Moché et la fête de Soukot
Pourquoi avons-nous la Mitsva, durant Soukot, de prendre quatre espèces végétales ?
Il existe à ce sujet plusieurs réponses. Intéressons-nous à l’une d’entre elles.
C’est à Soukot que Hakadoche Baroukh Hou va déterminer la quantité de pluie de l’année à venir. A cet effet, nous saisissons les quatre espèces afin de nous procurer des mérites grâce auxquels la pluie tombera.
En effet, ces quatre espèces ont en commun un besoin vital d’eau, grâce à laquelle elles poussent et se développent, la arava, plus encore que les autres espèces car elle croît grâce à l’eau, mais est également attirée par elle. La arava est le saule des rivières, une espèce qui pousse généralement au bord des rivières ou des cours d’eau.
Par son aspect, ainsi que du fait de son besoin vital d’eau, la arava symbolise la modestie et l’humilité. Elle est en ce sens comparable à Moché Rabénou à propos de qui il est écrit : « … et l’homme Moché très humble, plus que tout homme qui fût sur la surface de la terre. » Bamidbar (12, 3)
Moché Rabénou représente la Arava dans le bouquet des quatre espèces.
Par ailleurs, le Midrach Vayikra Raba (30, 14) nous enseigne que la Arava ressemble à la bouche : la bouche dont Moché Rabénou se servait pour prier en faveur des Bneï Israël.
Nous allons à présent nous intéresser à la Arava et à Moché et essayer de comprendre le rapport entre ces différentes notions : la arava, l’eau, l’humilité, la modestie, Moché…
Tout d’abord, notons que si Soukot est fêtée après Roch Hachana et Yom Kippour, c’est parce qu’après nous être totalement repentis et après avoir été pardonnés, nous fêtons notre désir de nous consacrer à la Torah et aux Mitsvot pour cette nouvelle année.
C’est l’une des raisons pour laquelle nous nous rendons dans la Souka. En effet, nous quittons notre demeure permanente pour une demeure provisoire, la souka, ce qui fait allusion à l’humilité. Comme le Rambam nous l’enseigne dans Hilkhot Talmoud Torah (3, 9) : « Les paroles de Torah sont comparées à l’eau, comme il est dit « Vous tous qui avez soif, allez vers l’eau. » (Yechaya 55, 1)
Nous apprenons ici que de même que l’eau ne se recueille pas en haut d’une pente mais coule et se rassemble dans les endroits les plus bas de la terre, de même, les paroles de Torah ne se trouvent pas chez les arrogants, mais uniquement chez les hommes humbles, qui s’assoient dans la poussière des Sages et s’affranchissent de leurs désirs et plaisirs… »
En résumé, le Rambam nous enseigne que l’eau n’est attirée et recueillie que vers le bas, qui est le symbole de l’humilité. Ainsi la Torah, qui est comparée à l’eau, ne sera-t-elle aussi recueillie que chez l’homme humble et modeste.
Il est bon de rappeler au passage que le Rambam n’est pas un livre de moussar, mais un véritable ouvrage de Halakha.
A ce sujet la Guémara Taanit 7a, nous enseigne : « Rabbi ‘Hanina bar Idi a dit : ” Pourquoi les paroles de Torah sont-elles comparées à l’eau ? Comme il est écrit : « Vous tous qui avez soif, allez vers l’eau » (Yechaya 55, 1) ; c’est pour t’enseigner que tout comme l’eau quitte un niveau élevé pour se diriger vers un niveau plus bas, ainsi les paroles de Torah ne restent qu’auprès de l’homme qui est humble”.
La Michna dans le traité Souka (3, 3) expose différents enseignements sur les caractéristiques de la Arava. Elle évoque entre autres la Tsaftsefa, une espèce de saule poussant dans les hautes montagnes qui n’est pas recevable pour la mistva des quatre espèces. Seule la Arava « Arveï Na’hal », plus connue sous le nom de « saule des rivières », une espèce qui grandit généralement au bord des rivières ou des cours d’eau, à un niveau plus bas, sera cachère pour la Mitsva.
La Guémara Souka 34a, une beraïta, explique la différence entre la Arava et la Tsaftsefa.
