« Et toi tu ordonneras aux Bneï Israël qu’ils prennent vers toi une huile pure d’olives concassées pour le luminaire, pour faire monter une lumière perpétuelle. » Chémot (27 ; 20)
Rachi nous explique que « l’huile d’olives concassées » provient d’olives pilées dans un mortier, sans les presser sous la meule, afin qu’il n’y ait pas d’impuretés. Ce n’est qu’après l’extraction de la première goutte qu’on les introduisait sous la meule. L’huile obtenue sous la seconde pression était impropre pour la Ménora mais utilisable pour les Ménakhot, comme cela est enseigné dans le traité Ménakhot1 : « concassée pour le luminaire et non concassée pour les Ménakhot.»
Le Midrach Tanh’ouma nous fait remarquer, à propos de cet enseignement de la Guémara2 , que l’habitude des gens est d’utiliser la bonne huile pour la cuisine et l’huile de moins bonne qualité pour l’allumage des bougies. Or, dans le Beth Hamikdach, c’était exactement le contraire, la bonne huile était réservée pour l’allumage et la moins bonne pour les Ménakhot.
Ce qui signifie que pour un Juif, c’est l’esprit qui doit primer, le côté spirituel, dont le symbole est la lumière. Ce qui est totalement inversé dans le monde occidental et non Juif en général, où la matérialité est au premier rang.
La Ménora qui est source de lumière représente donc le spirituel et les Ménakhot, constituées de nourriture, le matériel ; la Torah nous dévoile ici qu’il est un devoir de privilégier le spirituel par rapport au matériel.
La vie est ce combat qui oppose la Lumière de la Torah à l’obscurité de la matière : l’âme au corps.
Rabbi Yaacov dit : « Ce monde n’est que le couloir du Monde Futur. Prépare-toi dans le couloir, pour que tu puisses entrer dans le Palais. »3
Le ‘Hafets ‘Haïm nous enseigne sur cette Michna, que c’est comme un propriétaire d’un terrain qui souhaiterait édifier un palais et ferait appel à un architecte compétent pour prendre conseil. L’architecte lui expliquera que le terrain qu’il possède ne pourra contenir et un grand salon et un grand couloir. Il lui expliquera que réduire le salon n’est pas la meilleure solution puisqu’il s’agit d’un espace privilégié de la maison, tandis que le couloir n’est qu’une voie de passage.
Sur son conseil, le propriétaire commencera donc par construire le salon, puis les chambres et enfin le couloir avec ce qui restera.
Cette parabole signifie que durant notre vie ici-bas, nous devons d’abord et avant tout édifier un palais pour notre âme, cette vie n’étant que le couloir du Monde Futur.
Chacun a eu l’occasion de constater, lors de l’organisation d’une Bar-mitsva ou d’un mariage, combien les principaux acteurs sont exigeants et pointilleux en ce qui concerne le traiteur, comme ils dépensent des sommes folles pour prendre l’orchestre le plus en vogue, et les vêtements les plus chics…
Pourtant bien souvent, en ce qui concerne les Téfiline, le Talith, ou les Mézouzot de la nouvelle demeure, ils chercheront les moins chers.
Tant d’efforts pour le regard des gens !
L’intention n’est pas pure, et la cible est donc manquée !
En effet Celui vers qui tous les efforts doivent converger, c’est Hachem. Lui Qui nous a confié une Néchama cent pour cent spirituelle, notre but doit être de la conserver dans son élément naturel, sinon elle suffoquera et nous abandonnera pour retrouver son Créateur. L’âme ne trouve aucune plénitude avec les plaisirs de ce monde.
A ce propos, le Messilat Yécharim rapporte un Midrach qui fait la comparaison suivante :
Un citadin a épousé une princesse. Même s’il lui offre tous les trésors du monde, ils seront sans valeur à ses yeux, car c’est la fille du Roi. (Tous les cadeaux d’un homme simple ne pourront jamais satisfaire une fille de Roi.)
Il en est ainsi de l’âme, même si on lui offre tous les plaisirs du monde, ils ne lui procurent aucun bonheur parce qu’elle provient du monde supérieur.
Tout le challenge de cette vie où le corps nous attire tellement vers la satisfaction de ses plaisirs est donc d’accomplir le plus de Mitsvot possibles afin de lui faire contrepoids. Sans cela, sans les ordres de la Torah si parfaite que Hachem nous a donnée, justement parce qu’Il nous connaît et connaît les tentations du corps, nous sombrerions totalement dans la matérialité la plus vile. C’est d’ailleurs ce qui se produisit à de nombreuses funestes périodes de l’Histoire de l’humanité : le Déluge, Sodome et Gomorrhe, etc…
Notre verset nous indique donc où placer l’essentiel. A ce propos l’un des Pirkei Avot4 nous dit ceci : « Exécute Sa volonté comme la tienne. »
Rabbénou Ovadia MiBartenora l’explique ainsi : « Dépense ton argent pour les questions spirituelles à ta guise, comme s’il s’agissait de dépenses concernant tes besoins personnels. Si tu agis ainsi, D.ieu accomplira ta volonté comme si c’était la Sienne propre, c’est-à-dire qu’Il t’accordera autant de bienfaits que tu le souhaites et en abondance. »
Rav Mordekhai BISMUTH
1Ménakhot 86a
2Ménakhot 86a
3Avot (4 ; 16)
4Pirkeï Avot (2 ; 4)
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