Dans notre paracha est décrit avec beaucoup de précisions le phénomène extraordinaire des plaies d’Egypte. On le sait, pour faire accepter à Pharaon la libération de notre peuple, Hachem dévoila une infime partie de sa puissance. Moché, son fidèle serviteur, se présentera au Pharaon et il le préviendra de l’imminence du cataclysme. Le scénario se reproduira plus d’une fois ! Pour chacune des plaies, l’Egypte sera avertie, puis la plaie s’abattra sans pitié, pendant une semaine, suivi d’une accalmie jusqu’à la prochaine… Ce film d’horreur durera près d’une année car l’être humain a une certaine difficulté à accepter la vérité, jusqu’au moment où le roi le plus puissant du monde et le plus imbu de sa personne acceptera la sortie du peuple hébreu vers la liberté. Pourquoi Hachem n’a pas tout réglé en une seule plaie, par exemple la plus terrible: celle de la mort des premiers nés égyptiens, afin d’arriver à son but ? La réponse la plus simple, c’est que D’ est intéressé à montrer au peuple juif et au reste du monde, pour ceux qui ont encore une oreille à l’écoute, Sa force et l’omnipotence de Son pouvoir. En effet, qui peut de par le monde créer des boules de grêles constituées en leur centre par du feu pour la plaie de la grêle ? Ou encore, qui peut faire venir des myriades de sauterelles qui vont dévorer toutes les récoltes et s’arrêter précisément à la frontière de Goshen là où résidait le peuple juif ? Est-ce que les sauterelles possèdent un Ways leur indiquant la route à suivre et la limite des frontières égyptiennes ? N’est-ce pas le Saint béni soit-Il, le Roi des rois ?! Et consécutivement à ces fléaux, Pharaon baissera les bras et acceptera le départ de sa force de travail, le peuple juif. D’autre part, ces terribles plaies sont la base de notre foi en un D’ Qui agit dans ce monde et dans le cours de l’histoire. La sortie d ‘Egypte est l’apprentissage pour notre peuple de la croyance et la foi en un D’ Qui exerce Ses pouvoirs sur terre lorsqu’Il a de bonnes raisons de le faire. Cette libération est pour le croyant ce qu’est l’approvisionnement de notre compte en banque pour notre carte bleu… Car la foi des hommes religieux n’est pas du domaine intellectuel mais c’est avant tout un devoir du cœur et des actions. Et lorsqu’Hachem a déchaîné des événements naturels avec une précision qui laisse pantois les chercheurs de la Nasa, c’est aussi un message pour les générations à venir, et cela inclut la nôtre : « Mes chéris le peuple du Livre, n’ayez pas peur ni du Covid 19, ni de l’Iran ni même de votre supérieur au bureau car JE peux tout faire et agir de la même manière que Je l’ai fait en Egypte. »
Lors de la plaie des grenouilles, ces rois des marécages ont pullulé sur la terre jusqu’à pénétrer dans les villes et les villages d’Egypte. Elles ont rempli les maisons des égyptiens jusqu’à pénétrer dans le salon, la cuisine, la chambre à coucher. Pire encore, les égyptiens revenant de leur travail voulaient prendre leur café au lait tranquillement face à leur IPhone pour savoir s’il fallait se faire AUSSI, tant qu’à faire, vacciner contre ces horribles mammifères à quatre pattes et, alors, un méchant batracien se jetait dans sa tasse bouillante et éclaboussait le « pauvre égyptien » et dans le même temps mettait hors d’usage son portable. Terrible ! Le bruit, la frayeur et dégoût était insupportable ! Semble -t-il que les Egyptiens n’étaient pas des fins amateurs des cuisses de grenouilles surgelées comme le sont les habitants de la douce France. La situation ne s’améliorait guère, Pharaon demanda à Moché de venir intercéder devant Hachem afin que s’arrête ce film d’horreur propre aux années 80… Le verset dira : » Moché a hurlé à D’ afin que cessent les grenouilles » (Chemoth 8.8).
Les commentaires, cette fois sérieusement, demandent pourquoi Moché a eu besoin de CRIER vers D’ pour faire cesser cette plaie, alors que pour toutes les autres plaies il est notifié que Moché priait (Vayé’ater) ? Pour quelle bonne raison Moché a dû élever le ton de sa voix ? Le commentaire sur Rachi (Sifté ‘Hakhamim) explique à partir d’une Halakha qu’un homme dans sa prière doit entendre le son de sa voix. Or dans le vacarme des grenouilles il fallait crier POUR QUE LE SON DE la voix de Moché arrive à ses oreilles. Et la Guemara explique que pour le Kiriat Chema’ on doit aussi entendre le son de sa voix comme toutes les Mitsvoth liées avec la parole. Donc, puisque le Quoi-Quoi-Quoi des grenouilles était infernal, Moché devait CRIER vers Hachem !