La tige de la Arava est rouge, sa feuille est étendue et ses bordures sont lisses. Quant à la Tsaftsefa, sa tige est blanche, sa feuille est arrondie et ses bordures sont en dents de scie.
Le Rav Moché Feinstein Zatsal explique que la Arava fait allusion à l’homme qui n’a ni Torah ni Mitsva. Toutefois, sa tige rougeâtre indique qu’il est conscient que son comportement n’est pas convenable (car le rouge représente la faute) et qu’il est dans la faute. Sa feuille étendue montre qu’il est apte à recevoir l’influence des autres pour s’étendre davantage.
Enfin les bordures lisses de sa feuille, en forme de bouche, montrent qu’il n’est pas nuisible pour son entourage en les influençant dans le mal. C’est pour cela qu’une telle personnalité pourra et devra s’unir avec des grands hommes cachères qui lui seront bénéfiques et le feront grandir.
Pour la Tsaftsefa il en est tout autrement.
Sa tige blanche indique qu’il considère que ses mauvaises actions et son mauvais comportement sont blancs comme neige. Sa feuille de forme arrondie montre qu’il ne peut recevoir aucune influence extérieure. Et enfin, ses bordures en dent de scie laissent entendre qu’il est nuisible pour son entourage et impossible à associer à qui que ce soit.
Nous expliquons grossièrement que la Arava n’a ni goût, ni odeur, qu’elle représente le Juif qui n’a ni Torah, ni Mitsvot ; mais si l’on regarde d’un peu plus loin, la Arava représente aussi l’homme humble, c’est-à-dire celui qui connaît sa place, qui désire apprendre et recevoir de l’autre. La Arava est consciente que sa survie dépend de l’eau, sa posture même en témoigne, avec ses branches qui pendent vers le bas, voulant à tout prix rejoindre l’eau.
Moché Rabenou représente la Arava dans ce bouquet.
Mais comment le plus grand des prophètes, notre maître incontestable, celui qui a reçu la Torah et nous l’a transmise, peut-il être comparé à la simple Arava ?
Dans la Torah il est dit : « … et l’homme Moché très humble, plus que tout homme qui fût sur la surface de la terre. » Bamidbar (12, 3) Qu’est ce que cela signifie ?
Dans ce verset, la Torah nous dévoile la mida (qualité) principale de notre Maître Moché, celle dans laquelle il excella : la Anava (humilité).
Comment Moché Rabbénou, dirigeant du peuple d’Israël, du peuple de D.ieu, pût-il rester humble ? Mais au juste, qu’est-ce que l’humilité ?
Afin de donner une piste de réflexion, nous vous rapportons une histoire que le Rav Samuel Chlita raconta un jour :
Un enfant demanda au ‘Hazon Ich :
– Rav êtes-vous humble ? Savez-vous que vous êtes le ‘Hazon Ich ? Mais si vous savez que vous êtes le ‘Hazon Ich vous ne pouvez pas être humble…
Voici ce que lui répondit le Tsadik :
– Je sais que je suis le ‘Hazon Ich et je sais ce que Hachem attend de moi. Or j’ai très peur de ne pas répondre à Ses attentes et c’est pour cela que je suis humble.
De là, nous percevons que l’humilité correspond à l’état d’incertitude intérieure que je peux avoir par rapport à mes résultats qui dépendent de mes capacités. J’ai un certain potentiel, Hachem m’a octroyé des dons, des qualités, des moyens (financiers ou autres), dans un but précis qui n’est réservé qu’à moi. Comment vais-je exploiter tous ces cadeaux ?
L’humilité va donc naître chez la personne censée, ayant conscience qu’elle ne peut pas savoir si elle a réussi. On n’attendra pas du tout le même travail d’une personne bête que d’une personne intelligente, d’un riche ou d’un pauvre, etc. Elles ne pourront pas accomplir le même type de Mitsvot.
Être humble, ce n’est donc pas du tout se sentir inférieur aux autres, ni annuler systématiquement sa volonté devant celle des autres, mais c’est tout simplement jouer le rôle qui m’a été attribué, selon mes aptitudes. Autrement dit, être à la hauteur de moi-même !
