« Essav devint un homme sachant chasser, un homme des champs. » (Beréchit 25, 27) Soulignant la répétition du terme « homme », l’auteur du Min’hat Elazar explique qu’Essav était une personnalité double : il semblait parfois craindre D.ieu et être méticuleux dans l’observance des mitsvot, et parfois avait l’air d’un tout autre homme, quand il sortait dans les champs. Par contre, Yaakov était un homme entier, se conduisant toujours de la même manière, « un homme intègre, assis sous les tentes ».
« Et maintenant, mon fils, obéis à ma voix à propos de ce que je t’ordonne. Va je te prie … afin qu’il te bénisse avant sa mort. » Yaakov dit à Rivka sa mère: « … Peut-être mon père me tâtera-t-il et je serai à ses yeux tel un imposteur et j’amènerai sur moi la malédiction et non la bénédiction»
Sa mère lui dit : « [Je prends] sur moi ta malédiction, mon fils ; seulement écoute ma voix …» (27,8-13)
Comment comprendre que Yaakov se trouva rassuré en sachant que les malédictions iraient chez sa mère ? Le Gaon de Vilna explique que le terme עלי (sur moi) se compose en fait des initiales des trois mots : Essav- עשו ,Lavan-לבן et Yossef-יוסף .
C’est que «ta malédiction» et tes souffrances viendront uniquement de ces trois personnages et non pas de ton père. Il est donc sûr que ton père ne te maudira pas. D’ailleurs, c’est pourquoi, quand plus tard, Yaakov fut confronté à l’épreuve de devoir laisser son fils Binyamin descendre en Égypte avec ses frères, il dit : « Sur moi (עלי)tout cela est advenu » (Mikets 42,36). Par cela, il voulait faire allusion au fait qu’il avait déjà traversé les trois épreuves de : Essav, Lavan et Yossef, qui sont en allusion dans le terme עלי) sur moi) et que sa mère lui a prédit. Ainsi, il se dit : comment pourrait-il m’arriver un autre malheur, par la perte de Binyamin, chose qui n’a pas été prédite ?
«Les enfants s’agitèrent en son sein » (25,22)
Selon Rachi : Ils se heurtaient l’un contre l’autre, se disputant l’héritage des deux mondes. On pourrait penser que Yaakov voulait le monde à venir, et Essav ce monde-ci. Mais ce n’est pas le cas. Le Chem miChmouël explique, qu’en réalité, chacun voulait les deux mondes, et que l’unique différence réside dans lequel donner sa préférence. Pour Yaakov, l’essentiel est la poursuite du monde futur, tandis que pour Essav le principal est la recherche des plaisirs de ce monde temporaire. Le Midrach (Béréchit 63,10) rapporte que Essav demandait à son père comment prélever la dîme sur le sel et la paille, afin de tromper son père et de créer une impression qu’il était méticuleux dans l’observance des Mitsvot. Le Chem miChmouël dit qu’on peut y apprendre un message plus profond. Essav prenait quelque chose de secondaire (la paille, le sel) et en faisant quelque chose de principal, sur lequel on doit prélever la dîme. La paille est accessoire au blé qu’elle protège, et le sel ne vient qu’après la nourriture pour la relever ou la préserver. On sait que le yétser ara a pour objectif de créer en nous des doutes, faisant un grand mélange entre nos priorités. Il veut qu’à nos yeux l’accessoire devienne l’essentiel, afin que notre vie soit au final la plus vide possible.
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