« Yaakov envoya des messagers en avant, vers Essav son frère, au pays de Séir, dans la campagne d’Edom. » (Béréchit 32, 4)
Pourquoi Yaakov envoya-t-il des messagers à Essav pour l’apaiser au sujetdu détournement des bénédictions et du droit d’aînesse ? Ces événements dataient de trente-quatre ans plus tôt – le patriarche était resté quatorze ans à la Yéchiva de Chem et Ever et vingt dans le foyer de Lavan – et, entretemps, la colère de son frère s’était peut-être apaisée.
L’auteur de l’ouvrage Pdé Nafchi explique que Yaakov détenait un signe lui indiquant qu’Essav avait encore des griefs contre lui. Son frère possédait deux terres qu’il avait nommées d’après ces épisodes douloureux : Séir, en rappel au vêtement poilu porté par Yaakov pour se faire passer pour lui devant son père, et Edom, en écho au plat de lentilles, de couleur rouge, qu’il lui a vendu contre le droit d’aînesse. Notre verset précise « au pays de Séir, dans la campagne d’Edom », afin de souligner ce qui poussa Yaakov à dépêcher des envoyés vers Essav : son animosité encore persistante à son égard.
“ce sont les enfants dont Elokim a gratifié ton serviteur ” (33;5)
Le ‘Hafets ‘Haïm explique que, lors des retrouvailles de Yaakov avec Essav, notre patriarche alla à la rencontre de son frère accompagné de ses femmes et de ses enfants. En les voyant, Essav dit «מִי אֵלֶּה לָּךְ /Que sont ceux-là pour toi ? », c’est-à-dire, comment as-tu fait pour avoir de tels enfants ?
Essav n’avait pas l’habitude de voir des enfants si bien éduqués au comportement noble et respectueux.
Yaacov lui répondit : « וַיֹּאמַר הַיְלָדִים אֲשֶׁר חָנַן אֱלֹהִים אֶת עַבְדֶּךָ/ce sont les enfants dont Elokim a gratifié ton serviteur » Le terme « חָנַן /gratifié » forme les initiales des mots :
« ח» ‘Halla-חַלָּה, prélèvement sur les pâtes à pain (ou à gâteau).
«נ » Nida-נִּדָּה, respect des règles de pureté familiale.
« נ» Nérot-נֶרוֹת, allumage des bougies du Chabbat et des jours de fêtes.
Yaacov voulait faire comprendre à Essav que voilà les enfants d’un foyer juif respectueux des lois de la Torah et nés de femmes pudiques.
« Essav dit : « J’ai beaucoup ». (33,9)
Alors que Yaakov dit : « J’ai tout », Essav ne dit jamais qu’il a « tout. Tout ce qu’il possède n’est jamais assez et il désire toujours davantage : « Celui qui a une mesure en veut deux ». Yaakov, quant à lui, est satisfait de son sort : ce qu’il a, c’est déjà « tout » et il ne désire pas davantage. (Rachi :c’est beaucoup plus que ce dont j’ai besoin.). Dans le même sens, le Rav Eliyahou Lopian avait l’habitude d’expliquer au nom du Hafets Haïm, les paroles du roi David : « … ceux qui cherchent D. ne manqueront jamais de ce qui est bon. » (Téhilim 34,11). Comment cela se peut-il ? Ne voyons-nous pas souvent des êtres vertueux souffrant de la faim et de nombreux tourments ? La réponse est : tout est affaire d’attitude, acceptant leur lot sans récrimination ni plainte, ces gens ne sentent aucun manque. A ceux qui cherchent véritablement D., rien ne fait défaut. (Mayana chel Torah – Talelei Oroth)
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