Parfois un élan de modestie extérieure peut être une marque d’orgueil.
Or l’orgueilleux, qui se sent toujours plus fort que l’autre, plus beau, plus tsadik, plus intelligent… doit comprendre qu’il n’est que le résultat d’une programmation Divine. Il n’a donc aucune fierté à tirer de ses “aptitudes” !
On ne naît pas meilleur que l’autre, ni moins bon, nous sommes chacun au mieux de ce que nous devons être, créés par Hachem. Nous devons en être heureux et faire le maximum avec. Chacun son processeur ou son moteur, et chacun SON rôle.
Être humble, c’est vivre dans une incertitude perpétuelle quant à savoir si nous avons réussi ou échoué, c’est être incapable de se donner une note aux divers contrôles de la vie. Il est en tout cas très important de bien se connaître, de savoir qui nous sommes, à quelle place nous nous trouvons et quelles sont nos aptitudes, d’être clairvoyant sur chacun de ces éléments, afin d’avoir plus de chances de réussite.
Ainsi dans une société, le magasinier n’est pas l’informaticien et le cuisinier n’est pas le PDG ; dans une famille, le fils n’est pas le père, et la grand-mère pas la bru, etc… L’un n’est pas plus ou moins bien que l’autre, mais chacun a sa place et son rôle. Il faut en être conscient et toujours respecter l’ordre établi, autrement, c’est la dérive assurée !
Si nous respectons cet état de fait, nous éviterons de nous gâcher la vie, par exemple en visant toujours ce qui est trop élevé pour nous. Nous risquerions également de passer à côté de notre mission sur terre, par sous-estimation de ses capacités.
« … et l’homme Moché très humble, plus que tout homme qui fût sur la surface de la terre. ».
Moché a cassé les Tables de la Loi, il a parfois négocié avec Hachem, il L’a harcelé de prières pour entrer en Erets Israël, etc… Oui, mais il n’a fait que jouer son rôle, toujours avec la crainte et l’incertitude du résultat, sans jamais se sentir supérieur à qui que ce soit.
Être soi-même est l’un des rôles les plus difficiles à jouer dans le scénario de la vie. Mais le jeu en vaut la chandelle !
En conclusion, la première Michna des Pirkei Avot nous dit :
« Moché a reçu la Torah du Sinaï… »
Qu’est ce que cela signifie ? Pourquoi rapprocher la réception de la Torah du mont Sinaï ? D’autre part, pourquoi dire que Moché l’a reçue « du » Sinaï ? Il aurait été plus convenable de dire « au » Sinaï.
Moché Rabenou a appris du Sinaï de quelle façon on peut recevoir la Torah.
Dans la Guémara Meguila 29a, le comportement des hautes montagnes nous est décrit, après que Hakadoche Baroukh Hou ait choisi le Mont Sinaï pour recevoir la Torah. La Guémara dit : « Pourquoi voulez-vous un procès avec Sinaï ? Vous avez tous des défauts, comparés au Sinaï… Rav Achi dit : de là nous apprenons que quiconque se montre prétentieux est considéré comme ayant un défaut.”
Moché notre maître a appris cet enseignement de cette montagne, c’est pour cela qu’il eut le privilège de recevoir, comme le Sinaï, la Torah de Hakadoche Baroukh Hou et non de quelqu’un d’autre !
Dans quelques jours, nous danserons tous ensemble avec la Torah, heureux de La recevoir et de vivre avec Elle… Mais avant cela, ces sept jours sous la Souka et l’union des quatre espèces dépendant de l’eau, seront pour nous le « stage d’humilité » indispensable pour recevoir la Torah de Moché Rabenou dans la joie…
Citoyen d’Israël
Dans le sefer « Kol Yehouda », le Rav Tsadka Zatsal nous enseigne ce qui suit :
Dans le Zohar Hakadoch Parachat Emor 103a, il est écrit :
כָּל הָאֶזְרָח בְּיִשְׂרָאֵל יֵשְׁבוּ בַּסוּכּוֹת. כָּל מַאן דְּאִיהוּ מִשָׁרְשָׁא וְגִזְעָא קַדִּישָׁא דְּיִשְׂרָאֵל, יֵשְׁבוּ בַּסֻּכּוֹת, תְּחוֹת צִלָּא דִּמְהֵימְנוּתָא
« Tout citoyen qui a pour racine et race sainte Israël s’assoit dans la Souka, à l’ombre de la Emouna, et tout celui qui n’a pas pour race et racine sainte Israël ne s’assoit pas dans la Souka, s’exclut lui-même d’être de l’ombre de la Emouna d’Hakadoche Baroukh Hou. »
Combien de bienfaits pour celui qui s’assoit dans la Souka !
