Le Rav Nissim Hacohen zatsal, président du tribunal rabbinique de Djerba, ne recevait pas de rétribution pour ses fonctions rabbiniques; il travaillait à la sueur de son front pour sa subsistance. En effet, il était orfèvre spécialisé dans l’or et l’Eternel le bénissait dans tout ce qu’il entreprenait. Il avait construit sa foi en D.ieu depuis son enfance. Il avait travaillé comme apprenti chez Maïmon Hacohen, un orfèvre spécialisé.
Maïmon s’engagea à payer une somme d’argent fixe à son apprenti chaque semaine. Cependant, Maïmon n’avait jamais en sa possession suffisamment d’argent, et il ne payait pas son apprenti chaque semaine comme promis. L’apprenti pensa: “Si je réclame mon salaire, je mets mon maître dans l’embarras car il n’a pas d’argent. Je n’oserais pas lui faire commettre la faute de retenir le salaire de son ouvrier qui devient effective à partir du moment où l’ouvrier réclame son dû (Baba métsia 111a)! Toutefois, si je laisse ses dettes augmenter, je ne recevrai rien. Que dois-je faire?”.
Voici la solution qu’il trouva: il prit une boite vide qu’il cacha dans un coin de l’atelier d’orfèvrerie et de temps en temps il y jeta un bout d’argent, des débris d’or, des déchets petits et négligeables, dont la disparition ne causait pas de pertes.
Deux ans plus tard, l’apprenti s’adressa à son employeur: “Quand allez-vous me payer?” Maïmon lui répondit: “Viens, nous allons faire les comptes!” L’apprenti lui rappela combien de semaines il avait travaillé et combien il s’était engagé à le rétribuer chaque semaine. Le visage de Maïmon s’assombrit, il s’écria: “Où vais-je trouver une si grande somme d’argent?”
L’apprenti se leva, se dirigea vers un recoin de l’atelier et retira une lourde boite de la montagne de déchets entassés. Il versa le contenu de la boite sur un plateau de la balance et le visage de Maïmon s’éclaira. Il plaça sur l’autre plateau des poids et il constata que la montagne de résidus dépassait largement le montant du salaire qu’il devait payer à son apprenti.
Maïmon enlaça chaleureusement son apprenti si intelligent et dit: “Que l’Eternel te bénisse, car sans cette solution, je n’aurais jamais réussi à te payer!” Cette histoire est véridique. Elle nous servira de parabole concernant la paracha de la semaine et les jours de jugement qui s’approchent.
La paracha nous rapporte les paroles de réprobations redoutables et ses concrétisations. Ce n’est pas pour rien que nos sages ont fixé de lire cette paracha avant Roch hachana. En effet, la guémara enseigne (Méguila 31b): “Le Tana, Rabbi Chimon ben Elazar, enseigne qu’Ezra décréta qu’Israël devrait lire les malédictions recensées dans le livre de Dévarim avant Roch hachana… Quelle en est la raison? Abayé enseigne: afin que l’année se termine ainsi que ses malheurs”. Explication: nous nous trouvons à la fin du mois d’Eloul, le mois de la miséricorde et des supplications, le mois pendant lequel nous entamons un examen de conscience. Ceux qui sont sincères avec eux-mêmes constateront avec amertume: Qu’avons-nous à présenter à notre Créateur? Quelle Torah et quelles mitsvot vont-elles pouvoir nous défendre? Soudain, tel un trait de lumière perçant l’obscurité, nous nous souviendrons que nous possédons notre “tirelire” de tourments. Toutes les tracasseries dont nous avons souffert pendant l’année qui vient de s’écouler, toutes nos petites inquiétudes, toutes nos peines et nos souffrances, les insultes et les infortunes, nos chagrins et nos déceptions ainsi que nos pertes d’argent; tout cela sera pris en compte! Ils seront placés sur la balance en face des accusations déposées contre nous.
Cependant, nous portons nos yeux vers les cieux et implorons: “Que l’année se termine ainsi que ses malédictions!” A partir d’aujourd’hui, Maître du monde, nous espérons ne plus avoir recours aux souffrances et aux malheurs pour équilibrer les comptes. Car nous espérons nous améliorer, ajouter des mitsvot et réduire les fautes de manière à ne pas subir de mauvais décrets mais au contraire: “Que l’année commence ainsi que ses bénédictions!”
Rav Moché Bénichou
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