15 novembre 2024

Vaye’hi: EN PLEIN DANS LE MILE

« et moi je t’ai donné une part sur tes frères, que j’ai prise de la main du Emori, par mon épée et par mon arc. » (Beréchit 48;22)

Après que Yaacov bénit son fils Yossef, il lui donne une part supplémentaire dans l’héritage d’Israël.  C’est la ville de Chekhem/Naplouse qu’il lui donne en récompense d’être enterré en Israël et non en Egypte. Yaacov dira alors qu’il a conquis cette ville(Chekhem) à l’aide de son glaive et de son arc. Les sages dans la Guémara Baba Batra (146) ainsi que le Targoum Onquelos traduisent étonnamment  ce passage que c’est par le biais de la prière (traduction de glaive) et de la supplique (arc) que Yaacov a dominé la ville de Chekhem. Quel rapport existe-t-il entre la Téfila et l’épée?

Le Rav de Brisk (le Griz) explique la différence entre le glaive et l’arc : le premier est tranchant des deux côtés et avec peu de force on arrive à ses fins destructrices, tandis que l’arc n’est dangereux que si on tend de toutes ses forces la corde. De plus, on a besoin d’une grande précision pour atteindre sa cible. Lorsque le Targoum a traduit dans notre verset le glaive par la prière et l’arc par la supplique, le Griz explique que c’est précisément l’image de notre Téfila qui est donnée! Comme ce sont les derniers prophètes du Sanhédrin qui ont institué notre Téfila: il suffira d’un peu de concentration dans les trois premières bénédictions pour qu’elle soit acceptée par Hachem. Tandis que la supplique comme c’est une prière personnelle nécessitera beaucoup plus de ferveur pour être acceptée. La preuve, c’est la Guemara qui dit que s’il y a un malade dans sa maison, ses proches doivent aller voir le Sage pour qu’il prie pour lui. Puisqu’il s’agit d’une demande particulière, on aura besoin de l’aide d’une personne élevée spirituellement pour que notre prière soit acceptée.

La Providence Divine n’oublie personne

Il s’agit de la vie d’un rescapé de la Choah qui du fait de toutes les atrocités qu’il a vécues décide lui et sa femme, de couper tout lien avec le judaïsme (jusqu’à changer de nom de famille!) et de s’installer très loin de toute communauté. Ils élèveront trois enfants dans l’absence totale du judaïsme! Cependant à l’approche de l’anniversaire des 13 ans de leur grand fils, le père lui promet de lui acheter tout ce qu’il désire (réminiscence de la cérémonie de la Bar Mitsva). On voit donc fils et père déambuler dans les grands magasins de la ville à la recherche d’un cadeau.  Cependant le fils n’y trouve rien d’intéressant jusqu’à ce que leurs pas les amènent à rentrer dans une boutique de …judaïca car l’enfant voit en vitrine un objet qui lui attire le regard! (On vous rappelle, le fils n’est pas au courant de ses racines juives!) En fait il s’agit d’une veille “antiquité”: une ‘Hanoukia faite en bois. Le fils dira à son père: “Je veux cette lampe! » Le père qui connait la signification profonde de cet objet l’en dissuade, mais peine perdue, l’enfant le veut à tout prix! Seulement le vendeur est aussi réticent à la vendre, car c’est un souvenir d’un camp d’extermination de Pologne. En effet, cette Hanoukia est un assemblage de morceaux de bois qui a été fabriqué durant la guerre par de pauvres juifs avant leur extermination!  Malgré tout, le fils ne renonce pas et le père finalement proposera une belle somme et acquerra l’objet tant désiré…

De retour à la maison et quelque temps après avoir fêté le “Happy birth day” de la Bar Mitsva manquée, le jeune jouait avec sa Hanoukia (car il n’avait aucune idée de la signification de cette lampe) et…patatras, elle tombe et se fragmente en de nombreux morceaux! Le père qui était par hasard présent commence à aider son jeune fils à la reconstituer. Seulement lors des manipulations, il remarque un bout de papier dans l’interstice d’un des éléments. Il prend le papier et commence à le lire, puis d’un seul coup éclate en sanglots et s’évanouit!! De nouveau le père reprend ses esprits, mais une nouvelle fois s’évanouit. C’est alors que la famille appelle le SAMU à la rescousse. L’infirmier arrive et réussi à le réanimer, c’est alors que le père s’explique: « sur ce papier est écrit que l’artisan de cette Hanoukia l’a construite au péril de sa vie dans un des Ghettos polonais. Le danger était constant et il ne savait pas si lui-même survivra à chaque jour de l’allumage!  Seulement il conclut en implorant que tout celui qui découvrira cette Hanoukia: qu’il l’allume en souvenir de toute sa famille morte en sanctifiant le Nom d’Hachem! Et qu’il prie aussi pour leurs âmes… Signé untel qui n’est autre que son propre… PÈRE !!! Après cette secousse tellurique, le père du Bar Mitsva raté, opèrera de grands changements: décidera de déménager auprès d’une communauté juive et progressivement redécouvrira la Thora oubliée de ses parents. Aujourd’hui il fait partie des familles respectant la Thora et les Mitzvots ! Fin de l’histoire véridique.

De là on pourra conclure que chaque effort dans la Thora, même aux portes de la mort, n’est jamais perdu ! « Eïn yéouch baôlam klall ! » (tiré  du livre Emouna Chéléma).