Selon le sens premier du Zohar, on peut se demander pourquoi la Torah emploie le terme « Ezra’h/citoyen » uniquement en ce qui concerne la Mitsva de la Souka.
La réponse est que cette Mitsva témoigne de la racine profonde d’Israël.
Le Rav explique que lorsque Machia’h viendra (Biméhéra beyamenou) et qu’il distribuera des cartes de citoyen au peuple, il en donnera seulement à celui qui aura accompli la Mitsva de Souka !
Car seule la Mitsva de Souka témoigne de la racine juive, comme le mentionne le Zohar Hakadoch ci-dessus.
Nous comprenons d’autant plus combien nous devons nous efforcer de tout mettre en œuvre pour réaliser cette Mitsva si précieuse ! Ainsi, lorsque l’on achète ou qu’on loue un appartement ou une maison, nous devrons toujours veiller à ce qu’il y ait un espace pour construire la Souka, devant contenir tous les membres de notre famille pour y manger et y dormir, comme nous l’enseigne le Choul’hane Aroukh 639.
Il est important en effet que la Souka puisse abriter les parents et les enfants pour manger ET dormir… car dans le cas contraire, si les enfants sont assis à l’extérieur (‘hass ve chalom), c’est comme si nous les coupions de nos racines. Chacun d’entre nous s’efforcera donc d’être pointilleux et exigeant sur le fait de pouvoir construire une Souka dans la maison qu’il loue ou qu’il achète !
Il nous reste encore à éclaircir une question : pourquoi la Mitsva de Souka est-elle la seule pour laquelle nous sommes désignés en tant que « Ezra’h/citoyen » ?
Il est possible d’expliquer cela grâce aux mots de la Haftara que nous lisons dans le livre de Ze’haryia (14, 19) : « Tel sera le châtiment de l’Égypte et le châtiment de toutes les nations qui ne fêteraient pas les fêtes de Soukot. »
Essayons de comprendre quelle est la faute commise par les non juifs qui ne célèbrent pas la fête de Soukot. Ils n’en ont pas reçu l’ordre, pourquoi seraient-ils punis pour cela ?
Rapportons ce qui nous est enseigné dans la Guémara Avoda Zara 2b.
La Guémara nous dit que dans les temps futurs, les non juifs se plaindront en demandant pourquoi D.ieu n’a-t-Il pas soulevé la montagne au-dessus de leur tête, comme Il l’a fait pour les Bneï Israël, afin qu’ils acceptent la Torah.
Hachem leur répondra alors : “Qu’il en soit ainsi ! “
Il leur dira qu’Il existe une Mitsva simple à accomplir : la Souka… Les non juifs l’accepteront et construiront une Souka. Par la suite Hakadoche Baroukh Hou fera s’abattre sur eux une chaleur intense, qui les fera sortir et abandonner la Souka… en lui donnant un coup de pied !
Ce comportement dévoilera la vraie nature du non juif et notamment, qu’il n’est pas capable de faire preuve de Messirout Nefech pour les lois d’Hachem. Par cet acte ils perdront toute crédibilité en tant que « Juifs potentiels » c’est-à-dire, gardiens des Mitsvot. Mais alors, une nouvelle question se pose : pourquoi avoir choisi, encore une fois, la Mitsva de Souka, pour tester les non juifs ?
