Notre Paracha traite du retour de notre Saint Patriarche Jacob avec sa famille en Terre Sainte. Cependant en chemin, il fera une mauvaise rencontre avec son frère jumeau Essav. En effet, la retrouvaille aurait dû être sanglante puisqu’Essav venait avec 400 hommes prêts à anéantir son campement. Mais, comme on le sait, Hachem ne laissera pas le Tsadiq sans défense et pour s’y préparer, Jacob fera trois choses : il enverra des présents, priera et enfin se préparera à la guerre (Rachi 32.9). L’attitude de notre Patriarche sera une source d’inspiration pour la communauté dans les générations à venir. Que si au grand jamais, l’animosité de l’occident refaisait surface, la communauté saura toujours utilisé les dons et la prière pour juguler, dans la plupart des cas, le danger.
Jacob dira dans une courte prière :”Hachem, sauve-moi de mon frère, sauve-moi d’Essav !”. Rachi rapporte un court commentaire sur la redondance des expressions : “mon frère… Essav…” cela vient mettre l’accent sur le fait qu’Essav ne se comporte pas comme un frère, plein de miséricorde et de compatissance, mais comme un véritable ennemi.
Le Saint Zohar (Vaychlah 169) vient nous apprendre plus encore, un principe qui touche au monde de la prière. En effet, lorsqu’un homme sollicite la grâce Divine, il doit exprimer sa demande de la manière la plus exhaustive possible. De plus, il devra employer un langage approprié. Donc Jacob a désigné “Essav… mon frère” afin de ne pas confondre avec un autre quidam qui pourrait habiter le fin fond du Texas (qui s’appellerait aussi Essav)…
De là, on aura compris qu’il faut être précis dans sa prière, comme par exemple : “S’Il te plait, Hachem fait en sorte que mon patron m’augmente ce mois de 37% afin de rembourser mes différents PV et ainsi finir mon crédit que j’ai pris il y a 22 ans pour ma maison…”.
Le Rav Aaron Harrar de Bné Braq pose une question. La Guémara dans Bérahot 34 enseigne “Celui qui demande la grâce pour son ami dans sa prière n’a pas besoin de mentionner son identité “comme on le voit avec Moshé Rabénou qui, lorsqu’il demandera la guérison de sa Sainte sœur Myriam dira :”Je t’en prie Hachem “guérit là, guérit la !”. Or, Moshé n’a pas mentionné le nom de sa sœur. Un commentaire sur ce court passage, le Yabets, explique que pour D.ieu tout est connu et dévoilé car Hachem connait parfaitement l’identité du malade (ce commentaire ne tient pas compte du passage du Zohar).
Seulement au niveau de la Hahala’ha les grands décisionnaires n’ont pas retenu cette dernière explication (du Yabets). Le Maguen Avraham (Or Hahaim 119.1) explique que Moshé n’a pas eu besoin de nommer sa sœur car à ce moment elle se tenait devant lui. Lorsque l’on prie en face de la personne, par exemple devant un malade, on n’aura pas besoin de mentionner son nom mais dans le cas contraire, on devra mentionner son nom (untel fils d’une telle…).
Mieux encore, le Hatham Soffer écrit (dans ses Hidouchims sur Nedarims 40) un grand Hidouch (nouveauté). Au nom des Kabbalistes, il enseigne que lorsqu’on évoque le nom d’une personne dans sa prière cela peut éveiller, un tant soit peu, la rigueur de la justice Divine. (Peut-être que le simple fait de mentionner le nom d’une personne devant Hachem c’est le présenter devant les mondes supérieurs. Obligatoirement son cas sera examiné, des cieux, scrupuleusement…). Donc c’est peut-être une autre raison pour laquelle Jacob a mentionné, “Essav, mon frère”. Puisque Jacob se préparait à la guerre contre Essav, qui lui voulait tant de mal, il a évoqué son nom dans sa prière afin de l’affaiblir.
Rav David Gold
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