21 décembre 2024

Mieux qu’une plaque commémorative sur la grande place du village…

Cette semaine notre paracha traite d’un évènement fondamental dans l’histoire de l’humanité : le déluge. On le sait, la 10° génération (après la création du premier homme  Adam Harichon) avait déjà trébuché dans de nombreux interdits. Et en final, Hachem décidera d’en finir avec tout ce monde à l’exception d’un homme Tsadik (droit) : Noa’h et ses enfants. Donc, nous apprenons de ce passage que le monde ne ressemble pas au navire perdu en pleine mer dans la tempête, prêt à faire naufrage. Mais il existe bien une main directrice –celle du Tout Puissant- qui empêche que le bateau ne coule (dans une société complètement pécheresse par le vol ou la dépravation la plus totale). Après cette terrible punition, le navire (l’humanité) se rétablira et pourra voguer vers des horizons meilleurs…. C’est-à-dire que l’intention directrice du Boré ‘Olam en créant ce monde était d’amener l’homme à la perfection. Et nos Sages –de mémoire bénie- expliquent que cette perfection ultime est de se rapprocher au plus près de son Créateur en lui ressemblant au niveau de ses traits de caractères (de la même façon qu’Il est miséricordieux, alors nous –ses créatures- seront pleins de compassion pour notre prochain ; de la même façon qu’Il est généreux, nous aussi, etc…). Or la génération de Noa’h, pratiquait le vol, l’adultère et l’idolâtrie… Donc Hachem a décidé de tourner la page pour diriger ce monde vers un avenir meilleur, plus pur (certainement sans le Corona) avec plus de morale dans le droit des affaires et dans le droit des personnes (ne pas transformer son prochain en chair à canon pour promouvoir ses intérêts…).

Ces idées sont certes intéressantes mais je m’attarderai sur le premier verset de notre paracha : « Voici les engendrements de Noa’h, Noa’h un homme pieux (Tsadik) intégre dans sa génération qui allait avec D’ ». Les Sages –dans le Midrash- font remarquer une anomalie. Il est mentionné « voici les engendrements de Noa’h », donc on aurait dû lire le nom de ses enfants : « Chem ‘Ham et Jaffet », or il est écrit « Noa’h un homme pieux, etc… ». Or, on le sait bien, dans la Tora il n’existe pas de fautes de caractères (bugs) et encore moins de fautes de sens… Quelle est la signification de cette apparente erreur ? Le Midrash rapporté dans Rachi explique que « le PRINCIPAL des engendrements d’un homme sont SES ACTIONS ! ». C’est-à-dire que les véritables fruits d’un homme sont ses bonnes actions, ses Mitsvoth, son altruisme vis-à-vis du prochain et sa compassion vis-à-vis des problèmes de sa femme (ou de son mari), etc… Donc, les engendrements d’un homme ne sont pas uniquement ses enfants et encore moins le(s) magasin(s) qu’il laissera derrière lui après 120 ans (avec les impayés des impôts et à l’URSSAF…) ou l’entreprise familiale –le joyau de sa vie-  ni les comptes en banque remplis à ras-bord ou encore un ou plusieurs appartements, etc…N’est-ce pas que la Tora nous apprend des choses que même les meilleurs chaînes de culture ou les réseaux sociaux  font l’impasse dessus… et pour cause…?