Ceci s’explique ainsi : les sept jours de Soukot symbolisent les soixante-dix ans de vie d’un homme, comme il est dit : « la durée de notre vie est de soixante-dix ans… » Tehilim (90, 10)
La Mitsva de Souka vient nous enseigner que nous devons aborder la vie dans ce monde-ci comme une Souka, c’est-à-dire de façon provisoire. Si seulement nous abordions la vie ainsi, conscients de sa précarité, alors notre savoir et nos forces investis ici-bas seraient réservés exclusivement pour le monde futur, qui est la vie éternelle.
Chacun d’entre nous doit donc établir un raisonnement « a fortiori » : si un homme investit dans ce monde-ci, qui est provisoire, huit heures par jour pour satisfaire ses besoins divers ; alors combien doit-il en investir pour le monde futur, qui est éternel ?!
Nous devons être capables d’établir ce raisonnement « a fortiori » pour tous les différents domaines de la vie, dans lesquels nous investissons parfois peut-être trop…
Nous voyons que la Mitsva de Souka, plus que toutes les autres, a cette particularité de pouvoir sans cesse nous motiver pour construire et mériter notre monde futur et devenir un citoyen d’Israël éternel.
La Souka est plus qu’une simple Mitsva, elle est le baromètre de notre Olam Haba.
Le salaire des 4 espèces
Rabénou Bé’hayé nous enseigne, à travers le Midrach Tan’houma, un nouveau regard sur les quatre espèces du Loulav.
Dans Michlei (30, 24) il est écrit : « Il existe sur terre quatre êtres tout petits, et qui sont sages par excellence. »
Le Midrach explique que le début du verset « Il existe sur terre quatre êtres tout petits » désigne les quatre espèces, et la suite « qui sont sages par excellence » signifie que les quatre espèces viennent nous enseigner avec sagesse nos mérites. Le loulav et le étrogue représentent le salaire des mérites du olam hazé et olam haba. Tandis que le hadass et la arava représentent les voies de la Téchouva qui sont la souffrance et l’humilité.
Le étrogue représente le salaire du olam hazé, en effet, de même que le étrogue est un fruit qui reste sur l’arbre d’année en année, il y a des Mitsvot dont l’homme jouit des fruits dans ce monde d’année en année.
Le loulav représente le salaire du olam haba, de même que le loulav est grand par sa taille ainsi sera le salaire du monde futur. Aussi les feuilles du loulav se trouvent-elles l’une au dessus de l’autre, telles des marches d’escalier, de même le olam haba est construit sur différents niveaux.. Et enfin, de même que le loulav n’obtient ses fruits qu’après soixante-dix ans, ainsi nous aussi nous obtiendrons le vrai salaire de nos Mitsvot à la fin de notre vie, comme il est dit « la durée de notre vie est de soixante-dix ans… » Téhilim (90, 10)
Le hadass qui a un goût amer mais un bon parfum, représente le chemin de la Téchouva, qui est en effet parfois long et difficile. Comme le rapporte Rabénou Yona dans le Chaarei Techouva, la faute sera atténuée à la mesure de l’intensité du chagrin qu’elle aura causé, aussi il est écrit « même à présent dit l’Éternel, revenez à Moi de tout votre cœur, avec des jeûnes, des pleurs et des lamentations. » Yoël (2, 12) Mais après tout cela, un parfum merveilleux montera vers le ciel, et les cieux s’en délecteront.
La arava, symbole de l’humilité et de la soumission, est représentée par son lieu de pousse. En effet on remarque qu’elle grandit au bord des rivières ou des cours d’eau à un niveau bas et non pas dans les hautes montagnes.
Après tout cela, nous pouvons expliquer pourquoi nous tenons les trois espèces (Loulav-Hadass-Arava) à droite et le Etrogue à gauche. Ces trois espèces représentent le GRAND et MERVEILLEUX salaire qui nous reviendra dans le monde futur, après avoir emprunté les voies douloureuses de la Téchouva, et s’être soumis entièrement et en toute humilité. Tandis que le Etrogue à gauche, représente le salaire de ce monde-ci.
Comme il est écrit dans le verset ; « elle porte la longévité en sa droite, et en sa gauche la richesse et l’honneur. » Michlei (3, 16)
En effet la longévité désigne le monde futur, alors que la richesse et l’honneur qui sont éphémères représentent le monde ici-bas.
