frères, puis jeté dans un puits rempli de serpents et de scorpions pour ensuite être vendu en tant qu’esclave jusqu’à ce qu’il devienne vice-roi d’Égypte.
Yossef avait accédé à la plus haute distinction sociale qu’un homme puisse atteindre : il secondait pharaon. Ce jour tant attendu des retrouvailles avec ses frères arriva enfin : ils étaient prosternés devant lui, et son rêve prophétique s’était donc bien réalisé. Malgré cette situation où le puissant Yossef aurait pu prendre un certain plaisir à humilier ses frères qui l’avaient vendu vingt-deux années auparavant, il révéla sa confiance totale en Hachem. Voici les paroles incroyables qu’il leur adressa : « Et maintenant, ne vous attristez pas, ne vous fâchez pas de m’avoir vendu ; car c’est pour la subsistance que Elokim m’a envoyé avant vous… ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici mais Ha-Elokim… » (Beréchit 45,5-8).
Sa réplique montre la façon dont Yossef voit les épreuves de la vie. Ce ne sont pas ses frères qui l’ont vendu, mais Hachem ! Ainsi il n’éprouve aucune rancune, aucune haine envers ses frères. Quelle grandeur d’âme ! C’est pour cela que le Midrach nous enseigne ceci : « Heureux l’homme qui met sa confiance en Hachem… » – il s’agit de Yossef.
Nous devons craindre Hachem seul et savoir que Lui seul possède le pouvoir ; sans Son consentement rien ne peut nous atteindre. Si nous arrivons à vraiment Le craindre, alors nous ne craindrons plus rien d’autre. Ne soyons pas comme le chien qui mord le bâton parce qu’il croit que c’est ce bout de bois qui l’a frappé.
Revenons à la Méguilat Esther, dont le nom exprime l’idée du dévoilement d’amour du prochain. En effet, Méguila vient de la racine guiloui/dévoilement, et « Esther » signifie « cachée ». Le nom d’Hachem n’apparaît pas dans la méguila, il est seulement en allusion sous le mot « Hamélekh-Le Roi ».
A travers l’histoire de la Méguila et grâce aux Mitsvot qu’elle contient, nous allons être amenés à dévoiler le bon qui est caché en nous, ainsi que le bon qui est en notre prochain.
La lecture de la Méguila doit nous apporter la sagesse et nous mettre en éveil à propos de tous les événements qui se passent autour de nous, que ce soit dans la société, dans la famille ou dans le couple…
Tout au long de l’année, nos mauvaises midot [colère, jalousie… ], même en infime quantité, obstruent notre regard et notre comportement envers notre prochain.
À Pourim, grâce à l’accomplissement des Mitsvot du jour, nous allons forcer notre corps pour réveiller notre intériorité. Cet exercice n’est pas toujours facile à réaliser ; comment ne pas éprouver d’amertume ou de colère en toutes circonstances ?
Pourtant, notre néchama veut se lier à la néchama de l’autre qui est face à elle, mais le corps fait écran.
Il faut comprendre que nous sommes tous une seule et même entité, comme l’explique le Yérouchalmi à travers la parabole suivante. Si un homme, en coupant de la viande avec la main droite, fait maladroitement glisser son couteau sur sa main gauche et la coupe, il ne lui viendrait pas à l’idée de couper sa main droite pour se venger ! Nous devons comprendre que la personne qui est face à nous, qui vit avec nous, est cette main droite ! Tout le peuple Juif est considéré comme un seul corps par Hachem, notre Créateur.
La lecture de la Méguila est un rappel. Son but n’est pas que nous nous souvenions de l’histoire mais que nous nous rappelions de l’omniprésence d’Hachem, qui doit influer sur notre vision dans la vie de tous les jours et sur notre comportement avec nos prochains.
Rappelle-toi que Hachem est là, caché dans ton quotidien. Rappelle-toi qu’Il est le « metteur en scène » de ta vie. Rappelle-toi d’être attentif et d’obéir aux paroles de nos sages à toutes les époques. Rappelle-toi que l’union de notre peuple détruit ton ennemi. Et pour te rappeler de tout cela, concentre-toi et écoute afin que chaque mot entre dans ton cœur.
En ce qui concerne notre actualité, et le virus « corona ». D’où vient son appellation ?
Cette bactérie qui à une forme de couronne a été nommée sous le nom de « corona » qui signifie couronne en latin.
Cette couronne n’est autre que la signature du Roi du Monde, Créateur de l’univers… « Hamélekh » comme dans la Méguila!
Il a détruit le monde par le déluge lorsque le vol remplissait la terre. Il a anéanti Sodome et Gomore qui pratiquaient l’immoralité sous toutes ces formes. L’Égypte fut soumise à une féérie de plaies qui les ont réduits au néant….
Aujourd’hui ce n’est ni par l’eau, ni par le feu ou les bêtes féroces. Mais juste par une petite, toute petite bactérie. Il a commencé par bloquer la Chine, supermarché du monde, dans quelques semaines il n’y aura plus réassort dans les magasins. Les aéroports se vident, les populations sont peu à peu bloquées aux frontières, et les civiles sont en quarantaine. Le fléau avance, et pas de solution, aucune armée, scientifique, politique n’est capable de se confronter à cette puissance ! Quelle force !!
Il nous reste, nous juif, fils du Roi, d’accepter Son joug, Sa couronne et de vivre Ses voies, celles de la Torah. Machia’h est la porte, la Guéoula est imminente, préparons-nous avant qu’il ne soit trop tard…
Par le mérite de nos efforts, puissions-nous voir très bientôt la délivrance finale et la construction de troisième Beth-Hamikdache, détruit autrefois à cause de la haine gratuite et qui sera reconstruit par l’amour et l’unité au sein de notre peuple. Bimhéra béyaménou Amen.
Pourim Saméa’h
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