On relate qu’un jour, une épidémie éclata dans la localité de Mézibouz, où résidait le célèbre rabbi Baroukh de Mézibouz. Il s’associa de tout cœur au malheur qui touchait la collectivité et multiplia les prières pour éradiquer l’épidémie, mais sans succès.
Un jour, alors que le cortège funèbre de l’une des victimes de l’épidémie passa non loin de sa demeure, un plaisantin entra chez lui pour le réjouir et lui remonter le moral en cette période difficile. Il lui annonça d’une voix joyeuse : « L’épidémie est finie ! » Mais le rabbi rétorqua à son interlocuteur : « Mais on voit par la fenêtre un autre cercueil conduisant un mort au cimetière…» Le plaisantin répondit : « C’est un mort que l’on ramène du cimetière à la maison, car ceux qui sont décédés ont vécu une résurrection des morts. »
Par ses propos, le comique réussit à faire sourire le rabbi et à lui remonter le moral, et dès qu’il reprit ses prières pour faire cesser l’épidémie, sa demande fut exaucée et l’épidémie enrayée. On constata alors que la prière récitée dans la joie a un pouvoir particulier.
Mon illustre ancêtre, rabbi Tsvi Hirsch de Ziditchov, adressa un jour une lettre à ses disciples résidant à Munkatch où avait éclaté une épidémie de choléra ; il leur demandait de prier dans la joie, en plaçant leur confiance en Hachem, et en veillant à éliminer toute mélancolie et tristesse de la ville.
À ce sujet, on raconte une anecdote sur le Ba’al Chem Tov : un jour, à l’issue de Yom Kippour, la lune était invisible, et le Ba’al Chem Tov était très inquiet, sachant par esprit prophétique que si la lune n’était pas visible, l’année à venir serait difficile. De ce fait, il s’isola pour réciter des Yi’houdim (méditations kabbalistiques) afin que le ciel se dégage pour pouvoir apercevoir la lune, mais rien n’y fit. Le Ba’al Chem Tov sombra dans la tristesse. Ses élèves n’étaient pas au courant, et à l’issue du jour sacré, ils jouèrent de la musique et dansèrent, et mus par l’enthousiasme, entrèrent avec fracas dans le bureau du Ba’al Chem Tov, et le prièrent d’entrer dans la danse, ce qu’il fit. En pleine danse, un homme entra et s’écria : « La lune » ! Et le Ba’al Chem Tov déclara alors : « Ma récitation des Yi’houdim et Kavanot n’a rien donné, mais la joie a fait son effet ! »
Le ‘Hozé de Lublin (Niflaot Harabbi, 4) interpréta le verset (Psaumes 106,44) : «Il devenait attentif à leur détresse » de cette façon : D’, loué soit-Il, vit la détresse des enfants d’Israël et les aida, « quand Il entendait leurs supplications (Rinatam) » : lorsqu’Il apprenait que les fidèles priaient avec joie et allégresse même en période de malheur. Nos Tsadikim, sur le verset (Yechayahou 55,12) : « Aussi, avec joie, vous vous mettrez en marche », commentent que par la joie, on échappe à tout mal.
Nous relevons cette idée dans le Livre des Psaumes, où les termes Mizmor Lédavid sont répétés plusieurs fois ; d’après nos Sages (Pessa’him 117a), cela nous enseigne que le roi David chantait un cantique puis la Présence divine reposait sur lui ; en effet, la Présence divine ne repose ni dans un état de paresse, ni dans la tristesse, la raillerie, la légèreté, ni les propos vains, mais dans un état de joie de Mitsva, comme l’affirme le prophète Elicha (Melakhim II,3,15) : « Tandis que celui-ci jouait de son instrument, l’esprit de D’ s’empara du prophète. » Rachi interprète qu’Elicha prescrit de jouer de la musique pour attirer la Chekhina, du fait que le plaisir procuré par la musique est dans la catégorie d’une joie de Mitsva, car c’est une Mitsva d’attirer la Présence divine. Et en présence de la Chekhina, les prières sont exaucées, et on s’attire toutes sortes de bienfaits d’ordre spirituel et matériel.
C’est pourquoi l’usage est d’entremêler aux prières, des cantiques, chants et louanges au D’ vivant, en particulier le Chabbath et les jours de fête, où l’on entonne diverses mélodies en pleine prière, car de là naît la joie, suivie par la Présence divine. Dans ce sillage, les prières sont agréées avec compassion.
Il faut se renforcer particulièrement dans ce domaine en période de difficultés, car le Satan s’efforce de faire sombrer l’homme dans la dépression.
En cette période, suivons le conseil rapporté dans l’ouvrage Imré Pin’has, au nom de rabbi Ya’akov Chimon de Pshitivka : dans une telle situation, on ne pourra pas centrer ses pensées sur l’avenir, mais on pensera toujours à l’instant présent, et si sur le moment, on ne se sent pas bien, ce n’est qu’un instant à souffrir. Comme dans ce texte de nos Sages (Pélé Yoets) : « Le passé n’est plus, l’avenir n’est pas encore là, et le présent défile vite, d’où viennent les soucis ? »
Approfondissons : toute la vie dans ce monde-ci ressemble à un moment provisoire face à la longue vie éternelle dans le Monde à venir, qui constitue l’essentiel de la vie. L’homme ne doit pas s’attrister du fait qu’il a des difficultés et qu’il n’obtient pas tout ce qu’il désire en termes de matérialité dans ce monde transitoire.
À ce sujet, rappelons une anecdote survenue chez l’illustre ‘Hafets ‘Haïm. Sa maison à Radin ne contenait aucun mobilier décent. Son élève, rabbi Efraïm Oshri, rav du Beth Hamidrach Hagadol de New York, remarqua qu’il n’y avait chez lui que des chaises bancales en bois, et exprima son étonnement devant l’absence de mobilier décent. Le ‘Hafets ‘Haïm lui répondit par une question : «Où sont tes meubles ? » L’hôte lui répondit : « Je ne suis que de passage, mais dans ma maison, je possède de nombreux meubles luxueux.» Le ‘Hafets ‘Haïm soupira et répondit : « Je me conduis comme toi, dans ce monde-ci, je me sens comme un hôte de passage, et mon lieu de résidence véritable sera dans le monde futur où je m’installerai définitivement. De ce fait, je n’ai pas jugé bon de meubler ma demeure provisoire d’un mobilier luxueux, et je m’efforce de mon vivant d’acquérir des biens éternels dans le service divin afin de mériter d’entrer au Monde futur. »
Ainsi, l’une des raisons de la Mitsva de la fête de Soucoth, consistant à quitter notre maison fixe pour nous établir dans la Soucca, une demeure provisoire, tient à ceci : c’est un rappel que nous vivons dans ce monde-ci uniquement de manière transitoire, et cette pensée nous aide à accomplir, dans toutes les circonstances, la Mitsva de Vessama’hta Be’hagué’ha : tu te réjouiras pendant la fête.
Le but de la Mitsva de la joie si particulière à cette fête s’éclaire ainsi : grâce au pouvoir immense de la joie, nous pourrons attirer sur nous, à travers nos prières de la fête, toutes sortes d’influences positives pour la nouvelle année. Amen.
‘Hag Saméa’h !
Rabbi de Kalov
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