Notre paracha aborde de nombreux sujets parmi lesquels on retrouve celui de la femme Sota et celui du Nazir. Deux sujets qui se suivent, mais qui à priori sont totalement indépendants l’un de l’autre.
Qui rappelons-le, la femme Sota est une femme mariée qui s’est isolée avec un homme, enfreignant ainsi les recommandations de son mari. Si elle nie avoir commis un adultère lors de son isolement, elle sera amenée au Beth-Hamikdache où on lui fera boire une potion d’eau spéciale qui déterminera son innocence ou sa culpabilité. Au cours de cette cérémonie, cette femme sera publiquement humiliée.
Quant au Nazir, il s’agit d’une personne qui a fait vœu de nézirout, c’est-à-dire qu’il lui est interdit de boire du vin, de manger du raisin, de se rendre impur au contact d’un mort et de se couper les cheveux.
Et la Guémara (Nazir 2b) demande :« Pourquoi la section de la Torah concernant les lois du Nazir a-t-elle été juxtaposée à celle concernant les lois de la Sota ? Pour te dire que quiconque voit une Sota dans son humiliation devra se priver de vin. »
Le « Darkeï Moussar » rapporte au nom du Saba de Kelm qui explique :
Quel rapport ? Pourquoi devrait-il se priver de vin ? Il n’a rien fait, il a juste été témoin ! Nos Sages viennent nous enseigner que ce n’est pas un hasard si l’on voit ou l’on est témoin d’une scène. Cette vision n’est pas une coïncidence, mais un message divin. Il faut l’interpréter et agir en conséquence. Dans le cas de la femme Sota, pourquoi s’abstenir de vin ? Car celui qui assiste à cette triste scène devra se dire que c’est le vin qui a dû créer un relâchement de sa moralité. Aussi, il devra s’imposer une barrière pour se préserver lui aussi, ne jamais arriver à une telle situation et ne pas tomber.
Chacun de nous devra donc prendre conscience, lorsqu’il assiste à une certaine scène, du message que D. lui adresse. Il aura à cœur de prendre des mesures adéquates pour éviter lui aussi de tomber. Ce comportement concerne tout un chacun, du plus simple jusqu’au plus grand des Rabbins. En effet, cela ressemble à une mauvaise graine qui a été semée dans notre champ ; si on ne réagit pas à temps, elle poussera et envahira peu à peu tout le champ.
On raconte qu’un jeune homme est venu voir le Steipeler pour lui parler d’un problème qui le préoccupait. Il raconta au Rav qu’il n’arrivait plus à étudier depuis qu’il avait appris qu’un vol avait été commis à la yéchiva. Il n’arrivait pas à comprendre comment des garçons qui étudient la Torah pouvaient voler. À peine avait-il fini de parler que le Rav se leva subitement et se mit à arpenter la pièce, le visage contrarié. Il demanda au jeune homme de sortir de suite. Une fois son visiteur sorti, le Rav ne cessa de tourner dans la pièce. Inquiète, la Rabanit lui demanda ce qu’il se passait, et le Rav lui expliqua ce que le jeune homme lui avait raconté. La Rabanit ne comprenait pas pourquoi il avait réagi ainsi. Alors le Rav lui expliqua que si une telle histoire était arrivée à ses oreilles, cela signifiait qu’il avait un rapport avec cette histoire.
Par réaction, le Rav s’est enfermé un mois entier à étudier les lois concernant le vol, pour ne pas trébucher « lui aussi » dans le vol.
Alors faisons un raisonnement a fortiori : si le Steipeler a réagi ainsi lorsqu’il a entendu parler d’un vol, que dire de nous qui sommes aujourd’hui au courant de toutes les informations et des événements mondiaux : vol, violence et autres ?! Et cela en temps réel ! C’est affolant…
C’est pour cela, d’après le principe de la Sota énoncé plus haut, que chacun d’entre nous doit ressentir la nécessité de s’instaurer une barrière, une résolution qui nous préservera de bien de tourments.
Rav Mordekhai Bismuth
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