« Le Cohen inscrira les malédictions sur un parchemin et l’effacera dans les eaux amères » Bamidbar (5 ; 23) « … et t’accordes la paix » Bamidbar (6 ; 26)
Notre Paracha vient nous enseigner l’importance et la grandeur de la paix, le Chalom, en nous exposant sa valeur à deux occasions. Notre premier verset concerne l’épisode de la femme soupçonnée d’adultère (icha sota), et l’on voit que Hachem est prêt à effacer son Nom afin de reconstituer le Chalom Baït.
Puis plus loin, toujours dans notre Paracha, un second verset nous apprend la bénédiction que devaient (et doivent encore) effectuer les Cohanim sur les Bnei Israël selon l’ordre Divin. Celle-ci se termine par des paroles de paix. Hachem vient donc « personnellement » nous enseigner ainsi que la paix est l’objectif suprême de tout être. Le Séfer Maalat Hamidot écrit que le Chalom est précieux, on le voit au fait qu’il est l’un des Noms de D.ieu.
Refuser à chercher la paix dans une situation donnée, c’est donc exclure Hachem (‘Hass véChalom).
David Hamélekh écrit[1]: « Cherche le Chalom et poursuis-le. Cherche le Chalom pour tes amis et poursuis-le parmi tes ennemis. Cherche le Chalom près de chez toi et poursuis-le en d’autres lieux. Cherche le Chalom avec ta personne et poursuis-le avec tes ressources. Cherche le Chalom pour toi et poursuis-le pour ton prochain.
Cherche le Chalom aujourd’hui et poursuis-le pour demain… »
Il ne faut jamais se dire que c’est impossible, il faut tout mettre en œuvre et sans cesse essayer afin d’y parvenir.
Le Tout Puissant Lui-même S’est investi dans cette recherche, au point de faire effacer Son Nom en cas de doute sur l’honnêteté d’une femme. Ceci afin de ramener la paix dans les foyers. Alors que dire de nous, qui venons de la poussière ? A plus forte raison devons-nous effacer notre « moi » et faire tout ce qui est en notre pouvoir afin de rétablir une situation familiale, amicale, professionnelle, conjugale… ou tout simplement personnelle.
La Guémara[2] affirme que celui qui voit une marmite en rêve peut espérer la paix. Le Rav Mordekhaï Benêth interprète cet enseignement en expliquant que la marmite est l’agent de la paix par excellence. Elle réconcilie en effet les deux éléments les plus contraires qui soient : l’eau et le feu. Grâce à son « dévouement », la marmite leur permet de cohabiter. Elle ne craint pas de noircir, ni de subir la violence des flammes, et cela, uniquement pour que l’eau et le feu se côtoient paisiblement.
Faisons de même ! Nous aussi devenons des « marmites » ! Même si le prix à payer est douloureux, le meilleur reste à venir…
Le Rav Ovadia Yossef, dans son ouvrage « Anaf Ets Avot », nous met en garde sur la fougue des « Baalé Tchouva » qui, à notre grand bonheur à tous, se multiplient de plus en plus, mais qui parfois, à cause de leur enthousiasme enflammé, provoquent de gros dégâts du fait de leur ignorance. En effet, absorber les Halakhot comme il se doit et comprendre quelles sont les priorités prend du temps, c’est pourquoi ils font souvent preuve d’une rigueur excessive et même extrémiste, en oubliant l’essentiel. Leur amour incontrôlé et tout frais pour Le Créateur sème donc parfois le trouble et la discorde dans les couples et les familles, au lieu du contraire tant désiré par Hachem. Afin de mieux comprendre de quoi il s’agit, voici une histoire du Rav Ovadia Yossef relatant le fait suivant : un homme se présenta un jour, après Pessa’h, au Beth Din du Rav Avraham Yéochoua Echel d’Apte, pour divorcer de sa femme. Le Rav lui demanda les raisons de sa décision. L’homme lui répondit : « Elle m’a fait manger pendant Pessa’h de la Matsa trempée, ce qui est contraire à notre usage ! » (Certains ont la coutume de ne pas manger de Matsa trempée dans un liquide durant la fête de Pessa’h.) Le Rav fit alors appeler la Rabanite, sa femme, et lui demanda : « Quelle Matsa as-tu posée devant moi le soir du Séder ? » La Rabanite répondit : « de simples Matsot, car la Matsa Chemoura, qui avait été préparée avant la fête, a été donnée par erreur à un pauvre. Et c’est au moment de mettre la Matsa à table que je me suis aperçue de sa disparition. » Afin de préserver une atmosphère calme et détendue en cette sainte soirée, la Rabanite avait donc pris de simples Matsot qu’elle avait emballées dans une serviette, puis elle avait fait comme si de rien n’était. Et le saint Rav avait dirigé le Séder avec une Matsa ordinaire. (Alors que nombre de Juifs pieux n’utilisent que la Matsa Chmoura ce soir-là !)
Le Rav s’adressant ensuite à l’homme : « Regarde, j’ai mangé de simples Matsot le soir du Séder et j’ai fait comme si de rien n’était quand je l’ai appris, je ne me suis pas mis en colère, tout cela afin de préserver la paix. Et toi tu viens pour une histoire de « Matsa trempée ?! Ce n’est pas comme cela que l’on agit… »
Il n’y a pas de Mitsva à rechercher les « ‘Houmrot », surtout quand c’est aux dépens des autres et du Chalom.
Dans Avot de Rabbi Nathan[3], se trouve expliqué le fait qu’il y a des mitsvot que l’on ne doit pas forcément chercher à accomplir, on les réalise uniquement lorsqu’elles se présentent à nous.
Il en est ainsi de la Mitsva de « Chiloua’h Hakène » (renvoyer la mère d’un nid d’oiseaux pour prendre ses petits) à propos de laquelle il est écrit : « Quand se présentera un nid d’oiseaux devant toi sur le chemin… »[4], on parle ici d’une rencontre hasardeuse. Mais en ce qui concerne la paix, la poursuivre signifie que si l’on est au courant qu’existe un différend entre Moché et Réouven, je dois me précipiter pour essayer de faire régner à nouveau entre eux paix et amour. « Sof maasé bé ma’hchava tékhila »[5], si l’on est capable de concevoir le Chalom, sa réalisation suivra donc. Dévouons-nous pour acquérir cette force, aimons le Chalom et poursuivons-le, car un salaire infini est réservé à celui qui le recherche.
[1]Téhilim (34 ; 15)
[2]Bérakhot 56b
[3]Chapitre 12
[4]Dévarim (22 ; 6)
[5]tout acte abouti provient d’abord d’une pensée -Lekha Dodi
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