« Un homme lorsqu’il y aura dans la peau de sa chair une tumeur ou une dartre ou une tache, qu’il y aura dans la peau de sa chair une affection… » Vayikra (13 ; 2)
La Parachat Tazria traite principalement du cas de la Tsaraat, cette maladie que l’on traduit maladroitement par lèpre.
Certains de nos Sages sont d’avis que l’apparition des plaies de la Tsaraat est une manifestation de la Chékhina, et non une maladie communément appelée lèpre.
L’isolement du malade ne constitue donc en rien un moyen d’empêcher la contamination des personnes de son entourage. Si la lèpre, telle que nous la connaissons, est contagieuse, la Tsaraat ne l’est pas.
Comme nous l’enseigne le Ramban Na’hmanide : « La Tsaraat n’est en rien une maladie naturelle… elle est dans son essence même une plaie Divine qui n’apparaît qu’en terre d’Israël.»
La traduction de Tsaraat par lèpre est donc tout-à-fait erronée.
Cette forme de « châtiment » ne s’appliquait qu’à une certaine époque bien précise, où les Bnei Israël avaient accédé à un niveau spirituel très élevé. Aujourd’hui, l’une des raisons pour laquelle personne ne se trouve isolé du camp, en cas de maladie, est peut être que nous sommes tous déjà hors du camp.
Malgré tout, la Torah nous offre ici un enseignement pour toutes les générations.
Grâce à la description de la Tsaraat, nous apprenons la gravité des fautes liées à la parole, en particulier au Lachone hara’.
La Guémara (Arakhin 16a) nous enseigne « Chemouël bar Na’hmani a dit au nom de Rabbi Yo’hanan, que les plaies proviennent de sept choses, le Lachone hara’, le meurtre, les faux serments, la débauche, l’orgueil, le vol et l’avarice. »
Afin de comprendre pourquoi la Torah insiste tant sur les lois du langage, nous devons réaliser combien l’impact des mots peut être terrible. Exemple, entrez dans une pièce, prononcez là-bas quelques mots peu sympathiques, et observez comment la tension monte d’un coup !
Ou bien encore, scrutez-vous après que l’on vous ait dit du mal de quelqu’un de votre entourage ! Le regardez-vous de la même façon qu’auparavant ou bien n’éprouvez vous pas désormais un quelque chose de négatif, une réticence, une gêne quand vous le rencontrez ?
Dans un cadre familial, amical, ou professionnel, quelques mots mal soupesés, mal intentionnés, peuvent, D.ieu nous en préserve, changer en un instant la nature de nos relations avec autrui.
Par ailleurs, les mots ont aussi le pouvoir de consoler, conseiller, encourager, les mots que nous choisirons détermineront donc la qualité de nos relations en société.
Le ‘Hovot Halevavot nous dit que « La bouche est la plume du cœur. »
Utiliser des mots pour faire du bien autour de soi n’est autre que du Lachone Hatov !
Faire du Lachone Hatov est un grand ‘Hessed, équivalent à celui de visiter des malades, donner la Tsédaka, etc… C’est une Mitsva qui comporte un gros avantage sur toutes les autres, elle se présente en effet à chaque coin de rue, lors de toute conversation, avec tout un chacun, et à tout moment.
Le ‘Hafets ‘Haïm affirme que l’étude des lois du langage nous rendra obligatoirement meilleurs. Car en nous efforçant continuellement d’éviter de faire du mal à notre prochain, soit par une parole vexante, soit par un affront, soit par un manque de respect quelconque, cela nous permettra de nous construire intérieurement, et de créer des relations de qualité avec nos semblables, basées sur la sincérité et le don.
Le Messilat Yécharim nous dit : « Hachem aime Son peuple. Plus une personne aime le peuple de Hachem, plus Hachem l’aime. »
Si chacun d’entre nous étudie chaque jour quelques minutes les lois du langage, tous les efforts que nous mettrons au service de cette étude et de son application, entraîneront un surcroît de Ra’hmanout dans le monde, et constitueront une source de forces pour une vie de bonheur et de paix.
Rav Mordékhaï Bismuth
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