Le ‘Hafets ‘Haim dans son magnifique livre « Chem ‘Olam » va encore plus loin dans ce domaine. Il écrit –noir sur blanc- qu’un homme qui aurait laissé derrière son passage éphémère sur terre des enfants qui n’iraient pas dans les voies de D’ –que Hachem nous en garde- alors il aurait mieux valu qu’il n’en ait pas ! Et son explication est que non seulement ils ne multiplient pas les honneurs de D’ mais en plus ils vont contre Sa volonté ! Pour la petite histoire, dans les années 20/30 lorsque les gens de la communauté venaient lui demander sa bénédiction (afin d’avoir des enfants), fréquemment il disait : « La nouvelle génération ne suit pas les lois saintes de la Tora (l’assimilation était galopante en Pologne et dans toute l’Europe centrale) donc à quoi cela te sert d’avoir des enfants ? » Fin de l’aparté. Et le ‘Hafets ‘Haim –dans son livre Chem ‘Olam- nous donne trois conseils pour laisser un souvenir de notre passage sur terre. Pour cela il rapporte un verset du prophète Isaïe (56.3-5) : « Que l’eunuque (celui qui ne peut pas avoir d’enfants –soit par maladie ou de naissance) ne dise pas : « Je ressemble à un bout de bois sec ! »…mais ainsi parle Hachem aux eunuques : « Garde le Chabath et fait ce que J’ai choisi de faire et renforce Mon alliance… Alors Je te placerai dans ma Maison et dans mes murailles tu auras un nom meilleur encore que celui des enfants. Un nom pour toujours qui ne s’interrompera JAMAIS ! » De ce verset, le saint ‘Hafets ‘Haim déduisait que pour un homme qui n’avait pas d’enfants ou même qui en a, mais qui veut être sûr que son nom soit gardé pour la postérité dans les cieux, se sera au travers de trois actions. La garde du Chabbath (dans toutes ses lois comme ne pas allumer l’électricité, ne pas trier des éléments, Mouktsé etc…). Lorsque le verset dit : « Ce que J’ai choisi de faire » l’intention du prophète est de multiplier les actes de générosités vis-à-vis de son prochain (par exemple faire une caisse de prêt pour les nécessiteux de sa communauté –c’est possible de le faire depuis sa maison avec des virements…). L’alliance: il s’agit de l’étude de la Tora ; donc on ira à des cours de Tora et on renforcera auprès de sa communauté la Tora (par exemple on soutiendra le Collel/Yechiva de son quartier, ou le Talmud Thora de sa synagogue ou pourquoi pas on soutiendra la parution d’un nouveau livre –tome 2- sur la paracha qui pourra rapprocher les enfants de Hachem à une meilleure pratique…). Continue le ‘Hafets ‘Haim, les gens croient qu’en payant de leur deniers le beau lustre de la synagogue à la mémoire d’un proche –avec une plaque gravée dessus…- afin de laisser un souvenir immortelle de la personne… c’est bien, mais il y a beaucoup mieux à faire. Car tout objet dépend de la matière et des événements de la vie et en final il sera amené à disparaître (voir toutes les édifices désaffectés des synagogues d’Europe centrale et d’Afrique du Nord…).Et même l’écriture d’un Sefer Tora – ce qui est déjà nettement mieux- car les rouleaux de la Tora multiplient la sainteté dans le monde  pour ceux qui l’écrivent ou qui participent à la Mitsva. Seulement le prophète parle en particulier de ces trois Mitsvoth (Chabath/Générosité/Etude de la Tora). Avec tout cela on aura la certitude que notre passage sur terre (notre nom) sera gravé pour l’éternité dans l’enceinte sanctifiée de Hachem. (Donc j’espère que mes lecteurs auront bien compris mon message : on ne cherchera pas à avoir son nom gravé sur la grande place du village après 120 ans…)

Let my people learn!!