Une autre réponse est donnée par le Sforno à partir d’une Guemara dans Sanhédrin 64. Il est enseigné qu’à une époque lointaine, les Sages, de mémoire bénie, ont prié D’ afin d’annuler le mauvais penchant portant à la débauche. Dans sa grande miséricorde Hachem a écouté cette demande des Sages. Cependant la Guemara enseigne que du jour au lendemain les poules n’ont plus donné des œufs et les femmes mariées n’enfantaient plus : terrible ! Les Sages reformulèrent leurs prières en demandant que le mauvais penchant qui pousse vers la faute soit annulé tandis que D’ laisse au reste de la création le pouvoir de croître. Réponse de la Guemara : quand Hachem donne une chose, Il le fait entièrement et pas à moitié ! Donc puisque la création doit perdurer, le mauvais penchant du Yétser ne pourra pas être retiré et les réseaux sociaux continueront – dommage ! Mais revenons à nos batraciens. Le Sforno explique que Moché n’a pas demandé de retirer entièrement les grenouilles du royaume égyptien puisqu’il devait en rester dans les marécages du Nil. Donc puisqu’il s’agissait d’une demande inhabituelle d’enlever à moitié les grenouilles ; il a fallu une prière spéciale et donc Moché a eu besoin d’élever le ton de sa voix, c’est-à-dire faire une prière inhabituelle !
Mieux encore que les grands érudits…
Cette semaine la paracha parle des plaies et de Moché Rabénou: le fidèle émissaire du Tout Puissant. De nos jours on peut aussi être des petits Moché Rébénou sans pour autant avoir besoin de faire de grands miracles. Il s’agit d’un jeune Bakhour Yechiva en terre sainte. Ce garçon s’accroche à l’étude mais le niveau est soutenu dans les Yechivoth. Peut-être que mes lecteurs ne le savent pas, mais dans une bonne partie des Yechivoth de tendance lituanienne l’étude est fixée sur le Talmud durant 80 % du temps. Si pour le jeune la Guemara ce n’est pas son fort, « bonjour les dégâts… » Or, ce jeune a de grosses difficultés dans les dédales de l’étude de la Tora orale, notre jeune manque d’esprit d’analyse pour l’étude des saints textes. En un mot l’étude est lourde. Cependant, ce jeune à une flèche à son arc : il a une grande volonté. Il ne voulait pour rien au monde,et en aucune façon abandonner l’étude de la Tora. Coûte que coûte, il s’accrochera ! Les années passèrent, depuis la Yechiva ketana puis la Yechiva Guedola. Il y avait un grand écart entre son niveau et celui du reste des élèves. Malgré tout, il avait de nombreux amis, et ne lâcha pas prise, lui aussi voulant devenir un érudit en Tora et écrire des cahiers de ‘Hidouché Tora (nouveautés). Le Roch Yechiva et le Machguia’h de la Yechiva remarquèrent ses efforts. Le Machguia’h (responsable spirituel) donnera un conseil à ce jeune : qu’il consacre ses efforts sur un chapitre d’un traité du Talmud (‘Elou Metsioth) et ainsi, grâce à son assiduité, Hachem lui ouvrira son esprit sur le reste des traités. Donc notre jeune se lancera corps et âme dans l’étude approfondie de ce chapitre. Petit à petit, ses efforts porteront leurs fruits puisqu’il aura dorénavant du plaisir dans son étude. Il écrira et comprendra comme le reste de sa Yechiva. Cependant le temps passait, beaucoup de ses amis d’étude avaient déjà fondé des familles. Même certains avaient déjà des enfants qu’ils envoyaient dans les gan – jardin d’enfants, tandis que notre garçon restait sur le banc de la Yechiva et personne ne s’occupait de lui. Une fois, il se rendit à un énième mariage d’un plus jeune élève de la Yechiva. Dans la salle, il devait rencontrer un Chadkhan (marieur) qui avait été mis en contact par un autre élève pour essayer de trouver une solution pour lui. Notre garçon prit son courage à deux mains et se dirigea vers cet entremetteur. Ce dernier était assis au fond de la salle et il attendait sa venue. Notre élève un peu pantois ce présenta à cet homme et ce dernier dira d’un