On a la chance de vivre la fête de Pessa’h et le Séder est à peine passé que j’ai pensé vous faire partager un enseignement d’un de nos maîtres au sujet de l’éducation. En effet, ces jours (de demi-fête) sont l’occasion d’entretenir avec nos enfants un dialogue. Ce n’est pas fortuit que les Sages de mémoire bénies ont institué le « Ma Nichtana » le jour du Seder car Pessa’h est avant tout la fête de la transmission de valeurs à la nouvelle génération. Donc, si tout le long du Seder on a parlé EDUCATION il serait intéressant de connaître le point de vue d’un grand de la Tora tel que rav Moché Feinstein zatsal sur le sujet. Il écrit dans une responsum (Yoré Déa 3/76) envoyée, il y a 50 ans, ces mots (traduction libre):
« Pour ce qui est de la réussite dans l’éducation et comment se comporter avec nos enfants: il n’y a pas de principe ! Tout dépend de la nature de l’enfant qu’Hachem nous a octroyé. Généralement il faut aller de la manière douce et exceptionnellement vers la manière dure. De cette manière, les enfants comprendront plus tard que c’était pour leur bien car ils entendront que c’était aussi la volonté d’Hachem. (…) Le principe général c’est d’éduquer son fils (fille) dans la foi en Hachem et de Sa Tora, de lui démontrer que tout ce que les parents lui donnent est un cadeau du Ciel ! De cette manière il acquerra l’amour d’Hachem car il acceptera ses parents comme des envoyés du ciel qui lui ont été offerts ! A ce moment l’enfant aura le bénéfice de l’amour de ses parents et il acceptera leurs demandes. Il n’aura pas besoin de punitions car il comprendra que c’est pour son bien. Pour la bonne réussite il faudra veiller à ce que le que le père et la mère soient sur la même longueur d’onde et aussi beaucoup prier pour la réussite des enfants. Parler Emouna (foi) avec ses enfants commence très tôt dès qu’il a conscience d’avoir des parents et même avant qu’il ne sache parler ! » Fin de la lettre du rav Feinstein zatsal.
De ces paroles très innovantes on apprendra que de faire savoir à son jeune fils/fille que toutes les bontés qu’on lui prodigue proviennent du Ribono chel ‘Olam – c’est Lui le vecteur de tout le bien sur terre – l’enfant appréhendera qu’il existe un partenariat entre ses parents bien aimés et le Créateur! C’est-à-dire qu’il comprendra que les choses fondamentales de son existence sont liées avec Hachem et Sa Tora et que ses parents font AUSSI parti du plan divin.
Guérir par la Matsa ?!
Le Saint Zohar appelle la Matsa : » Nahama de-himnouta » : le pain de la foi et aussi le » pain de la guérison » (2° partie 183, 3° partie 251). D’après le Zohar, la Matsa n’est pas seulement le souvenir de la sortie de l’esclavage, c’est beaucoup plus. C’est une manière d’accéder de nos jours à la guérison de nos maux spirituels et d’accéder à la foi en D’ !
Peut-être qu’on peut expliquer ce phénomène de Foi/Guérison d’une manière simple. C’est que notre renforcement dans la foi amènera la guérison, sur beaucoup des peines que la vie peut procurer ! De plus, il est très intéressant de savoir que la Matsa c’est la seule Mitsva qui soit liée avec la nourriture. En effet, lorsque le Temple de Jérusalem existait, la Mitsva de manger des korbanoth (sacrifices) pour les Cohen et les propriétaires des animaux. Depuis, il n’existe plus de Mitsva liée avec les aliments. Par exemple à Chabbat, bien manger c’est une imposition des Prophètes pour faire que le Chabbat soit un » délice « , mais l’alimentation en elle-même n’est pas Mitsva !
On peut expliquer le fait que la Matsa s’appelle » le pain de la Emouna » du fait que tout au long de la soirée du Seder on raconte la longue histoire de l’esclavage puis les plaies et enfin la sortie d’Egypte. Tout cela au moment où la Matsa est posée à table. De plus, au moment où l’on raconte la Haggada on doit découvrir les Matsoth. Donc c’est bien une manière de faire » rentrer » dans nos Matsoth tous ces concepts très élevés. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que l’on mange la Matsa à la fin de la Haggada. De plus cette même nuit on mangera le Maror/herbes amères en souvenir du labeur égyptien puis le » sandwich » de la Matsa et du marror en souvenir du sacrifice de l’agneau pascal. Tout ce grand cérémonial pour faire » rentrer » dans notre corps tous ces concepts élevés et par là nous faire acquérir un haut niveau de foi et croyance.
Cependant il faut savoir que l’obligation de manger de la Matsa c’est uniquement le 1er jour (Choul’han ‘Aroukh 475.7) en Israël et le 1er et 2ème jour (décret des rabbanim) en diaspora, les autres journées de Hol hamo’èd, il n’existe pas de Mitsva de manger de la Matsa. Mais durant, tous les jours de Pessa’h il sera interdit de manger du » Hamets « , cependant, quelqu’un qui a du mal à digérer les Matsoth pourra se nourrir autrement. La Mitsva de manger la Matsa c’est précisément le premier soir comme il est écrit : « Le soir vous mangerez des Matsoth « . Le ‘Hok Ya’akov explique que la Matsa de la semaine de Pessa’h ressemble à ce que l’on retrouve pour l’abattage rituel de la viande ! En effet, en jour ouvrable il n’existe pas de Mitsva de manger de la viande cachère . Uniquement celui qui veut manger un bon steak est obligé de demander à son boucher de la viande qui a été abattue suivant le rituel mais il ne pourra pas manger de la viande tuée par une décharge électrique. De la même manière, à Pessa’h, quelqu’un qui veut manger du pain ne pourra pas en manger, il consommera uniquement de la Matsa !
On conclura que le Gaon de Vilna (Ma’assé Rav) chérissait beaucoup cette Mitsva de la Matsa et considérait par contre que même s’il n’existe pas d’obligation de manger de la Matsa les sept jours de fête, il reste que celui qui en mange accompli une Mitsva ! Dans le langage des Yechivoth cela s’appelle » Mitsva kiyoumit » c’est-à-dire que si tu en manges tu accomplis une Mitsva mais si tu n’en mange pas tu n’as pas fait d’infraction, à l’instar du Talit katan où il n’existe pas d’obligation de le porter sous ses vêtements, mais celui qui le porte accomplit une Mitsva !
Rav David GOLD
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