Le regretté Rav Pinkous Zatsal avait l’habitude de rapporter un Midrach à l’approche du jeûne du 9 Av. Il s’agit du prophète Jérémie qui rencontre Platon, le philosophe. Ce dernier voit Jérémie en train de se lamenter sur les pierres de Jérusalem, après la destruction du Temple. Le philosophe s’étonne de voir ce grand sage pleurer sur un palais détruit. Il lui dira:” Ce n’est pas l’habitude d’un sage comme toi de pleurer sur des antiquités! De plus, le passé, c’est déjà passé!” Le prophète lui répondit:” Est-ce que tu as des questions fondamentales que tu n’as pas encore élucidées?” Platon répondit affirmativement. Jérémie lui demanda d’exprimer ses interrogations. Platon s’exécuta. C’est alors que Jérémie répondit immédiatement à tous les doutes et interrogations du philosophe. Platon n’en revenait pas! Voilà qu’il se promène depuis des lustres avec ses questions sans que personne n’arrive à lui répondre! Le prophète finira ainsi:” Sache, que toutes ces réponses je les puise de… cet endroit et de ces pierres (en désignant le Beth Hamiqdach détruit). Et lorsque tu t’étonnes que je pleure au sujet de ces pierres, tu ne pourras jamais le comprendre… (C’est propre à l’âme juive)”
On voit de ce court passage que les pleurs du prophète comme ceux du Clall Israel sur la destruction du Temple ne concernent pas un fait historique mais une perte qui se fait ressentir encore de nos jours! C’est le manque de sainteté dans notre monde, le manque de clarté dans la Thora et la providence divine qui est moins palpable!
Le Zihron Yossef pose une belle question. On sait que le prophète Jérémie a consigné ses écrits (le livre Jérémie) ainsi que les Kinotes (Ei’ha/lamentations qui sont lus le jour du jeune du 9 av) et aussi le livre “Méla’him”:les Rois (Baba Batra 15.). Or il existe un principe fondamental dans la prophétie, à savoir que le souffle divin ne résidait chez ces gens exceptionnels que lorsqu’ils étaient remplis d’allégresse et de joie dans le service d’Hachem! (Rambam Yéssodé Hathora 7.14) Donc comment Jérémie a pu prophétiser des choses si terribles pour le Clall Israël et rester joyeux dans son cœur?
Le Zikhron Yossef donne deux réponses.
La première c’est que le prophète se prépare à recevoir la parole divine par le biais de la joie. Car la prophétie ne pouvait pas se réaliser dans un cœur triste ou contrarié! Donc Jérémie, comme tous les autres prophètes, devait se travailler pour que la joie le pénètre. Et, à ce moment la parole d’Hachem tombait sur lui, d’un seul coup! L’important c’était la préparation au fait de recevoir la parole divine! (même si par la suite le contenu en était triste!)
Une autre explication, d’après une allégorie du Rabi Haquadoch Chémlque de la ville de Nicolagsbourg. Il s’agit d’un Roi qui est pris en captivité. Et, à un moment donné, ses geôliers décident de l’exiler loin de son royaume. Là-bas, démuni de tout, il se retrouve dans la maison d’un de ses partisans. L’hôte, voyant le roi en captivité pleure d’amères larmes. Seulement dans le même temps a une grande joie! Il a la chance inestimable d’accueillir le roi dans sa maison! Fin de l’allégorie. C’est-à-dire que même après l’exil de la Ch’hina de Jérusalem, il reste que la présence divine est proche de nous. C’est la raison pour laquelle le prophète peut garder sa joie au moment des pires prophéties! Dans le même ordre d’idée, le Nétsiv sur le verset (Dévarim 29.13) écrit :”Même si je (Hachem) me dégoutais de vous… Vous reviendrez à moi et je reviendrais à vous!” Explique le rav, du fait qu’Hachem envoi des coups à son peuple, c’est la preuve qu’il tient encore à nous et ne veut pas que l’on faute!! Donc la punition de l’exil est en soi une consolation de savoir qu’Hachem veut notre repentir! A l’exemple du père de famille qui punit son fils du fait qu’il s’est très mal comporté. La punition est bien la preuve qu’il aime son fils! Le fils peut être content de son sort car il sait que son père l’AIME!
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