Cette semaine j’ai le mérite de vous rapporter cette histoire véridique qui ne peut se dérouler qu’au pays où les Yeux de Hachem scrutent depuis le début de l’année jusqu’à la fin. Notre histoire commence par un arrêt sur image : la visite d’un malade dont les jours étaient comptés -que Hachem nous en garde-. Il s’agissait d’un général –très haut gradé- de l’armé de Tsahal (armée de l’Etat d’Israël) se nommant Itsik. Sentant sa fin proche, Itsik demanda à faire venir à son chevet une famille orthodoxe (‘harédite) de Jérusalem : la famille Tennenbaum qu’il connaissait depuis déjà fort longtemps. Lorsque le mari Tennenbaum entra dans la maison d’Itsiq, de suite la femme du malade les mettra en garde sur la situation gravissime de son mari. C’est lui qui avait expressément demandé à ce que les Tennenbaum viennent lui rendre visite. Le rav Tennenbaum rentra dans la pièce  et vit l’ancien chef d’état-major alité et le teint livide… Seulement Itsik gardait toute sa tête. Il dit à ses hôtes de prendre place. Et parla avec difficulté : » Je suis très content que vous soyez venu me voir au plus vite. Je voulais rencontrer une dernière fois les gens auxquelles j’avais une grande dette de reconnaissance… (En fait la relation du malade avec les parents de ce couple remontait à plus de trente années en arrières). A l’époque Itsik était le responsable de tout le recrutement des jeunes soldats de Tsahal. Or il était complètement inculte de tout ce qui touchait la religion et la pratique juive. C’était un garçon élevé dans un des Kibboutz du nord du pays. Ses parents l’avaient élevé dans la plus totale ignorance des lois et coutumes juives : pas de Chabbath, de Bar Mitsva de fêtes et tout le reste… Ses parents suivaient le mouvement général des Kibboutzim dont les fondateurs socialistes avaient mis un point d’honneur afin que personne ne connaissent le judaïsme de leurs aïeuls laissés en Pologne et en Russie… Ils avaient bien réussi avec Itsik comme avec toute la nouvelle génération! Seulement sur une chose Itsik était bien différent de ses parents : il portait une grande révérence aux Ba’houré Yechivoth et Avrékhim ! Les choses peuvent être étonnantes pour un général de Tsahal, mais la chose remonte à près de 40 ans en arrière. Trois ans avant la guerre de Kippour, Itsik avait fait une visite avec le rav Tennenbaum zal (le père du mari de ce couple) dans un grande Yechiva de la capitale éternelle du peuple juif… Itsik était alors accompagné du rav Tennenbaum lorsqu’il se rendit pour la première fois de sa vie dans l’enceinte de la Yechiva de Mir. Itsik était habillé en militaire gradé tandis que le rav Tennenbaum (un des responsables dans l’organisation de toutes les Yechivoth en Erets) veillait à lui faire connaître ce monde de l’étude. Donc rav Tanenbaum guida son hôte dans les méandres de Méa Chéarim (la Yéchiva se trouve dans ce quartier). Lorsqu’il pénétra dans l’enceinte de la Yechiva, Itsik était troublé. Le spectacle qui s’offrait à lui était inoubliable. Il ne comprenait pas ce qui se passait, voir des dizaines de jeunes adultes assis les uns à côté des autres dans un vacarme effarant et tous étaient plongés dans les livres. Le rav Tennenbaum fit le tour de la Yechiva tandis qu’Itsik restait ébahi mais ne comprenait rien. Il dit au rav : « Est-ce que tu ne sens pas un parfum formidable qui se dégage de cet endroit ? » Rav Tennenbaum lui demanda de s’approcher de l’armoire sainte (où sont placés les Sefer Tora). Itsik restait sans voix dans ses déplacements dans les allées de la grande salle d’étude. Il était sidéré de voir tous ces hommes habillés en chemise blanche, pantalons noirs et kippa noir de la même couleur. A un moment il s’approcha d’un élève pour essayer de comprendre ce qu’il disait à son compagnon d’étude. Il ne comprit strictement aucun mot ! Il leur demanda ce qu’ils faisaient, on lui répondit : » Rit’ha DeHoraïta… ». Le rav Tennenbaum expliqua qu’il s’agissait de l’étude de la Tora dans toute sa force ! Les deux continuèrent des allées et venues entre les bancs et les stenders (mini table pour poser la Guemara). Le rav Tennenbaum s’approcha alors du Roch Yechiva, le Gaon rabbi ‘Haim Schmuleivits zatsal. Il lui dit que son invité n’était  autre que l’un des responsables du recrutement des troupes de Tsahal. Il faisait une visite à la Yechiva pour connaître et voir, ce qu’était une Yechiva et ce que faisaient les Ba’houré Yéchivots et Avrékhim. Le rav s’adressa au gradé : « Tu vois tous ces élèves… C’est eux qui défendent Israël face aux ennemis…. Plus encore que les soldats de l’armée ! Croit bien que tous ceux que tu vois ici vous protègent et protègent le pays ! Crois-le ainsi tu prendras une part active dans la défense du pays ! Laisse les élèves étudier la sainte Tora ! » Ces simples paroles (provenant d’un Tsadik) transpercèrent le cœur d’Itsik ! Itsik dit : « Ces paroles me transpercèrent mon cœur ! Bien que je sois né au Kibboutz dans aucune connaissance du judaïsme j’étais convaincu à 1000% des paroles du Roch Yechiva. J’ai dit alors à ton père, le rav Tennenbaum, que je voulais m’assoir. Le rav demanda à un ba’hour de se déplacer et de me laissa sa place. J’ai alors posé ma tête sur le stender et j’ai fermé les yeux pendant plusieurs minutes … J’étais plongé dans un autre monde… Puis Itsik –quarante ans après sur son lit- dit cette fois (au fils du rav Tennenbaum) : « Pendant tout le reste de ma carrière au sein de l’armée, j’ai tout fait pour que les Ba’houré Yechivoth restent à l’étude de la Tora : envers et contre TOUS ! C’est vrai que je ne suis pas un grand religieux comme toi, mais je sais que je monte au Ciel avec tous ces Ba’hourim qui sont restés sur le banc de l’étude et c’est avec ce mérite que je vais me présenter au Beth Din du Ciel ! » Deux  jours après la famille Tennenbaum entendit qu’Itsik avait rendu son âme et c’est le fils Tennenbaum qui fit le Kadish pour lui. C’était un homme très éloigné de toute pratique mais qui vécu la foi encrée dans son cœur que les Ba’houré Yechivoth sont les vrais gardien du Clall Israel ! N’est-ce pas mes chers lecteurs ?

Chabat Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut

David Gold
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