ton des plus antipathiques : « Oui, oui on m’a déjà prévenu de ton cas… » Puis il lui demanda : « Qu’étudies-tu ? Le jeune lui dira « Elou Metsioth… ». L’entremetteur éclata de rire. Il faut savoir que ce chapitre est étudié dans les petites classes des écoles d’une manière très superficielle. Ce rire moqueur le blessa profondément. Notre jeune n’avait plus les forces pour continuer la discussion et prit la poudre d’escampette, et il sortit rapidement de la salle de mariage. Cette rencontre et surtout le ton sarcastique, c’était comme un couteau enfoncé profondément dans son cœur. Cette fois, c’était fini de la Yechiva. Il resta cloîtré chez lui et déclina l’offre de ses amis de la Yechiva de venir le rencontrer… Sa vie n’avait plus aucun sens… Le Machguia’h vint chez lui , pour essayer de le réconforter. Mais rien n’y faisait. Le rav lui proposa alors d’aller voir le Steipler, le rav Ya’akov Israel Kaniévski zatsal père du rav ‘Haim Kaniévski chlita. Il accepta et le Machguia’h expliqua au rav les difficultés de son élève et aussi sa grande force employée pour surmonter ses lacunes depuis sa petite enfance jusqu’à ce jour et enfin le dernier malheureux épisode. Le Steipler demanda alors au Machguia’h de le laisser seul avec le garçon. Le jeune, tout renfermé, fit un pas en direction du géant en Tora tandis que le Machgia’h s’éclipsa. La porte de la pièce resta légèrement entrouverte ce qui permit au Machguia’h d’écouter les paroles du rav. Le Steipeler prit les mains du jeune Bakhour Yechiva et lui dit : » Je t ‘assure que le Maitre du monde, lorsque tu étudies ton chapitre « Elou Metsiot’ abandonne l’étude qu’il fait du ‘Kehiloth Ya’akov » et du « Avi Ezri » (ce sont deux monuments écrit le premier par le Steipler, tandis que le Avi Ezri est écrit par le rav Chah zatsal), et Hachem vient écouter TON ETUDE ! Quand Tu ouvres ta Guemara et que tu étudies avec toutes tes difficultés, ta Tora est plus importante que les cours magistraux des grands Roch Yechivoth ! Quand tu étudies la Tora, tu es aussi et même plus important que tous les autres érudits en Tora ! Il n’existe pas de plus grande chose aux yeux saints d’Hachem que l’étude de la Tora avec le cœur brisé, la difficulté du moment et de surmonter les épreuves ! » Notre Bakhour sorti de la maison de ce géant en Tora complètement transformé ! Il venait de réaliser en peu de temps que son étude, même si elle n’atteint pas les summums des meilleurs Bakhouré Yechiva est IMPORTANTE et même encore plus vis-à-vis de D’ ! Aujourd’hui notre jeune est devenu un homme accompli avec une belle famille dans la Tora. Fin de l’anecdote. Et pour nous, c’est de savoir que même si pour certains la vie n’est pas un pique-nique… seulement ce qui pourra donner des forces, c’est de connaitre sa vraie valeur. Et c’est Hachem qui donne les véritables échelles des choses de la vie.
Coin Halakha: Il existe un principe dans l’application de toutes les Mitsvoth : on doit avoir l’intention de se rendre quitte de la Mitsva. Donc lorsque je lis le Chema’ Israel le soir ou matin je dois penser faire la Mitsva, l’ordre de D’ de lire ces paragraphes. Si par contre, je lis le Chema’ avec une autre intention, par exemple afin que mon fils connaisse la manière de faire : je ne serais pas quitte.
Le Michna Beroura rapporte le ‘Haï Adam : il enseigne que lorsque l’on fait le Chema’ au cours de la prière, accompagné des bénédictions d’usages, il existe une présomption que ces paragraphes sont dits pour la mitsva et on sera quitte, même sans pensée particulière. (Siman 60.4).
Chabath Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut
Rav David Gold
Et toujours une très belle Méguila de Pourim est proposée aux lecteurs merci de me contacter en Israël : (00 972) 055 677 8747
More Stories
Wort sur la Paracha de Vayéra
Vayéra: Détecteur de Mitsva
Vayéra: Mieux que la Rolex…