Kohélet
« Celui qui aime l’argent n’est jamais rassasié d’argent… » (5, 9)
Le Rav Dessler Zatsal explique que l’ambition est similaire à la faim, de même que l’affamé désire de la nourriture, l’ambitieux convoite l’objet de son ambition.
Après avoir observé le comportement d’un animal qui a faim, on remarque qu’une fois celui-ci rassasié, il s’arrête de manger, jusqu’à que ce que la faim se réveille à nouveau. Mais chez le porc, il en va tout autrement, il est capable de se goinfrer sans jamais se sentir rassasié.
L’homme souffre du même syndrome que le porc, souligne le Rav Dessler, son amour et sa course à l’argent, constituent en lui une faim perpétuelle, il n’est jamais rassasié !
Seulement voilà, le porc lui, peut assouvir sa faim perpétuelle à chaque instant, à tout moment et en tout lieu, puisqu’il se nourrit de tous les détritus du monde. Sa vie est donc un long fleuve tranquille de plaisir et de bonheur glouton !
Mais pour l’homme, il en va tout autrement, son penchant d’être sans cesse affamé rend l’objet de ses convoitises hors d’atteinte, comme il est dit dans Kohélet Raba (1, 34) : « Personne ne meurt avec la moitié de ses désirs réalisés. » C’est-à-dire que tous les jours de sa vie sont des jours de tristesse de ne pas avoir pu atteindre ses buts et objectifs matériels.
Cette faim et ce désir d’argent sont même bien pire que ce que l’on croit, car ils ne se basent pas uniquement sur les besoins du moment, ils s’étendent aussi sur la crainte du manque à venir.
Les ambitions du désir et des plaisirs se transforment vite en angoisses permanentes :
« Et l’avenir de mes enfants ? Demain aurai-je de quoi manger ? Mes petits enfants, que deviendront-ils ?… » Pour éviter toutes ces angoisses, et prévenir un avenir d’affamé fictif et illusoire, l’homme va trimer, et se donner corps et âme à son travail, il veut prévenir tout risque !
Mais cette prévoyance lui rend le goût de la vie amer, elle l’empêche en effet de vivre l’instant présent et de profiter de ce qu’il possède déjà pour combler ses besoins du moment.
L’homme est saisi d’une faim épouvantable, il ne sera jamais heureux ni satisfait. Car nos Sages nous enseignent que celui qui a 100 veut 200, que celui qui a 200 veut 400, et ainsi de suite… son envie et ses plaisirs ne sont et ne seront jamais assouvis.
Aussi Chlomo Hamélekh nous dit : « Quel profit l’homme retire-t-il de toute la peine qu’il se donne sous le soleil ? » Kohélet (1, 3)
C’est-à-dire que de toute la peine qu’il investit pour parvenir à satisfaire ses ambitions de richesse et besoins matériels, l’homme n’en retire aucun profit. Par contre, lorsqu’il s’investit et qu’il peine pour prendre soin de son âme, alors le profit sera éternel. En effet, Celui vers qui tous les efforts doivent converger, c’est Hachem. Lui, Qui nous a confié une Néchama cent pour cent spirituelle, nous donne aussi pour objectif de la conserver dans son élément naturel, sinon elle suffoquera et nous abandonnera pour retrouver son Créateur.
L’âme ne trouve aucune plénitude avec les plaisirs de ce monde. A ce propos, le Messilat Yecharim rapporte le Midrach Kohélet (6, 7) qui fait la comparaison suivante :
Un citadin a épousé une princesse.
Même s’il lui offre tous les trésors du monde, ils seront sans valeur à ses yeux, car c’est la fille du Roi. (Tous les cadeaux d’un homme simple ne pourront jamais satisfaire une fille de Roi.)
Il en est ainsi de l’âme, même si on lui offre tous les plaisirs du monde, ils ne lui procureront aucun bonheur parce qu’elle provient du Monde Supérieur.
En conclusion, le but de notre existence dans ce monde est l’accomplissement des Mitsvot et la Avodat Hachem. Les plaisirs de ce monde n’étant là qu’afin de nous aider et nous soutenir pour nous consacrer de tout notre cœur à ce Service.
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